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Rapports et correspondance de juin 1938 à juin 1939. Difficultés éprouvées pour se conformer strictement à la note du 31 janvier de l'E.M.A. prescrivant l'envoi mensuel des comptes rendus de la presse militaire, des sommaires des revues et publications, des analyses d'ouvrages militaires (1er juin 1938) ; renseignements sur le paquetage emporté par les hommes par suite de la suppression du port du sac (7 juin 1938) ; caractéristiques de la future voiture populaire : Volkswagen (8 juillet 1938) ; au sujet de la tension germano-tchèque du 21 mai 1938 : les mesures de sécurité prises alors par le haut commandement allemand-surpris par la fermeté de la réaction des gouvernements de Prague, de Paris et surtout de Londres-démontreraient qu'il n'était pas dans ses intentions de procéder à un coup de force et qu'il s'était au contraire mis en garde contre une attaque éventuelle (8 juin 1938) ; les matériels nouveaux ne sont pas encore distribués à toutes les unités d'infanterie : pourquoi le travail intense des usines, depuis plusieurs années, ne suffit-il pas à doter les unités d'active de tout leur matériel ? La même question se pose pour l'artillerie et surtout pour l'artillerie lourde (13 juin 1938) ; il existerait deux types de chars moyens, d'un poids de 17 tonnes, différents par les systèmes de roulement et probablement aussi de l'armement (13 juin 1938) ; les cinq écoles militaires allemandes comptent 2 500 élèves, le recrutement des élèves-officiers ne peut guère être intensifié, la réintégration d'anciens officiers, qui paraissait être une source tarie, est poursuivie, mais au détriment de la qualité. Il semble que l'armée allemande, qui compte environ 23 000 officiers, ne puisse guère atteindre un encadrement normal avant deux ou trois ans au plus tôt (21 juin 1938) ; renseignements sur la composition et le matériel des divisions : blindées, légères, motorisées ; leur équipement en matériel nouveau modèle exigera un an et demi (22 juin 1938) ; application à l'Autriche du système militaire allemand, avec toutefois une période transitoire : on n'incorporera en Autriche, faute de cadres et sans doute de matériel, que la classe 1917, entre le 16 août et le 10 septembre (22 juin 1938) ; quel est le but de la visite du général Keitel à Budapest ? L'entrée d'une armée allemande en Hongrie poserait à la Roumanie et à la Yougoslavie un problème nouveau : ces pays sont liés à la Tchécoslovaquie contre une éventuelle intervention des forces hongroises, mais si ces forces sont allemandes l'accord tombe. Quand les États de la Petite Entente ont envisagé une assistance mutuelle, l'Anschluss de l'Autriche n'était pas un fait accompli ; le libre accès à la Hongrie aux troupes allemandes a changé les conditions du problème. Or si l'Allemagne doit un jour attaquer la Tchécoslovaquie, elle éviterait de pénétrer par les frontières de la Bohème, organisées défensivement, en choisissant comme base les frontières autrichienne et hongroise (23 juin 1938) ; une ordonnance émanant du maréchal Goering prescrit la conscription des travailleurs dès le temps de paix : tout Allemand ou Allemande, sans distinction d'âge, de situation sociale, de profession, peut être appelé à travailler dans un lieu qui lui est fixé, pour une durée donnée ; il s'agit certainement d'équiper les chantiers de fortification ouverts sur la frontière occidentale ainsi que les usines de guerre (28 juin 1938) ; une conversation rapportée par le capitaine Stehlin confirme la volonté du Fûhrer de « supprimer » la Tchécoslovaquie ; la menace d'intervention franco-britannique l'a empêché de mettre à exécution son projet le 21 mai ; il a donné l'ordre, pour se couvrir à l'Ouest, de procéder à l'organisation fortifiée d'une zone profonde allant de la Suisse à la Mer du Nord. Il serait intéressant de pouvoir estimer le temps que cette organisation demandera ; on pourrait en déduire la durée du répit dont la Tchécoslovaquie et l'Europe disposeront, en admettant que les choses ne se gâtent pas « d'une autre manière » et que le chancelier ne saisisse pas d'autres occasions favorables « pour exécuter le mauvais coup qu'il projette » (29 juin 1938) ; d'après un stagiaire étranger, les compagnies de fusiliers du régiment observé sont à 150 ou 