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La consultation des archives du capitaine de frégate Louis Honoré d'Estienne d'Orves sont soumises à l'autorisation des donateurs.
L'intégralité du fonds a été microfilmée et numérisée. La consultation, si elle est autorisée, se fait exclusivement sur ces supports.
Conditions d'utilisation
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Description physique
L’importance matérielle du fonds est de . Celui-ci comprend , cotés de 276 GG² 1 à 276 GG² 10.Inventory
Capitaine de frégate Honoré d'Estienne d'Orve (1915-1951)
Dates
1915-1951Présentation du contenu
Le fonds est composé de trois grandes parties.
La première partie (1923-1939) renferme les documents classiques que tout officier de Marine parti en campagne se doit de produire. Les nombreux clichés photographiques pris par Honoré d'Estienne d'Orves ainsi que la tenue soigneuse de ses journaux de campagne pendant toute la durée de ses affectations, de 1923 à 1939, nous renseignent avec précision sur la vie des officiers de marine et des équipages à bord des bâtiments ainsi que sur les pays visités. De précieux renseignements sur la vie sociale, les mœurs, la diplomatie, la politique nous sont connus grâce à ces documents.
La deuxième partie concerne la période 1940-1941, depuis sa désertion de la force X le 10 juillet 1940 jusqu'à son exécution le 21 août 1941. Les agendas tenus, du quatrième trimestre 1939 au troisième trimestre 1940 sont conservés ainsi que les documents du Premier Groupe Marin (journal du commandant, papiers de service). Puis après son arrestation, viennent les papiers écrits en captivité sur des cahiers d'écolier et à la mine de plomb, l'émouvant journal de famille, les prières et les lettres sur la religion, la famille et le sens social destinées à ses enfants, les trois poignants cahiers de captivité, le cahier d'apprentissage de la langue allemande, la correspondance échangée avec son épouse Éliane et enfin la dernière lettre écrite à sa sœur Catherine le 28 août 1941, veille de son exécution. Enfin, différents hommages et commémorations liés à sa mémoire sont regroupés dans un dossier.
Dans la troisième partie ont été classés les photographies et la correspondance familiale, de la documentation (coupures de presse) ainsi que des documents administratifs et des papiers personnels.
Vincennes
ORIENTATION BIBLIOGRAPHIQUE
Les ouvrages conservés dans la bibliothèque centrale de la marine, au département marine du Service historique de la Défense, comportent entre […] la cote qui leur est attribuée.
1.Honoré d'Estienne d'Orves
2.L'escadre française de la Méditerranée orientale (force X)
SOURCES COMPLEMENTAIRES
Service historique de la Défense
MV CC7 4e moderne 910/7 - dossier individuel du capitaine de frégate Honoré d'Estienne d'Orves
MV 199 GG² - fonds privé du capitaine de vaisseau Jean du Pontavice.
Escadre de la Méditerranée - Cuirassé Provence (1924-1925)
MV 1 BB2 109, 132 - Escadre de la Méditerranée, organisation (1922-1938) ; puis situations hebdomadaires des forces maritimes (1919-1925).
MV 1 BB4 30-32 - Escadre de la Méditerranée (1924-1925).
MV 1 CC 171 - Division des écoles de la Méditerranée (1924-1926).
Etat-major de la Division navale d'Extrême Orient - Croiseur cuirassé Jules Michelet (1925-1927)
MV 1 BB2 103, 109, 113, 132 - Bâtiments, rapports sur le Jules Michelet (1920-1929) ; puis croisières de la Division navale d'Extrême-Orient (1921-1931) ; puis commandements à l'étranger en Extrême-Orient (Chine, 1922-1935 ; Indochine, 1922-1931) ; puis situations mensuelles des forces maritimes (1926-1929).
MV 1 BB3 58 - Radiotélégraphie concernant Saigon, défense des côtes, diplomatie (1927).
MV 1 BB4 71 - Forces navales en Extrême-Orient : extraits de rapports mensuels concernant le personnel ; rapports d'inspection générale (1926-1927).
MV 1 CC 171 - Marine en Indochine et Forces navales en Extrême-Orient (1925, 1927-1928).
Troisième escadre - Ecole des officiers torpilleurs croiseur Thionville (1928)
MV 1 BB2 23 - Marine Indochine - Extrême-Orient : ensemble de documents concernant les flottilles (1920-1932).
