Conditions d’accès
Classement
La série se décompose au niveau des archives centrales en trois grands ensembles, reflets de la situation politique complexe et des trois gouvernements qui ont fonctionné soit simultanément soit successivement. Ce sont :
- Les organismes militaires du Gouvernement de Vichy (sous séries 1P à 3P),
- Ceux qui furent établis par le général de Gaulle à Londres (sous série 4P),
- Les organismes mis en place en Afrique du Nord depuis le débarquement de novembre 1942, profondément remaniés après l'arrivée du général de Gaulle et la constitution du gouvernement provisoire et qui furent transférés à Paris à la suite de la Libération (sous séries 5P à 8P).
Les archives des régions militaires (sous série 9P) et celles des unités (sous séries 10P à 12P), classées par ordre de numéro sans tenir compte de leur appartenance à l'un ou à l'autre bloc, forment la deuxième partie de ce fonds.
Enfin, les archives dites de la Résistance (sous-série 13P) qui représentent en fait une série factice de documentation constituée après guerre lorsqu'il fallut étudier l'assimilation des réseaux à des unités combattantes apportent un complément non négligeable à l'ensemble du fonds.
Par ailleurs le bureau Résistance de la direction des personnels de l'armée de terre (D.P.M.A.T.) a centralisé les témoignages des anciens des réseaux et conserve encore, à côté de dossiers individuels, un fonds d'ordre opérationnel qui prendra place à la suite de la série 13P.
I - LES ARCHIVES DU GOUVERNEMENT DE VICHY
Elles ont été classées en trois sous-séries qui représentent trois niveaux de décision :
1P Le niveau Défense Nationale en métropole et en Afrique du Nord
2P Le cabinet du Secrétariat d'Etat à la Guerre
3P L'E.M.A. et les organismes subordonnés.
Inventaire
Archives de la Guerre (1940-1946) Seconde Guerre Mondiale: Tome 1: Vichy, Londres, Alger, Paris; Administrations centrales, missions de liaison auprès des Alliés, régions militaires
Dates
1931-1973Présentation du contenu
La première grande réorganisation de l'armée d'après guerre, en février 1946, a été choisie comme terme de cette période de préférence à l'établissement de la Quatrième République qui ne marque aucune rupture dans la composition des fonds d'archives militaires.
Ministère des Armées
Vincennes
I - LES ARCHIVES DU GOUVERNEMENT DE VICHY
A - Organisation de la Défense Nationale.
Lors de la signature de l'Armistice le ministère de la Défense Nationale est entre les mains du général Weygand commandant en chef. Le général Colson est Secrétaire d'Etat à la Guerre, l'amiral Darlan à la Marine. Il n'y a aucun changement jusqu'à la réorganisation du 6 septembre 1940.
Du ministère de la Défense Nationale dépend le Secrétariat de défense Nationale. Prévu par la loi du 30 juillet 1940 il se substitue au Secrétariat Général du Conseil Supérieur de la Défense Nationale et a pour attributions de préparer les décisions du ministre pour toutes les questions concernant la défense de l'Empire. A sa tête est placé un général, secrétaire de Défense Nationale. Il est organisé en deux sections.
- La première section est chargée de traiter dans leur ensemble toutes les questions concernant la défense de l'Empire et assure la liaison avec les Secrétariats d'Etat à la Guerre et à la Marine et avec le Ministère des Colonies.
- La deuxième section est chargée d'étudier tous les problèmes d'ordre économique que pose la défense de l'Empire. Elle assure la liaison avec les ministères et secrétariats d'Etat intéressés.
Cette organisation nouvelle commençait à peine à fonctionner lors de la disparition du Ministère de la Défense Nationale le 6 septembre 1940. L'activité du Secrétariat de Défense Nationale s'est manifestée essentiellement dans le domaine de la répartition des effectifs concédés par la convention d'armistice, la réorganisation des divisions militaires de la zone libre, les nouveaux statuts des officiers, notamment les congés d'armistice.
A la disparition du Ministère de la Défense Nationale, le Secrétariat de Défense Nationale est remplacé par un Secrétariat de Coordination dont l'activité se limite aux départements militaires.