160 hommes (cadres compris), mais ce nombre comprend en permanence une vingtaine de réservistes et les compagnies ne disposent que d'un lieutenant ou sous-lieutenant en dehors du commandant de compagnie (6 juillet 1938) ; l'étude d'un livre récent ou d'ouvrages publiés par le service historique de l'armée allemande conduirait à penser que l'organisation de la frontière occidentale ne pourra guère être terminée avant l'été de 1939 (6 juillet 1938) ; selon les bruits qui courent à Berlin, le général von Fritsch aurait été victime d'un dossier du chef de la sûreté Heydrich l'accusant d'homosexualité ; lavé de cette accusation par un conseil d'enquête, le général exigerait le renvoi de Heydrich (7 juillet 1938) ; confirmation des projets de fortification de la frontière occidentale ; résumé des informations montrant le démarrage de l'exécution du plan d'organisation défensive (11 juillet 1938) ; confirmation officielle de l'existence d'une école de parachutistes et d'un bataillon de parachutistes d'infanterie, distinct du régiment de chasseurs parachutistes n°1 de Stendal (11 juillet 1938) ; discussion historique et propagande : article sur un ouvrage historique relatif à la retraite de l'armée du maréchal Mackensen en 1918 et à l'internement de son chef : les ordres donnés à son égard par le maréchal Franchet d'Esperey et le maréchal Foch sont jugés sévères et peu chevaleresques (16 juillet 1938) ; l'étude des variations annuelles des effectifs de l'armée allemande montre : une augmentation de 100 000 hommes fin 1937, un palier ou même une légère diminution d'effectifs fin 1938, mais fin 1939 le chiffre des excédents lui permettra de nouveau un rebondissement de près de 100 000 hommes (20 juillet 1938) ; organisation des bataillons de mitrailleuses, tableaux d'effectifs, possibilités en marche et au combat ; bataillon de mitrailleuses contre-avions : composition, armement (25 juillet 1938) ; les permissions ne sont pas suspendues ; l'envoi d'ouvriers, le transport de matériel vers la frontière occidentale, l'exécution de travaux, sont confirmés par des sources multiples ; en Autriche, stationnement de nombreux bataillons, mais pas de grandes unités (sauf la 2e division blindée) ; il règne un certain malaise dans la population ; la crainte de la guerre y entre pour une part ; au contraire, l'armée ne croit pas raisonnable de s'engager dans un conflit général avant un ou deux ans (27 juillet 1938) ; copie d'un rapport de l'attaché de l'Air : les travaux de fortification se poursuivent avec une intensité que tous nos consuls de l'Ouest de l'Allemagne sont unanimes à souligner (2 août 1938) ; les manœuvres d'automne de cette année sont préparées de manière à constituer des troupes de réserve et à les faire manœuvrer en grandes unités ; de plus la population aura le devoir de fournir les réquisitions et prestations demandées par l'autorité militaire ; pour ne pas troubler la vie normale, ces mesures ne seront pas prises simultanément sur tout le territoire et leur ampleur sera limitée (5 août 1938) ; application de l'ordonnance du 30 juillet 1938 créant le long des frontières de larges zones interdites aux militaires étrangers de l'active ; ces mesures s'inspirent de la création de notre zone réservée, mais sont d'une sévérité beaucoup plus grande ; en conséquence une stricte réciprocité doit d'imposer (8, 9 août 1938) ; envoi de photographies de presse montrant des chars moyens de même modèle que ceux qui ont défilé à Berlin le 20 avril 1938 (15 août 1938) ; le général von Fritsch a été nommé colonel honoraire du 12e régiment d'artillerie ; son rôle militaire est terminé : pour qu'il fût rappelé, il faudrait une guerre ou une crise politique grave (15 août 1938) ; commentaires à propos d'une conversation avec un officier allemand : l'état de préparation à la guerre de l'armée allemande et de l'Allemagne toute entière n'a jamais été poussé, dans tous ses détails, à un degré aussi élevé ; Hitler veut avoir à sa disposition des forces qui lui permettent d'agir sur la Tchécoslovaquie avec rapidité, d'une manière massive, et de se retourner ensuite, s'il le faut, contre la France et l'Angleterre (17 août 1938) ; selon certains renseignements, il serait mis sur pied une quinzaine de divisions de formation, en deux séries sans doute ; certaines