MV 1 BB4 80 - Division des écoles de la Méditerranée, 3e escadre, école d'application de lancement à la mer, croiseur Thionville (1928-1930).
MV 1 CC 516, 518, 520, 533 - Ecole des officiers torpilleurs, division des écoles de la Méditerranée, 3e escadre (1927-1935).
Première division légère (1928-1931)
MV 1 BB3 191 - Correspondance reçue du croiseur Suffren (1929).
Conférence navale de Londres (1930)
MV 1 BB2 191-192, 197 - Etat-major général, Section d'Etudes, Conférence de Londres : correspondance, négociation (1929-1930).
Ecole d'application des enseignes de vaisseau de 2e classe (1931-1933)
MV 1 BB2 103 - Croiseur école Jeanne d'Arc : correspondance (1921-1939).
Inspection générale Z de l'état-major de la Marine (1933-1936)
MV 1 BB2 113 - Etat-major général, 3e bureau : rapport d'inspection (1933).
MV 1 BB3 87, 112, 118, 152-154, 176 - Inspection générale et inspection sur le matériel des arrondissements maritimes, y compris sur l'arrondissement maritime algéro-tunisien : rapports mensuels et annuels (1933, 1936).
1re Escadre, 3e division légère - Ecole de guerre navale (1936)
MV 1 BB4 48 - Division d'instruction, activité de l'escadre, sorties d'exercices, entraînement, croisières (1936).
MV 1 CC 382 - Ecole des officiers torpilleurs : cours (1928-1936).
Etat-major de l'escadre de l'Atlantique, 2e flottille de torpilleurs (1937-1939)
MV TT Y 762 – Rapports (1939-1940)
Etat-major de la Force X (1940)
MV TTE 50-63 - Archives de la Force X (1939-1943).
MV TTF 70-72 - 2e division d'instruction, puis 2e division de croiseurs, à bord du Duquesne puis du Tourville (1939-1940).
MV TTY 713-729 bis – archives du croiseur Tourville (1939-1964).
Londres, 2e Bureau (1940-1941)
MV TTC 10 - Forces Navales Françaises Libres (F.N.F.L.), Londres, 2e bureau : correspondance, bulletins, fiches, rapports, extraits de presse, propagande, censure, (1940 1941).
Centre historique des archives nationales (CHAN)
72 AJ 51 – Papiers du Comité d'histoire de la deuxième guerre mondiale et fonds privés relatifs à la période 1939-1945 – Résistance intérieure : mouvements, réseaux, partis politiques - Réseau Nemrod.
AJ 40, dossier 1357 - Archives allemandes de l'occupation.
171 MI 27 – Bureau central de renseignements et d'action (BCRA).
Henri-Louis-Honoré d'Estienne d'Orves naît à Verrières-le-Buisson, en Seine-et-Oise, le 5 juin 1901. Il est issu d'une longue lignée nobiliaire : les d'Estienne, famille d'origine provençale, par son père, et les Vilmorin, par sa mère. Bachelier en 1917, il intègre l'Ecole Polytechnique le 6 octobre 1921. A sa sortie, il entre dans la Marine. Enseigne de vaisseau de 2e classe le 1er octobre 1923, il effectue sa campagne d'élève officier sur le croiseur-école Jeanne-d'Arc. Affecté à l'escadre de la Méditerranée, en septembre 1924, il embarque sur le cuirassé-amiral Provence puis est affecté en juin 1925 comme officier d'ordonnance de l'amiral, chef d'état-major des Forces navales d'Extrême-Orient.
Sorti de l'Ecole des officiers torpilleurs en 1928, d'Estienne est affecté comme officier torpilleur sur le croiseur Suffren, de septembre 1928 à février 1931. Lieutenant de vaisseau du 12 février 1930, aide de camp de l'amiral Robert lors de la conférence navale à Londres, laquelle lui vaut un satisfecit du ministre de la Marine, il est affecté comme instructeur en février 1931, sur le croiseur-école Jeanne-d'Arc. Secrétaire adjoint à l'inspection générale Z de 1933 à 1936, breveté de l'Ecole de guerre navale et du Centre des hautes études navales en 1937, il est nommé sous-chef d'état-major de la 2e flottille de torpilleurs sur le contre-torpilleur Bison du 5 novembre 1937 au 1er mars 1939 puis sur le contre-torpilleur Jaguar jusqu'en juin 1939 et en tant que chef d'état-major sur le torpilleur Cyclone de juin à septembre 1939.