Cette courte période voit également la constitution d'un Commissariat Général à la Reconstitution Nationale. Créé le 26 juin 1940 auprès des ministères de la guerre et des travaux publics, il est chargé d'assurer, conformément aux directives d'ensemble du ministre des travaux publics et avec le concours des moyens militaires fournis par le ministre de la guerre, de la remise en état des communications de toute nature nécessaires à l'armée et aux populations civiles, de la remise en place de ces populations ainsi que des moyens de production.
Par ailleurs un Collège d'experts de la Défense Nationale organisé par un arrêté du 21 juin 1940 remplace le comité exécutif de l'Institut de la Recherche Scientifique appliquée à la Défense Nationale et est mis à la disposition du ministre pour les études techniques et industrielles nécessitées par les circonstances. En octobre 1940 il est rattaché au ministère de la Production Industrielle et du Travail.
Le 6 septembre 1940 le général Weygand est nommé Délégué Général du Gouvernement en A.F.N. et le Ministère de la Défense Nationale est supprimé. Le général Huntziger devient ministre de la guerre. Il le restera jusqu'à sa mort accidentelle en novembre 1941. Le général Bergeret est secrétaire d'état à l'air. L'amiral Darlan reste secrétaire d'état à la marine. Il a en outre à sa disposition un Secrétariat de Coordination. Créé et organisé par les décrets du 13 septembre et du 21 octobre 1940 cet organisme reprend en fait les attributions du Secrétariat de Défense Nationale. Sous la direction du contre amiral Rivoyre il comprend une section militaire et une section économique.
Cet organisme fonctionne jusqu'au 11 août 1941, date à laquelle un Ministère de Défense Nationale est recréé au profit de l'amiral Darlan. Celui-ci est déjà depuis le 21 février 1941 vice-président du Conseil, ministre des Affaires Etrangères, de l'Intérieur et de l'Information.
Cette organisation dure autant que la prépondérance de l'amiral Darlan sur la vie politique de Vichy.
Le 18 avril 1942, sous la pression allemande, le maréchal Pétain rappelle Pierre Laval. Ce dernier reprend tous les postes gouvernementaux détenus par l'amiral Darlan et une fois encore le ministère de la Défense Nationale est supprimé. L'amiral Darlan, nommé Commandant en chef des forces militaires de terre, de mer et de l'air a cependant accès au conseil des ministres pour toutes les questions relatives à ses attributions. Les attributions du ministère de la Défense Nationale sont réparties entre le Commandant en Chef et les secrétaires d'Etat : le général Bridoux à la Guerre, l'amiral Auphan à la Marine et le général Jannekeyn à l'air.
Le 10 novembre 1942, à la suite du départ en Afrique du Nord de l'amiral Darlan et du débarquement allié, le maréchal Pétain prend le commandement en chef. Le général Bridoux qui demeure en place est chargé de l'expédition des affaires courantes. Le 26 novembre est créé, pour remplacer l'état major du commandement en chef, un Etat Major de Liaison chargé de suivre les questions importantes d'organisation, de personnel et de budget intéressant les départements militaires. Il est placé sous les ordres du vice amiral Bourrague par délégation du vice amiral Platon, secrétaire d'état auprès du gouvernement et chargé de la coordination des affaires militaires.
Une dernière réorganisation, le 16 mars 1943, supprime le Commandement en Chef ainsi que les Secrétariats d'Etat à la Guerre, à la Marine, à l'Air et aux Colonies. Un secrétariat d'état à la Défense (Guerre et Aviation) est placé sous l'autorité du général Bridoux. Parallèlement l'amiral Bléhaut regroupe dans un secrétariat unique la Marine et les Colonies. C'est l'organisation qui demeurera en place jusqu'en août 1944.
B - L'Etat-Major de l'Armée
Il est réorganisé par arrêté du 9 juillet 1940 et comprend, sous l'autorité du général, chef de l'E.M.A.: trois sous-chefs, un cabinet, quatre bureaux, une section du personnel et cinq directions d'armes (Infanterie, Cavalerie et Train, Artillerie, Génie, Troupes coloniales).