divisions comprendraient à la fois des réservistes et des landwehriens (24 août 1938) ; la revue du 25 août a été la plus grande revue militaire d'après-guerre, 16 000 hommes ont défilé pendant deux heures, un grand nombre (74) de chars ont été présentés ainsi que des mortiers de très gros calibres et quelques pièces d'artillerie lourde (au canon très long, de 21 ou 24 cm) jusqu'alors inconnues ; à noter la faiblesse de l'encadrement en officiers des unités d'infanterie (29 août 1938) ; compte rendu d'une manœuvre d'infanterie avec chars : l'infanterie attaque tout d'abord sans chars, après une préparation d'artillerie, les chars ne sont pas engagés au début de l'attaque, mais lorsque l'infanterie ne peut plus progresser (30 août 1938) ; lettre personnelle au général Dentz : la situation est sérieuse, « je crois Hitler absolument décidé à faire un coup sur la Tchécoslovaquie », l'échéance pourrait être très proche (6 septembre 1938) ; l'attaché militaire italien à Berlin envoie son adjoint auprès de l'attaché français pour lui exprimer ses remerciements devant l'attitude de la France qui a décidé de ne pas prendre à la frontière italienne les mêmes mesures de précaution qu'à la frontière allemande (8 septembre 1938) ; après les manœuvres de Prusse orientale, dîner au cours duquel un groupe d'officiers allemands, excités « par les liqueurs et la bière », développent entre eux le thème suivant : « les peuples qui ne possèdent plus le dynamisme voulu pour chercher à développer leur expansion au-delà de leurs frontières doivent disparaître » ; cette conversation « révèle un aspect brutal, inquiétant et désespérant de la psychologie allemande » (20 septembre 1938) ; memorandum présenté au Fûhrer par A. François-Poncet le 28 septembre ; réunions de la commission internationale chargée de régler l'exécution des dispositions de l'accord de Munich ; à la sous-commission chargée des questions militaires, les représentants français ont joué un rôle important, les militaires allemands font preuve d'intransigeance, mais ils trouvent devant eux un front continu de quatre puissances et l'appui des Italiens leur échappe ; mais à la commission internationale leur thèse triomphe ; surprise devant l'attitude des officiers tchèques, qui préfèrent régler les points en litige par discussion directe avec les Allemands (2, 4, 6 octobre 1938) ; le facteur aérien dans le conflit germano-tchécoslovaque : étude de l'attaché de l'Air (10 octobre 1938) ; les informations, incomplètes, recueillies sur la mobilisation effectuée par l'Allemagne pour occuper les pays sudètes, permettent de constater : la facilité et la rapidité de mise sur pied des unités actives, grâce à leurs effectifs de paix élevés-mais elles ont besoin d'officiers et de sous-officiers de réserve ; la constitution de groupements de transport automobile assurant avec les voies ferrées les transports des grandes unités-les divisions motorisées sont pourvues en tout temps de leurs moyens de transport (solution de luxe), d'où leur mobilité ; l'absence de véritables divisions de réserve, c'est-à-dire composées d'hommes âgés de moins de 35 ans et complètement instruits ; ainsi l'Allemagne se trouve dans une période de transition et les modalités de sa mobilisation ne seront pas, dans quelques années, les mêmes qu'aujourd'hui (10 octobre 1938) ; les événements récents ont démontré « de façon éclatante » l'importance du rôle que nos consulats d'Allemagne peuvent et doivent jouer dans la recherche des renseignements militaires à l'intérieur de l'Allemagne : rôle en particulier des consulats de Dresde et de Vienne auprès desquels avaient été détachés des observateurs qualifiés ; il faut donc étendre au plus vite à tous nos consulats la réalisation de ce principe, c'est-à-dire les renforcer chacun d'un observateur militaire spécialisé (11 octobre 1938) ; préparation et exécution de l'occupation des pays sudètes : résumé des renseignements recueillis (25 octobre 1938) ; le général Beck, chef d'état-major général de l'armée, est « sur sa demande » mis à la retraite, ainsi que le général von Rundstedt : ainsi se poursuit, depuis février 1938, l'élimination des chefs militaires insuffisamment acquis aux doctrines national-socialistes, peu à peu les cadres supérieurs de l'armée sont purgés des éléments qui ne