Voir dans l’inventaire

Archive notice

Rapports et correspondance de janvier à mai 1938. Bilan militaire de 1937, d'après un article officieux : au cours de 1937, le cadre connu (dit des 36 divisions) n'a pas été agrandi sensiblement, mais l'effort a porté sur l'armement, et en particulier sur la mitrailleuse 34, sur l'artillerie, le matériel des unités mécaniques et motorisées (5 janvier 1938) ; un thème tactique étudie l'action d'un régiment d'infanterie renforcé, avant-garde de division, dans l'offensive : on retrouve la tendance des Allemands pour la recherche des solutions audacieuses, leur goût des ordres très brefs laissant beaucoup d'initiative, avec l'emploi massif des armes antichars, très mobiles (10 janvier 1938) ; l'attaché militaire est régulièrement invité aux manœuvres auxquelles tous les attachés sont conviés ; mais ce ne sont pas toujours les manœuvres les plus importantes de l'armée (15 janvier 1938) ; culte de la marche à pied dans l'armée allemande ; exemples de performances courantes : 60 kilomètres par jour en moyenne ; on ne saurait assez insister sur la capacité de résistance à la fatigue de l'infanterie allemande : l'armée du service obligatoire ne paraît pas inférieure à l'ancienne armée de métier (17 janvier 1938) ; complément de renseignements concernant la mitrailleuse unitaire nouvelle, utilisée en défense contre avions (17 janvier 1938) ; renseignement belge d'après lequel des travaux seraient commencés à hauteur de Malmédy (17 janvier 1938) ; visite du président du conseil yougoslave Stoiadi-novitch : la journée du 18 janvier a été tout entière consacrée à des visites militaires : artillerie, aviation, pour lesquelles tous les grands chefs de l'armée et de l'Air ont été mobilisés : démonstration de la puissance militaire de l'Allemagne et en particulier de son matériel, invitation à commander des armements de préférence en Allemagne (19 janvier 1938) ; organisation de la division d'infanterie : chaque division sera dotée d'une compagnie de 16 mitrailleuses de 20 contre avions (24 janvier 1938) ; critiques suscitées par le récent mariage du maréchal von Blomberg, éventualité de son remplacement, certains disent par le général Goering ; cette hypothèse, admissible au titre du ministère, le serait moins au titre du commandement en chef ; les Allemands ne semblent pas avoir constitué d'état-major permanent auprès du commandement en chef (26 janvier 1938) ; impression d'un attaché militaire étranger soulignant les faiblesses et les lacunes qui subsistent : déficit en cadres, lacunes dans les régiments d'artillerie des 36 divisions, celles-ci ne seraient complètes qu'à la fin de 1938 ; cette armée n'en constitue pas moins, déjà, une force redoutable (2 février 1938) ; rumeurs, parfois absurdes, touchant le maréchal von Blomberg et le général von Fritsch : en réalité, on ne sait rien de sûr (3 février 1938) ; la crise du haut commandement se dénoue par le renvoi de quinze officiers généraux des armées de Terre et de l'Air ; c'est un nouveau 30 juin sans effusion de sang, mais cette fois entre l'armée conservatrice et les éléments radicaux du Parti, c'est l'armée qui est vaincue ; les nouveaux généraux sont très jeunes, leur dévouement plus solide au national-socialisme va peut être faire de l'armée un instrument plus docile aux mains du gouvernement, ce qui n'est pas rassurant ; Hitler a pris le commande-ment effectif des forces armées, il est assisté d'un général qui est à la fois le chef de l'état-major général de toutes les forces armées et le ministre de la guerre délégué, mais ces décisions ne sont que provisoires (5 février 1938) ; organisation d'un état-major général des forces armées, avec l'ancien Wehrmachtamt et un état-major économique : le conseil d'économie militaire, préparant la mobilisation économique du temps de guerre (9 février 1938) ; copie d'un rapport (de 42 pages) de François-Poncet sur la crise intérieure allemande et les événements du 4 février 1938 (10 février 1938) ; analyse d'un article élogieux du « Berliner Tageblatt » sur le général Gamelin ; seul il pouvait obtenir la création d'un commandement unique-car jamais un Foch ou un Weygand n'aurait pu surmonter l'animosité des partis de gauche français à l'égard de l'armée ; rien ne permet de penser qu'il pourrait pousser son gouvernement à la guerre (15 février 1938) ; après le renvoi des quinze officiers généraux, l'armée allemande ressent le coup porté par le parti nazi ; on persiste à affirmer que le général von Fritsch a sinon été mis en état d'arrestation, du moins prié de se tenir à la disposition des autorités ; on prétend également que le général Beck a offert sa démission et qu'elle a été refusée. Les promotions du 13 février 1938 soulignent le rajeunissement du haut commandement ; le général Guderian, nouveau commandant des troupes blindées, n'a pas encore 50 ans, il bat le record du général von Reichenau (16 février 1938) ; succession Blomberg-Fritsch : la solution du 4 février n'est que provisoire, on dit que désormais il y aura d'une part un ministre de la Défense nationale, d'autre part un commandant en chef des forces armées (guerre, air, marine) pour lequel un état-major va être créé. Gœring ne sera pas commandant en chef, sera-t-il ministre de la défense nationale ? Le général von Brauchitsch n'est pas un politicien, mais uniquement un « soldat », doué d'une forte personnalité, mais moins violent que son prédécesseur le général von Fritsch (17 février 1938) ; au sujet des renforcements annoncés par Hitler dans son discours du 20 février : il s'agit de ceux dont les armées de l'Air et de Mer seront l'objet, de la création des unités qui manquent encore dans les divisions (dans le cadre dit des 36 divisions) et de celle des réserves générales qui se poursuivent, de l'organisation du haut commandement ; le fait principal est la mise sur pied de nouvelles unités blindées et peut-être motorisées, dans un cadre souple de grands commandements indépendants de l'organisation territoriale (22 février 1938) ; les attachés militaires ont été présentés au nouveau commandant de l'armée, le général von Brauchitsch au cours d'une réception un peu froide ; résumé de l'allocution du général von Brauchitsch : l'Allemagne poursuivra l'œuvre de reconstitution de ses forces militaires « pour être en mesure de protéger l'espace vital du peuple allemand » (23, 28 février 1938) ; éventualité d'un voyage en Allemagne d'une haute personnalité française, pour répondre à la visite que le général Beck a faite à Paris en 1937 : nous ne pouvons guère échapper à l'obligation de la réciprocité, « il convient de se montrer beaux joueurs » (1er mars 1938) ; exposition automobile de 1938 : pas de nouveautés ; observations générales : tendance à la normalisation des pièces, souci d'employer moins de métal (en diminuant le poids) et d'économiser certains métaux rares, développement des alliages légers (7 mars 1938) ; d'après un renseignement sérieux, l'Allemagne devrait freiner ses armements en octobre 1938 par crainte d'une catastrophe économique qui serait fatale au régime. Le plafond militaire fixé ne serait pas abaissé pour autant, mais serait plus lentement atteint. Et pourtant Hitler le 20 février, Brauchitsch le 21, Gœring le 1er mars, ont fait entendre des paroles menaçantes. Bluff dans une certaine mesure, peut-être, mais bluff dangereux : il faut rester plus vigilants que jamais (9 mars 1938) ; seront incorporés le 1er octobre 1939 : la classe (de naissance) 1918 qui donnera environ 250 000 hommes aptes ; la classe 1919, première classe riche après la période creuse, disposera de 370 000 aptes dont une partie seulement (la moitié environ ?) sera incorporée (16 mars 1938) ; quelle suite sera donnée par le chancelier Hitler au coup de force du 13 mars sur l'Autriche ? Se contentera-t-il de cette opération réglée sans effusion de sang et au meilleur compte et abordera-t-il le problème sudète par des voies pacifiques ou bien grisé par son succès, ne profitera-t-il pas de la situation actuelle pour développer son action et attaquer la Tchécoslovaquie ? Le problème est infiniment plus complexe, plus difficile que celui résolu par Hitler en Autriche, tardivement mais aisément ; toutefois on peut craindre qu'il ne s'y lance aveuglément (16 mars 1938) ; appréciation de l'attaché militaire, dans une lettre personnelle : « l'atmosphère de l'ambassade est sursaturée de nervosité, certains jour à un degré pénible. A la tête, malgré une intelligence remarquable