Une section Armistice est créée le 28 janvier 1942. Elle est divisée en deux groupes :
- Le premier groupe est chargé d'établir les directives à adresser d'une part aux Délégations françaises auprès des Commissions d'Armistice de Wiesbaden et de Turin pour la conduite des négociations relatives aux forces terrestres, d'autre part à la Délégation Générale du Gouvernement à Paris. Il assure la direction des opérations d'exécution du contrôle dans le domaine des forces terrestres et règle les incidents survenus avec les organes de contrôle italiens et allemands.
- Le deuxième groupe est chargé des questions de personnel relatives aux détachements de liaison et des questions matérielles relatives à tous les organes étrangers de contrôle en zone libre.
A la suite de la démobilisation de l'armée de l'armistice le 27 novembre 1942, l'E.M.A. est transformé en Organe Liquidateur de L'Armée (O.L.A.) composé de quatre sections :
Démobilisation, Ecoles, Transport et Ravitaillement, Armistice. Cette dernière section est dissoute le 8 avril 1943. Les directions des armes et des services sont maintenues.
L'O.L.A. est réorganisé le 10 avril 1943. Il comprend alors un Cabinet, un Bureau A., regroupant les sections Démobilisation et Ecoles, un Bureau B. (ex section Transports et Ravitaillement). Les services cartographique, cinématographique et historique lui sont rattachés.
Le 2 août 1943 l'O.L.A. prend la dénomination de Services Liquidateurs de la Défense Terrestre. Cette organisation reste inchangée jusqu'à la Libération.
C - Les organes de liaison avec l'occupant en métropole.
L'article 22 de la convention franco-allemande d'armistice et l'article correspondant de la convention franco-italienne ont prévu la constitution auprès des commissions d'armistice de délégations françaises chargées de présenter les desiderata français et de recevoir les ordres d'exécution des commissions d'armistice. Celles-ci se réunirent dès le mois de juin respectivement à Wiesbaden et à Turin. Elles furent articulées en sous commissions sur lesquelles se calquèrent les délégations françaises.
Parallèlement le conseil des ministres décida le 26 juin 1940 de centraliser au ministère de la Défense Nationale les questions relatives à l'exécution des armistices. Le 28 juin est constitué auprès de l'état-major du Commandant en chef (le général Weygand) une Direction des Services de l'Armistice (D.S.A.) chargée, d'une part de servir d'organe d'étude et d'information pour le ministre de la Défense Nationale en ce qui concerne tous les problèmes posés par les accords franco-allemands et francoitaliens, d'autre part d'assurer la liaison entre les délégations françaises auprès des commissions d'armistice et les différents départements ministériels.
Organisée définitivement en août 1940 la D.S.A. comprend quatre sections :
- La section des questions militaires traite de toutes les questions se rapportant aux forces terrestres de la métropole, de l'Afrique du Nord, du Levant et des Colonies, les questions concernant l'air et la marine de guerre étant traitées par un détachement de liaison.
- La section des questions administratives.
- La section des questions économiques.
- La section des prisonniers de guerre et des étrangers.
Après le départ du général Weygand, la D.S.A. fut successivement rattachée aux services du général Huntzinger qui n'assumait plus que les fonctions de ministre de la Guerre, puis à ceux de l'amiral Darlan en sa qualité de ministre de la Défense Nationale. En juin 1942 elles furent rattachées directement au chef du gouvernement.
Sur le plan local l'organisation réalisée dans la métropole fut initialement la suivante en ce qui concerne les forces terrestres :
Du côté allemand, un organisme central, l'Inspection du Contrôle de Bourges, trois commissions de contrôle des effectifs, trois commissions de contrôle des matériels.
Du côté italien, un organisme central portant le titre de Présidence des Délégations de Contrôle en résidence à Gap et deux directions régionales à Marseille et à Valence coiffant six délégations de contrôle.
Des détachements de liaison français dépendant directement de la D.S.A. furent accrédités auprès de ces diverses commissions de contrôle. Ils étaient chargés de veiller, conformément aux instructions données, au maintien du contrôle dans les limites acceptées, tout abus devant faire l'objet d'interventions auprès des commissions d'armistice.