redoutaient pas de dresser un obstacle devant l'audace brutale du chef du IIIe Reich ; en même temps, le haut commandement est de plus en plus rajeuni (2 novembre 1938) ; une importante activité règne actuellement dans l'armée allemande, qui paraît entrer dans une nouvelle phase de réorganisation et de développement ; la création de régiments de fusiliers portés est peut être l'indice de la mise sur pied prochaine de nouvelles grandes unités motorisées ou mécanisées (2, 7 novembre 1938) ; concentration entre les mains d'un seul représentant de la Wehrmacht de toutes les questions militaires ayant un rapport plus ou moins direct avec l'économie nationale allemande ; c'est un nouveau pas sur la voie de l'organisation totalitaire du IIIe Reich, facilitant la production des armements en temps de paix et la préparation pour le temps de guerre de la mobilisation économique de la nation (2 novembre 1938) ; une campagne de propagande militaire a été déclenchée à la radio et dans la presse pour convaincre l'Allemagne et l'étranger de la supériorité incontestable de la puissance militaire allemande ; en réalité, il est inexact de prétendre que le peuple allemand était moralement prêt à faire la guerre en septembre, que la moitié des divisions étaient motorisées ou blindées, que les fortification tchèques étaient absolument achevées, que la frontière occidentale de l'Allemagne était déjà inviolable en septembre (9 Novembre 1938) ; à son départ, le général Renondeau a été l'objet d'une grande amabilité de la part des autorités militaires allemandes (14 novembre 1938) ; étude sur la préparation et l'exécution de l'occupation du pays sudète : la mise en œuvre des moyens militaires a été bien préparée, mais il a été fait trop bon marché de la capacité de résistance qu'aurait pu offrir la fortification tchèque (18 novembre 1938) ; les véhicules de réquisition, auxquels les unités ont dû faire appel cet été, se sont révélés impropres à tout usage prolongé dans le cadre des armées mobilisées ; aussi un « commissaire général plénipotentiaire pour la motorisation » est-il chargé de normaliser les fabrications de l'industrie automobile : désormais celle-ci ne devra fabriquer qu'un certain nombre de types de véhicules satisfaisant tous aux besoins de la défense nationale en cas de guerre ; par exemple la décision a été prise de réduire à trois seulement le nombre des types (130) de camions automobile (22 novembre, 5 décembre 1938) ; demande, transmise avec avis favorable, du chef de la section française du 2e bureau de l'E.M. général, tendant à obtenir l'autorisation de faire un voyage en Algérie et dans le Nord de la Tunisie (26 novembre 1938) ; Hitler, « très content de la Belgique », déclare qu'elle a compris son rôle : les petits états neutres de l'Ouest doivent être prêts à défendre leur neutralité ; ils sont ainsi les plus sûrs garants de la paix européenne (28 novembre 1938) ; les Tchèques, d'après Hitler, n'ont rien à redouter de l'Allemagne, à moins qu'ils ne constituent une menace militaire quelconque contre le territoire du Reich ; « mais en Europe centrale, il y a quelque chose qui n'est pas réglé » ; c'est donc sur l'Europe centrale (Roumanie ou Ukraine ?) que, d'après ces déclarations, doit s'exercer la prochaine menace allemande (28 novembre 1938) ; pour combler les déficits encore importants qui subsistent dans les cadres de l'armée active, le commandement allemand fait appel aux ressources de ses cadres de réserve : certains sont admis à servir en situation d'activité (par contrats d'un an), d'autres sont autorisés à entrer définitivement dans les cadres de l'armée active, après être passés par une école d'élèves-officiers (28 novembre 1938), une nouvelle liste de promotions dans le haut commandement fait apparaître une organisation nouvelle des forces mécaniques allemandes ; le général Guderian devient « inspecteur des troupes rapides » (29 Novembre 1938, 21 décembre 1938) ; le « Reich aurait « renoncé complètement à la théorie des grands ouvrages fortifiés contenant de l'artillerie » ; résumé de la conception en vigueur sur les procédés d'attaque des ouvrages fortifiés : rôle des pionniers (6 décembre 1938) ; manœuvres en pays sudète : il semble que, poursuivant ses expériences antérieures, le commandement a cherché à déterminer les