Officier d'ordonnance de l'amiral Godfroy puis chef du 3e bureau de décembre 1939 au 10 juillet 1940 à bord du croiseur Duquesne de la force X, escadre française envoyée en Méditerranée orientale pour suppléer à la faiblesse des escadres anglaises, il ne peut accepter le désarmement de la force décidé en juillet. Dans une lettre datée du 10 juillet qu'il rédige au capitaine de frégate Tisserand, chef d'état-major de la Force X, il explique les raisons pour lesquelles il déserte, et témoigne en particulier de sa volonté de combattre le fléau de l'hitlérisme « sans craindre les conséquences futures de ses actes ». Il n'a alors qu'une seule idée en tête : ajouter, sans patriotisme cocardier, au « patrimoine de bravoure des Français », si diminué par la défaite et l'armistice. Il écrit également au commandant de la force X, l'amiral Godfroy, pour lui expliquer les raisons de son départ.
Sous le nom de Châteauvieux, du nom d'une ses aïeules, il constitue, entre le 10 et le 18 juillet, le Premier Groupe Marin avec six officiers et une cinquantaine de marins de l'escadre d'Alexandrie. Décidés à combattre et à mourir s'il le faut pour libérer la France, les hommes subissent un entraînement militaire intensif dans des camps britanniques situés sur le canal de Suez puis à Aden. Le 2 août, c'est le départ pour l'Angleterre. Après un long périple autour de l'Afrique, le Groupe arrive en septembre à Londres. Nommé capitaine de corvette, d'Estienne d'Orves est affecté au 2e bureau de l'état-major des F.N.F.L. Il obtient du général de Gaulle l'autorisation de constituer un réseau de renseignement dans l'ouest de la France. C'est la naissance du réseau Nemrod dont il prend la tête et qui commencera ses activités dès octobre 1940.
Le 21 décembre 1940, Keraudrun (autre nom de résistant de d'Estienne d'Orves) débarque d'un bateau de pêche, la Marie-Louise, aux environs de la pointe du Raz, à Plogoff, accompagné de son radiotélégraphiste, « Marty ». Dissimulant son identité sous le nom de Jean-Pierre, il retrouve le lieutenant Maurice Barlier, venu de Londres pour préparer la mission. Tous trois gagnent Nantes la veille de Noël. Le commandant d'Estienne effectue alors plusieurs voyages à Paris. De cette série de déplacements, il rapportera des renseignements pertinents sur les quartiers généraux allemands, les terrains d'aviation, les bases de sous-marins et les mouvements des bâtiments de la Kriegsmarine. Trahi par le jeune radio alsacien « Marty » de son vrai nom Alfred Gressler, il est arrêté le 21 janvier 1941 avec plusieurs des membres de son réseau, incarcéré à Berlin puis à Paris, à la prison du Cherche-Midi. Condamné à mort par un tribunal allemand le 26 mai, il est transféré à Fresnes dans l'attente de son exécution. Les interventions de l'amiral Darlan, ainsi que celles du conseiller juridique Keyser, allaient obtenir sa grâce lorsque l'assassinat, à Paris, le 21 août 1941, d'un officier de marine allemand par un militant communiste, précipitèrent son exécution.
Le commandant d'Estienne d'Orves, ainsi que ses co-détenus, Maurice Barlier et Yann Doornick furent exécutés au Mont-Valérien, le 29 août 1941. Il avait été promu capitaine de frégate au mois d'avril et n'avait voulu vivre, comme il le souligna devant ses juges, qu'en français et en chrétien. Ernst Jünger, officier de la Wehrmacht en poste à Paris en 1941, salua dans son journal la haute valeur des lettres d'adieu du comte d'Estienne d'Orves. Une forme d'universalisme illumine ces pages qui témoignent du sacrifice d'un homme dont le destin parait spontanément se confondre avec l'idéal de la Résistance. Aussi écrivait-il, de sa cellule de la prison du Cherche-Midi : « J'ai considéré que mon devoir était de continuer [la guerre] puisque tout n'était pas perdu. Bien d'autres Français étaient prisonniers et ne pouvaient rien faire. J'étais libre. J'ai continué la lutte pour la France […] J'ai pensé que j'agissais conformément à nos traditions de famille ». Il sera fait compagnon de la Libération à titre posthume.
Last modification on 25/07/2022