A la suite de l'invasion de la zone libre, le 11 novembre 1942, de nouveaux problèmes se posèrent. Une section militaire de liaison (colonel Vialet) fut créée auprès de l'amiral Platon, secrétaire d'état chargé de coordonner l'action des départements militaires. Elle eut pour mission de traiter les questions relatives à l'installation des troupes allemandes et italiennes en zone libre et à la démobilisation des troupes françaises. Ses interlocuteurs furent, du côté allemand le général von Neubronn, délégué du commandant en chef pour l'Ouest accrédité auprès du général Bridoux secrétaire d'état à la Défense et auprès du chef de l'Etat du côté italien le général Gualtieri représentant le commandant de la quatrième armée italienne en France.
Sur l'initiative du haut commandement allemand fut créé à Paris un état-major de travail (Arbeitstab) détaché de la commission allemande d'armistice. Un détachement de liaison dirigé par le général Calderiou fut chargé de communiquer au gouvernement et au Haut Commandement Français les demandes présentées par le Haut Commandement Ouest pour l'exécution de la démobilisation des forces françaises et de transmettre à l'état-major de travail les propositions françaises.
Il apparut très vite qu'une organisation unique à Vichy ne pouvait suffire à traiter les questions complexes et nombreuses soulevées sur un territoire aussi vaste que la zone Sud.
C'est ainsi que furent formés tout d'abord des détachements de liaison près des grandes unités d'opération allemandes (19e armée allemande à Avignon, corps d'armée de Clermont-Ferrand, détachement d'armée de Toulouse) puis des sections de liaison auprès des Verbindungstäbe régionaux et départementaux.
Du côté italien il y eut un détachement de liaison auprès de la quatrième armée italienne à Menton et des détachements de liaison auprès des noyaux italiens installés dans chaque préfecture à l'Est du Rhône.
Ces organismes de liaison étant devenus trop nombreux pour être actionnés directement de Vichy ils furent articulés en un certain nombre de groupes de liaison (Lyon, Avignon, Clermont, Toulouse, Limoges).
D - Les institutions militaires en A.F.N.
Supprimé par décision du 29 juin 1940 le commandement en chef de l'Afrique du Nord continue cependant de fonctionner sous les ordres du général Noguès jusqu'au 1er août. A partir de cette date celui-ci exerce les fonctions d'inspecteur général en Afrique du Nord et assure, par délégation du ministre de la Défense, la coordination entre l'Algérie, la Tunisie et le Maroc en ce qui concerne la démobilisation, la réorganisation des troupes et l'exécution des clauses de l'Armistice.
La loi du 6 septembre 1940 crée la Délégation Générale du Gouvernement en Afrique Française (D.G.G.A.F.) et un décret du même jour nomme le général Weygand à ce poste. Sa mission est de diriger et de coordonner l'action politique et économique des gouvernements généraux, résidents généraux et commandants de territoires.
Les conditions d'exercice de son autorité sur les forces terrestres et aériennes ainsi que sur les éléments maritimes affectés en propre à la défense du littoral de l'Afrique Française sont fixées par un décret du 4 octobre. Elle s'exerce par l'intermédiaire des commandements militaire, aérien et maritime existants pour l'emploi de ces forces à des opérations militaires ayant pour but d'assurer la sécurité des territoires de l'Afrique française.
Le 19 novembre 1941 le poste de délégué général du gouvernement en Afrique française est supprimé. Une partie des attributions du général Weygand passe à un Secrétariat Général Permanent en Afrique Française dont le vice amiral Fénard prend la tête. D'autre part sont créés un poste de Commandant en Chef de l'Afrique du Nord pour le général Juin et un poste de Commandant en Chef de l'Afrique Occidentale Française confié au général Barrau.
Cette organisation reste en place jusqu'au débarquement allié de novembre 1942.
LES ORGANISMES DE LIAISON avec les COMMISSIONS ALLEMANDE et ITALIENNE DE CONTROLE en AFRIQUE DU NORD
La Délégation de la Direction des Services de l'Armistice en A.F.N. (D.D.S.A.) est créée le 7 août 1940 à Alger. Elle est dirigée par le général Verneau et relève du ministère de la Défense Nationale par l'intermédiaire de la Direction des Services de l'Armistice. Elle a pour mission :
- de suivre les questions relatives aux clauses militaires terrestres des conventions d'armistice et de notifier aux autorités militaires de l'A.F.N. les mesures d'exécution.