possibilités exactes de ses moyens de combat (artillerie lourde en particulier) contre les gros ouvrages fortifiés construits par l'armée tchécoslovaque ; l'aviation a participé à ces expériences (7 décembre 1938) ; « tour d'horizon » : de nouveaux événements semblent se préparer, quand et où ? En conclusion (p.21), l'armée allemande, malgré le gigantesque effort poursuivi, n'est pas encore entièrement construite ; mais elle pourrait, aidée par la propagande et par la politique, suffire pour une pression visant à l'asservissement de territoires de l'Est comportant le sol et le sous-sol dont l'Allemagne a besoin ; « la traite qu'ont accepté implicitement les peuples de l'Europe centrale qui n'ont pas su ou voulu soutenir la Tchécoslovaquie peut donc venir bientôt à échéance. Ce pourrait être dès 1939 » (12 décembre 1938) ; acceptant ce qu'il ne peut éviter, le corps des officiers devient chaque jour national-socialiste ; beaucoup d'ailleurs trahissent leur inquiétude devant la pers-pective d'une assimilation des chefs de S.S. au corps des officiers. Le haut commandement a-t-il conservé son indépendance et sa valeur ? Il a depuis six ans subi une perte d'influence considérable dans les affaires de l'Etat, tout ce qu'il a perdu a été gagné par le parti ; par contre on peut estimer que sa valeur est demeurée intacte (13 décembre 1938) ; pour faciliter le ravitaillement en essence des véhicules automobiles, l'armée reçoit dès maintenant des bidons de 20 litres ; la distribution du carburant ne se fera plus directement par les camions-citernes (14 décembre 1938) ; la création de nouvelles unités se poursuit, destinées soit aux nouvelles grandes unités mécaniques, soit aux formations de réserve générale (14 décembre 1938) ; la durée du service à court terme des hommes appartenant aux classes de réserve non encore instruites est portée à trois mois, preuve que le commandement a jugé insuffisante la valeur militaire des réservistes (19 décembre 1938) ; attributions des généraux chargés de l'organisation écono mique de la nation pour le temps de guerre (24 décembre 1938) ; le gouvernement a décidé que le développement total du réseau d'autostrades atteindra 14 000 kilomètres ; comparaison de ce tracé avec le stationnement des grandes unités motorisées, légères et blindées ; une fois ce réseau achevé (au plus tôt à la fin de 1942), l'Allemagne disposera de possibilités considérables pour exécuter rapidement et en secret la concentration de son armée « moto-mécanique » à l'une quelconque de ses frontières (28 décembre 1938). « Prévisions » et remarques pour compléter le « tour d'horizon » du 12 décembre 1938 ; a) échéances : « jusqu'à plus ample informé, je persiste à croire que l'Allemagne ne sera prête ni militairement, ni économiquement, ni moralement à affronter le risque d'une guerre mondiale en 1939 » ; par contre tout en poursuivant la mise au point de son organisation militaire, elle pourra employer la Wehrmacht à des actions ne comportant pas ce risque ; b) quant aux « directions » : expansion à l'Est (orientée d'abord vers la Roumanie) et couverture à l'Ouest reste l'hypothèse la plus probable ; l'intransigeance d'une France calme et sûre de sa force est la meilleure attitude possible, toute concession serait interprêtée maintenant comme un aveu de faiblesse et pourrait avoir les répercussions les plus graves (10 janvier 1939) ; tout porte à croire que l'Allemagne est dans une phase de préparation intensive et qu'elle veut, dès le printemps prochain, soit agir par surprise, soit « montrer sa force pour éviter de s'en servir » ; à l'Ouest, si le Fûhrer a cessé, provisoirement, de vouloir notre anéantissement, il souhaite toujours notre déchéance ; il obtiendrait ce résultat en procurant au Duce la maîtrise de la Méditerranée : après la liquidation de la question d'Espagne, on doit s'attendre à voir posée sérieusement la question tunisienne (17, 26 janvier 1939) ; divers indices montreraient que le moral de la nation allemande, « incontestablement très bas au cours de l'été 1938 », n'a guère été relevé par les succès politiques remportés en octobre 1938 ; contraintes et privations, menaces de complications à l'extérieur comme à l'intérieur, créeraient une atmosphère d'inquiétude (30 janvier 1939) ; rumeurs répandues dans les milieux S.A. de Berlin : après le 15 février prochain, date à laquelle la « mobilisation d'essai » actuellement en cours serait achevée, le chancelier Hitler mettrait les puissances intéressées en demeure de donner satisfaction à ses revendications coloniales (1er février 1939) ; l'armée allemande disposerait prochainement de trois catégories de chars (légers, moyens, lourds) dans ses divisions blindées (1er février 1939) ; conversation entre officiers britanniques et allemands : ceux-ci s'efforcent de persuader leurs interlocuteurs (comme on l'avait tenté en août 1938), que l'Angleterre n'a aucune raison de lier sa politique à celle de la France (2 février) ; expériences effectuées sur les fortifications tchécoslovaques pour améliorer les procédés d'attaque (7 février 1939) ; des décrets confient aux S.A., au corps automobile national-socialiste (N.S.K.K.) et au corps aérien national-socialiste (N.S.F.K.) la préparation militaire des futures recrues et l'entraînement des réserves instruites des trois branches de la Wehrmacht ; les événements de l'été dernier auraient montré que « l'éducation national-socialiste » était insuffisante ou nulle dans la Wehrmacht, et que le moral du peuple allemand n'était pas en harmonie avec les buts politiques du IIIe Reich (7 février 1939) ; malgré les nombreuses convocations de réservistes dans l'armée, aucun symptôme de préparatifs militaires graves n'apparaît encore en Allemagne (9, 14 février 1939) ; l'armée allemande souffre actuellement d'un déficit quantitatif et qualitatif de cadres sous-officiers, qu'elle s'efforce de combler et qu'elle ne peut plus cacher (13 février 1939) ; l'opposition sourde de certains cadres supérieurs à l'égard du parti national-socialiste a cessé à l'exception de quelques irréductibles-et le Fûhrer peut compter d'une manière absolue sur l'obéissance passive de son armée : depuis les succès que celui-ci a remportés en 1936 et 1938, le haut commandement ne peut plus exercer aucune influence sur les décisions de politique extérieure (15 février 1939) ; confirmation qu'une « mobilisation d'essai » aurait lieu au mois de mars (16 février 1939) ; déclaration du colonel Warlimont, chef du bureau des opérations : l'Allemagne, pour vivre, doit imposer d'une manière absolue sa suzeraineté économique à plusieurs pays de l'Europe centrale et orientale. « Warlimont me paraît avoir ce trait commun avec les officiers allemands de valeur, à savoir ce goût de la franchise brutale et du jeu cartes sur table qui se manifeste dans toutes les circonstances où l'autorité supérieure n'impose pas une discipline de silence ou une tactique de camouflage » (1er mars 1939) ; « aucun indice sérieux ne permet au poste de l'attaché militaire à Berlin d'admettre que l'Allemagne a pris au cours des dernières semaines des mesures militaires suspectes » (7 mars 1939) ; la main-d'œuvre et l'économie nationale allemande : pour réaliser ses plans grandioses, le IIIe Reich a, en quelque sorte, militarisé son économie ; cependant malgré l'organisation réalisée et la discipline imposée, l'Allemagne souffre actuellement d'une grave crise de main-d'œuvre, à laquelle ses dirigeants cherchent à remédier, non pas en modérant leurs visées, mais en imaginant des moyens nouveaux pour y satisfaire (8 mars 1939) ; la vassalisation de la Tchécoslovaquie pourrait être achevée cette année et même dès le mois de mars, si les actuels mouvements de troupe sont bien la préparation d'une marche concentrique sur Prague ; un renseignement de dernière heure « secret et sûr » fait prévoir « pour aujourd'hui » la mobilisation camouflée allemande et le danger de guerre à l'Est (14 mars 1939) ; le sort de la Tchécoslovaquie vient d'être réglé par un acte de cambriolage que, du point de vue technique, on ne saurait trop admirer. « La plupart de nos collègues étrangers ne se sont douté de rien » ; la science du camouflage et de la conservation du secret a atteint un très haut degré de perfection en Allemagne ; celle-ci va-t-elle marquer un temps d'arrêt dans son expansion militaire ? (16 mars 1939) ; conversation avec un collègue : il en ressort que la Pologne n'est pas rassurée sur l'avenir que lui réserve l'Allemagne ; elle est décidée à ne pas accepter un sort analogue à celui de la Tchécoslovaquie (16 mars 1939) ; composition détaillée