- de prendre toute mesure, dans le cadre des conventions d'armistice ou des instructions reçues de la D.S.A., en ce qui concerne les demandes des sous-commissions de contrôle terrestres italiennes.
Elle dispose d'une sous-délégation à Rabat et à Tunis et d'un représentant auprès de la délégation de la commission italienne d'armistice pour le contrôle terrestre qui porte le titre de Chef de la délégation française auprès de la délégation italienne de contrôle.
Les détachements de liaison sont regroupés sous les ordres d'un commandement des détachements de liaison d'Algérie (Alger, Blida, Constantine, Biskra et Oran), d'un commandement des détachements de liaison au Maroc (Casablanca, Meknès, Marrakech et Fedhala), d'un commandement des détachements de liaison de Tunisie (Tunis, Sfax, Bizerte et Est Saharien).
La D.D.S.A. est dissoute à compter de novembre 1942.
II - LES INSTITUTIONS MILITAIRES DES F.F.L. à LONDRES.
Le Service Historique ne conserve pas à proprement parler les archives militaires du gouvernement du général de Gaulle à Londres mais seulement la documentation rassemblée par le commandant Etchegoyen chargé le 10 novembre 1941 d'établir l'historique des Forces Françaises Libres. Cependant il n'est pas inutile pour la compréhension du fonds de rappeler les étapes essentielles qui ont marqué l'organisation militaire de ce gouvernement.
On sait que le gouvernement britannique a reconnu le général de Gaulle en tant que chef des Français libres dès le 28 juin 1940. A ce moment le chef de la France Libre ne dispose outre son cabinet militaire que d'un embryon d'état-major et du minimum de services. Une mission commandée par le général Spears assure la liaison avec le gouvernement britannique.
Le 27 octobre, de Brazzaville, le général de Gaulle annonce la création d'un Conseil de Défense de l'Empire qui exercera sur tous les territoires français qui combattent ou qui combattront tous les pouvoirs d'un gouvernement de guerre.
Le décret du 29 janvier 1941 crée un Haut Comité Militaire chargé des questions relatives à la conduite de la guerre et à la coordination de l'action des forces terrestres, navales et aériennes. Il est assisté d'un Secrétariat permanent.
Ce n'est que le 24 septembre 1941 qu'en raison notamment de l'importance croissante des territoires de l'Empire Français et des territoires sous mandat ainsi que des forces armées françaises qui se sont ralliées est constitué le Comité National. Les commissaires nationaux exercent toutes les attributions individuelles et collégiales normalement dévolues aux ministres d'état. Le général Legentilhomme, commandant du Théâtre d'Opérations des Somalis et le premier des commandants des forces françaises de l'Empire à s'être prononcé pour la continuation de la lutte aux côtés de la Grande Bretagne est nommé commissaire à la guerre.
Le décret n°42 signé le 14 novembre 1941 par le général de Gaulle organise le Commissariat Général à la Guerre de la façon suivante :
1 - Un cabinet militaire.
2 - Un état-major ayant à sa tête un général chef d'état-major nommé par décret. L'état-major a dans ses attributions celles normalement dévolues à l'Etat-Major de l'Armée et aux Directions d'Armes du Ministère de la Guerre.
3 - Un Secrétariat Général ayant les attributions normalement dévolues au Secrétariat Général du Ministère de la Guerre. Le Secrétaire Général est nommé par décret.
4 - Une Direction du Contrôle.
5 - Une Direction du Service de l'Intendance.
6 - Une Direction du Service de l'Armement.
7 - Une direction du Service de Santé.
L'Etat-Major Particulier constitue l'organe de commandement militaire du général de Gaulle et prépare les questions intéressant la conduite de la guerre et les opérations militaires. C'est de plus un organe de liaison au niveau gouvernemental.
Les forces terrestres en Grande Bretagne
Il n'existe au départ que le camp des volontaires F.F.L. commandé par le lieutenant-colonel Magrin Vernerey. Le commandement des forces terrestres en Grande Bretagne est créé par l'ordre n°205/E.M.G. le 21 décembre 1940 et son commandant relève directement du Commissariat National à la Guerre. Il jouit des attributions et prérogatives d'un commandant supérieur de territoire militaire, dispose d'un état-major et a sous ses ordres :
- Tous les corps et services stationnés en Grande Bretagne.