d'une division blindée (16 mars 1939) ; situation économique : l'Allemagne ne dispose pas des réserves de matières et de vivres que le maréchal Goering avait indiquées bruyamment dans un récent discours, c'est pourquoi elle veut assurer son emprise économique sur la Hongrie et la Roumanie, et elle vise la région minière suédoise (20 mars 1939) ; enseignements tactiques de la campagne contre la Tchécoslovaquie (21 mars 1939) ; les industriels de la Ruhr sont très mécontents du régime actuel, ils perdent leur fortune, leur influence et leur autorité ; les plus mécontents souhaitent pour cette année une guerre générale, qui entraînerait la prise de pouvoir par l'armée, restée attachée aux institutions anciennes (21 mars 1939) ; normalisation dans l'industrie automobile : à partir du 1er janvier 1940, aucun véhicule neuf d'un type désormais interdit ne devra être livré sur le marché allemand (22 mars 1939) ; extension du réseau d'autostrades à l'Ouest (27 mars 1939) ; selon des bruits répandus dans les milieux nationaux-socialistes, des négociations seraient en cours entre Berlin et Varsovie pour la restitution au Reich du territoire de Dantzig et du Corridor ; ensuite viendra « la grande affaire » (etwas ganz gross) : elle aurait trait à l'Ukraine (28 mars 1939) ; préparation de la fête du 20 avril ; le commandement allemand cherche à donner une impression de détente ; ce qui paraît aujourd'hui le plus énigmatique, c'est ce qui se passe entre l'Allemagne et l'Italie (6 avril 1939) ; nouveau tour d'horizon : « J'ignore si, et quand, Hitler perdra la raison, mais si cela devait être dès maintenant, et qu'il prenne prochainement l'initiative de la grande aventure, c'est peut-être, en définitive, ce qui pourrait nous arriver de mieux ». En effet, le potentiel de l'axe croît, actuellement, plus vite que celui des puissances occidentales, l'apogée de la puissance militaire allemande devrait se situer entre 1940 et 1942, en pensant plutôt à 1940. Si un blocus efficace ne peut être organisé, nous serons obligés, pour conserver notre dignité et nos biens, de révolutionner complètement notre manière de vivre, d'adopter « à la mystique près, une organisation analogue au national-socialisme. Car lorsque l'Allemagne aura achevé de combler les lacunes qui constituent ses faiblesses d'aujourd'hui, il deviendra aussi difficile à une nation libérale de vivre à son contact qu'il l'est pour un pot de terre de voisiner avec un pot de fer » (11 avril 1939) ; les nominations successives (3 000 ?) de sous-officiers au grade de sous-lieutenant montrent la volonté du commandement de combler au plus vite des lacunes existant encore dans ses cadres d'officiers de l'armée active ; en conséquence des mesures seront prises pour faciliter le recrutement des cadres de sous-officiers (3, 17 mai 1939) ; étude des moyens à mettre en œuvre pour parer à un coup de main possible sur la Roumanie (12 avril 1939) ; « étude sur l'économie des pays de l'Europe du Sud-Est et du Nord considérée dans ses rapports avec le potentiel militaire allemand », dans une guerre avec les puissances occidentales alliées de la Pologne, les trois centres vitaux pour l'Allemagne seraient : la Suède, productrice de minerais de fer-la Roumanie, très riche en pétrole, sans lequel l'aviation et les armées motorisées de l'Allemagne seraient immobilisées-la Yougoslavie dont la bauxite paraît indispensable à la fabrication des avions allemands (12 avril 1939) ; informations sur les troupes parachutistes formées à une action conjuguée avec les divisions motorisées et blindées ; pour permettre l'embarquement de ces formations spéciales, des terrains auraient été aménagés dans les régions frontières, particulièrement au voisinage de la frontière germano-suisse (13 avril 1939) ; résumé des impressions après la parade du 20 avril : il faut admirer l'application et la modestie des exécutants ; c'est en cette abnégation générale que réside principalement la force considérable de l'Allemagne ; l'accent a été mis sur la motorisation, les chars impressionnent par leur mobilité et la puissance de leur armement ; par comparaison avec les impressions ressenties un mois auparavant, lors du retour de Prague, la cote du régime est en hausse dans la population berlinoise (23 avril 1939) ; renseignements sur