- Le corps féminin.
- L'Ecole des Cadets des F.F.L. implantée à Camberley.
- Le camp d'Old Dean.
Outre l'historique des F.F.L. et quelques cartons concernant l'organisation et les activités des F.F.L. en Grande Bretagne le fonds contient des télégrammes échangés avec les délégués F.F.L. à l'étranger, des analyses de presse et des émissions et écoutes radiophoniques.
III - LES INSTITUTIONS MILITAIRES en AFRIQUE DU NORD APRES LE DEBARQUEMENT ALLIE
Le 8 novembre 1942 les troupes américaines débarquent en Afrique du Nord. Après une période de flottement, des négociations laborieuses aboutissent le 13 novembre à un accord aux termes duquel l'amiral Darlan qui, en sa qualité de chef des forces terrestres, aériennes et maritimes, paraît le mieux placé pour réaliser l'union de tous, assume la responsabilité des intérêts français en Afrique du Nord. Le général Noguès, Résident Général au Maroc, se met sous ses ordres.
Le général Giraud qui dès juillet 1942 avait accepté la proposition du Président Roosevelt d'aider les Américains à la libération de la France se met à la disposition de l'amiral Darlan qui lui confie le commandement en chef des Forces Terrestres et Aériennes.
A la suite de l'assassinat de l'amiral Darlan le 24 décembre 1942, le Conseil de l'Empire, en accord avec les Américains, nomme le général Giraud Haut-Commissaire de France résident en Afrique Française. Il groupe alors sous son autorité tout pouvoir, civil et militaire. Haut-Commissaire et Commandant en Chef, il dispose d'un Cabinet Civil et Militaire, et exerce son commandement par l'intermédiaire de son Etat-Major Particulier (E.M.P.). L'état-major traite les questions relatives à la préparation et à l'emploi des forces terrestres, aériennes et maritimes, ainsi qu'à la liaison avec les armées alliées. L'administration et l'entretien des armées ainsi que la préparation de l'armée future incombent au Major Général assisté de ses aides majors. Confirmant cet autorité une note de service en date du 7 février 1943 à Alger précise : A partir du 5 février 1943 le général Giraud prend le titre de Commandant en Chef Français civil et Militaire. En conséquence l'appellation de Commandant en Chef sera réservée à lui seul.
Cependant, dès janvier 1943, un nouvel impératif apparut, celui de l'union des Français d'Afrique du Nord avec ceux qui, à partir du 18 juin 1940, s'étaient groupés derrière le drapeau de la France Libre et possédaient un organe de gouvernement, le Comité National présidé par le général de Gaulle. Les entretiens d'Anfa entre les généraux De Gaulle et Giraud suivis de la mission de liaison effectuée par le général Catroux à Alger aboutirent à l'institution du Comité Français de Libération Nationale par l'ordonnance du 3 juin 1943. Ce comité était alternativement présidé par les généraux Giraud et De Gaulle. Un Comité de Guerre assurait la conduite générale de la guerre et prenait toutes les décisions qui s'y rapportaient. Très vite les inconvénients de cette organisation apparurent. L'absence de Commissariat à la Défense Nationale aboutissait au cumul dans les mêmes mains des pouvoirs de commandant en chef et de ministre de la guerre. On avait là seulement la juxtaposition de deux équipes dont chacune possédait son programme et son chef. Il fallait essentiellement :
- réaliser l'unité de l'Armée,
- ramener les pouvoirs du commandement militaire à ceux qui sont nécessaires pour la conduite des opérations,
- assurer la subordination du pouvoir militaire au pouvoir civil,
- donner à l'action gouvernementale une direction reconnue de tous et dotée des pouvoirs nécessaires.
Le 22 juin 1943, le Comité Français de Libération Nationale approuva un décret sur l'organisation des forces armées. Ce décret attribuait à un Comité Militaire Permanent composé des généraux Giraud et de Gaulle ainsi que des chefs d'état-major des armées de mer, de terre et d'air la mission de procéder à la fusion des Forces Françaises en vue de constituer au plus tôt une armée nouvelle unique. Ce Comité Militaire disposerait d'un Secrétariat Permanent. Le général Giraud était nommé Commandant en Chef des Forces en Afrique du Nord et en A.O.F., le général de Gaulle commandant en chef des forces des autres territoires.
Le décret du 4 août 1943 sur l'organisation du commandement marqua une nouvelle étape. Pour la première fois la loi du 11 juillet 1938 sur l'organisation de la Nation en guerre était visée. Le C.F.L.N. assurait la direction générale de la guerre et disposait de l'ensemble des forces terrestres, navales et aériennes. Le général Giraud, désigné sous le titre de Commandant en Chef, était chargé de l'exercice du commandement de l'ensemble des troupes françaises. Pendant le temps où il exerçait un commandement effectif, en opérations, il cessait d'exercer ses fonctions de président du C.F.L.N. Il était assisté d'un Commissaire Adjoint à la Défense Nationale pour l'organisation et l'entretien des armées. Ce dernier assistait aux séances du C.F.L.N. et avait voix délibérative en l'absence du général Giraud.
Il était créé un Comité de Défense Nationale dont le général de Gaulle était président. Il comprenait :
- le général Giraud,
- le commissaire adjoint à la Défense Nationale,
- les chefs d'état-major généraux, terre, mer et air.
Dans le cadre des directives du C.F.L.N. le comité arrêtait les conditions générales de la répartition des forces françaises sur les divers théâtres d'opérations et les mesures générales propres à assurer la fusion de ces forces; il délibérait sur les plans généraux d'armement.
La compétence du général Giraud était désormais restreinte aux questions de Défense Nationale et le rôle du général de Gaulle était considérablement augmenté. Désormais c'était à lui qu'incombait tout ce qui concernait la politique générale.
C'est ce C.F.L.N. ainsi constitué qui fut reconnu par les Alliés en août 1943.
Le décret du 2 octobre 1943, précisé par celui du 16 décembre de la mime année, marqua une nouvelle réforme en créant un Commissariat à la Défense Nationale disposant de l'ensemble des attributions normalement exercées par les ministres de la Guerre, de la Marine et de l'Air. Le même décret précisait que les attributions respectives du Commissaire à la Défense Nationale et du Commandant en Chef ainsi que les rapports du Commandant en Chef avec le Gouvernement demeuraient régis par la loi du 11 juillet 1938.
Le Comité de Défense Nationale comprenait :
- le président du C.F.L.N.,
- le général Commandant en chef,
- Le commissaire à la Défense Nationale.
Mais il faut souligner que cette organisation, logique en soi, ne pouvait s'adapter telle quelle à celle du Haut Commandement Allié qui ne laissait pratiquement pas de place à un Commandant en Chef français. Sur tous les théâtres d'opérations, en effet, le Haut Commandant Allié assurait la conduite des opérations et nos forces terrestres, navales et aériennes constituaient des groupements aux ordres d'un chef français mais relevait d'un organe de commandement allié.
Cette situation de fait fut à la base de l'ordonnance du 4 avril 1944 qui supprimait l'état-major du Commandement en chef et le Secrétariat de Défense Nationale et les fondait en un seul organisme : l'Etat-Major de la Défense Nationale. Le premier chef de l'E.M.D.N. fut le général Béthouart puis, du 11 août 1944 au 14 mai 1947 le général Juin. A ce titre ces deux généraux furent successivement secrétaire du Comité de Défense Nationale.
Telle était l'organisation de la Défense Nationale à la veille du 6 juin 1944. Elle ne fut pas modifiée lors du transfert du gouvernement provisoire à Paris en septembre 1944.
LES ORGANISMES S'OCCUPANT du REARMEMENT
Dès la fin décembre 1942 le général Giraud envoya à Washington une mission militaire dirigée par le général Béthouart pour assurer la liaison principale entre les Hautes Instances françaises et le War department. Occupèrent ensuite successivement ce poste le général Beynet à partir de novembre 1943 puis le général Brosset de Saint Didier. Cet organisme fut dissous en octobre 1945 lorsque le Gouvernement Provisoire réorganisa la représentation militaire française à l'étranger.