l'organisation des divisions légères, régiments de chars et infanterie de l'air de la Wehrmacht ; ces unités sont dotées d'armes automatiques nombreuses et de lance-grenades légers et moyens (23 avril 1939) ; conversation avec un collègue yougoslave sur l'état des relations germano-yougoslaves (3 mai 1939) ; l'artillerie de campagne est dotée d'un matériel et de munitions excellents, ses procédés de tir et de combat sont remarquablement mis au point. Le matériel de 105 allemand paraît plus redoutable que bien d'autres choses dont on parle plus souvent, par exemple les chars (12 mai 1939) ; le voyage de Hitler, qui inspecte la zone fortifiée de l'Ouest, poursuit un double but : se rendre compte des progrès réalisés depuis l'automne 1938, faire un geste politique qui serait le prélude d'une manœuvre diplomatique importante dirigée contre la Pologne (17 mai 1939) ; l'intention allemande, dévoilée par un informateur secret, de déclencher par surprise avant le mois d'août une attaque enveloppante par le Nord et par la Suisse contre la France, ne doit pas être rejetée comme invraisemblable ; ce renseignement doit au moins nous inciter à redoubler de vigilance (22, 23 mai 1939) ; des petits faits, « quoi-qu'en général impondérables » ont éveillé ces derniers temps l'attention de l'attaché militaire : « mon sentiment est qu'il y a quelque chose dans l'air... L'atmosphère de l'Allemagne, malgré le calme relatif des journaux, est moins sereine qu'elle ne l'était il y a deux mois » (29 mai 1939) ; note de synthèse sur l'organisation de la Wehrmacht et notamment du haut commandement, avec brève notice sur les personnalités militaires ; en conclusion : « ce qu'ils sont parvenus à réaliser, grâce à leur patient labeur et malgré leur intelligence un peu courte, nous serons peut-être obligés un jour de l'improviser sous la pression de la nécessité ; sans doute obtiendrons-nous alors des résultats brillants... N'oublions pas toutefois la fable du lièvre et de la tortue » (31 mai 1939) ; l'attaché militaire se plaint de ne pouvoir disposer, dans l'atmosphère d'hostilité latente qui entoure le poste à Berlin, ni d'un coffre sûr, ni d'un chauffeur-garçon de bureau et de courses, qui soit Français et de toute confiance (5, 13 juin 1939) ; la transformation en cours des divisions légères indique, de façon presque certaine, que l'armée allemande disposera très prochainement de dix divisions blindées (12 juin 1939) ; d'après une déclaration de l'ingénieur Todt, les trois positions successives de la zone fortifiée de l'ouest seraient achevées en septembre (12 juin 1939) ; « un grand pessimisme » régnerait, depuis quelque temps, dans les milieux nationaux-socialistes plus ou moins responsables de l'approvisionnement de l'Allemagne en produits alimentaires et en matières premières ; les stocks de minerais de fer ne pourraient alimenter son industrie que pendant quelques semaines (21 juin 1939) ; « échéances » : à quel moment pourrait se produire la prochaine pression militaire allemande ? Selon diverses sources, notamment américaine, aucun événement grave ne se produirait avant le mois d'août (22 juin 1939) ; notices sur diverses personnalités militaires allemandes (26 juin 1939) ; le gouvernement espagnol ne paraît nullement décidé à se laisser entraîner aveuglément dans le sillage de la politique germano-italienne ; aucun accord militaire ne semble avoir été conclu jusqu'à ce jour entre Berlin et Madrid (29 juin 1939) ; indices d'activité militaire anormale : mouvements de colonnes motorisées vers l'Est (29 juin 1939) ; déclarations d'une haute personnalité militaire : « le gouvernement allemand est formellement décidé à obtenir satisfaction de tous ses droits... Il fera tout ce qu'il faut pour gagner la partie et se servira à cette fin des « poucettes » (Daumenschraube) contre les nations occidentales » (29 juin 1939) ; situation générale au 21 août : la Pologne est menacée, et l'action peut être déclenchée dès la fin de cette semaine ; la seule mesure efficace pour aider la Pologne serait un blocus immédiat de l'Allemagne ; la conclusion du traité de non agression germano-russe prouve une fois de plus que le temps travaille pour l'Allemagne et qu'il faut agir vite (22 août 1939).

Fechas

1938-1940

Última modificación el 24/12/2021

Format Physique Vincennes