En Grande-Bretagne, après le départ du général de Gaulle une mission militaire française fut également créée pour remplir les mêmes fonctions et cumula ces compétences avec le Commandement Supérieur des Forces Françaises en Grande-Bretagne.
Dès la recréation en juillet 1943 de l'E.M.A. qui porta d'abord le nom d'Etat-Major-Général-Guerre (E.M.G.G.) la préparation et l'organisation du réarmement furent confiées à une section spéciale de cet organisme.
En face de ces organismes il y eut d'abord en Afrique du Nord le Joint Rearmament Committee (J.R.C.), organisme technique franco-américain chargé de l'application du plan du 23 janvier 1944, puis après le débarquement en Normandie la Rearmament Division, S.H.A.E.F. Mission to France qui fonctionna d'octobre 1944 à juillet 1945. Sa mission consistait d'abord à achever de traiter toutes les questions afférant au programme d'Afrique du Nord du 22 janvier 1943, puis à établir et appliquer les programmes du réarmement métropolitain.
Au sein de cet organisme fut créé le 21 novembre 1944 le Groupe français de la division du réarmement du S.H.A.E.F. (French Group, S.H.A.E.F. Mission to France). Il traitait les questions de matériel militaire d'origine américaine, britannique, française, voire ennemie pour les prises de guerre. L'organisation, l'entretien et l'entraînement des troupes françaises entrait également dans ses attributions.
Enfin, regroupant une centaine d'instructeurs britanniques et américains l'Inspection Group apportait son aide aux centres d'instruction mis sur pied par les Français. A partir de février 1945 cet organisme reçut en outre une mission de contrôle de l'attribution des matériels américains ou anglais pour vérifier si les unités créées étaient bien conformes aux tableaux d'organisation et de dotation prévus par les documents américains.
S.H.A.E.F. étant dissous à la fin des hostilités la Rearmament Division fonctionna cependant jusqu'en novembre 1945 au sein de l'état-major des Forces Américaines du Théâtre Européen.
LES AUTRES ORGANISMES DE LIAISON AVEC LES ALLIES
La présence des troupes alliées en France après le débarquement du 6 juin 1944 et leur avance relativement rapide posèrent de multiples problèmes auxquels durent faire face des organismes de liaison placés aux différents échelons de la hiérarchie. Sans entrer dans le détail on peut les classer en deux grandes familles.
Au sommet, la Délégation Militaire pour le Théâtre Sud placée sous les ordres du général Cochet et la Délégation Militaire pour le Front Nord aux ordres du général Koenig.
A tous les échelons les Missions Militaires de Liaison Tactique auprès des armées alliées, dont la mission était spécifiquement militaire.
Tout à fait indépendante la Mission Militaire de Liaison administrative (M.M.L.A.) fut créée à Londres en août 1943 sous les ordres du colonel Hettier de Boislambert. Un décret du 2 octobre de la même année portant création dans le cadre des assimilés spéciaux d'un corps militaire de liaison administrative en précise les missions :
Les officiers de ce corps qui relève directement du Comité Français de Libération Nationale constituent les missions placées par celui-ci auprès des commandants français ou alliés des grandes unités opérant ou stationnées sur le territoire métropolitain afin :
a) de faciliter à ces commandants de grandes unités toutes relations avec les autorités civiles françaises,
b) de veiller, selon les instructions de l'autorité centrale, à la remise en place de l'appareil administratif français et à la solution de tous les problèmes intéressant la population civile qui se poseront lors du débarquement et au fur et à mesure de la progression des troupes.
Il est important de faire la distinction entre :
- d'une part, le rôle de la délégation administrative qui, jusqu'au jour où le C.F.L.N. aura pu s'installer sur le territoire national, doit avoir une tâche d'action gouvernementale à caractère politique et administratif et est sédentaire,
- d'autre part, le rôle des missions d'armée qui, jusqu'au jour où les autorités territoriales auront repris leur fonctionnement, doivent remplir une tâche de liaison et de technique générale opérant essentiellement pendant la première phase du débarquement et dans la zone de combat. Ces missions sont mobiles avec les états-majors auxquels elles sont attachées.
Dans ce cadre, les relations de ces missions avec les organisations de la Résistance sont essentielles, à tous les échelons.
Dernière modification le 13/06/2022