d'acuité et de profondeur, un manque absolu d'estomac. Le glas sonne en permanence » (17 mars 1938) ; historique détaillé des mouvements de troupes allemandes ; en conclusion, caractères de l'opération contre l'Autriche : rapidité et secret de la mobilisation et de la concentration ; il faut souligner une fois de plus l'aptitude remarquable des fantassins allemands à couvrir des marches de 50 kilomètres pendant sept jours de suite, sans repos ; aucune grande unité de réserve n'a été appelée, nous devons tirer certains enseignements de ce qui vient de se passer pour exercer une surveillance encore plus vigilante et réaliser une organisation meilleure de la recherche des renseignements (16, 28 mars, 5, 13 avril 1938) ; renseignements sur l'approvisionnement de l'Allemagne en minerai de fer (1er avril 1938) ; « la masse motomécanique » groupée sous les ordres du 4e groupement d'armées, à Leipzig, aux ordres du général von Reichenau, est appelée à jouer dans la prochaine guerre un rôle considérable : elle sera un des principaux facteurs de surprise (6 avril 1938) ; la nomination de l'attaché militaire allemand à Tokyo au poste d'ambassadeur au Japon, la promotion de l'attaché militaire japonais à Berlin, conduisent à se demander si les deux pays n'étudient pas le projet et les modalités d'une assistance militaire (7 avril 1938) ; un article d'une revue militaire montre une fois de plus la tendance allemande vers la réalisation d'attaques puissantes, montées rapidement et menées vigoureusement ; pour la première fois, en outre, est étudié l'emploi d'une unité d'infanterie portée sur véhicules blindés tous terrains (13 avril 1938) ; plusieurs membres de l'ambassade d'Italie à Berlin expriment au sujet de l'Anschluss des opinions qui révèlent le dépit de l'Italie de n'avoir pas été consultée ni même avertie de la décision prise par le Fûhrer, et l'inquiétude que fait naître de tels procédés ainsi que l'établissement de l'Allemagne à la frontière du Haut-Adige (14 avril 1938) ; l'intervention militaire en Autriche : résumé d'ensemble et enseignements-copie de lettres de l'attaché de l'Air à Berlin (14 avril 1938) ; suppression du port du sac dans l'infanterie : le fantassin garde sur lui un chargement de marche constitué par l'arme individuelle, l'outil, le masque, la musette, le bidon, la toile de tente, le matériel de campement individuel, les vivres de réserves ; le sac est porté par une voiture de section, de construction métallique, qui porte en outre les mitrailleuses légères et des munitions (2 mai 1938) ; une organisation analogue à celle des D.I.M. françaises n'a pas été adoptée en Allemagne pour le transport des divisions d'infanterie motorisées : au contraire on a décidé d'affecter organiquement, dès le temps de paix, à toutes les formations des divisions motorisées la totalité des véhicules automobiles nécessaires au transport de leur personnel et de leur matériel (7 mai 1938) ; la mitrailleuse modèle 1934 ne donnerait pas entière satisfaction à la troupe : les enrayages sont trop nombreux en cas de tir continu d'une certaine durée (9 mai 1938) ; les relations amicales de l'Allemagne et de la Yougoslavie se développent : visite du ministre des Travaux publics de Belgrade et missions d'officiers yougoslaves (10 mai 1938) ; instruction prémilitaire des recrues et entraînement permanent des réserves : l'armée, qui se charge de l'instruction purement militaire, reçoit des hommes qui arrivent complètement formés au point de vue de l'entraînement physique, de l'aptitude à la marche, de la discipline de l'homme du rang ; ce sont les S.A., N.S.R.K. (cavaliers), N.S.K.K. (troupes motorisées), etc. qui assurent une préparation militaire de la jeunesse aussi poussée que possible ; d'autre part les grandes formations national-socialistes maintiennent un grand nombre de réservistes en état perma-ment d'entraînement (17 mai 1938) ; la tension germano-tchéque a été très vive le 21 mai, mais les nombreuses reconnaissances faites jour et nuit par l'attaché militaire, l'attaché de l'Air, des attachés alliés n'ont permis d'observer aucun déplacement de troupes soit par route, soit par voie ferrée ; il ne peut y avoir de surprise mais il est extrêmement urgent de développer notre système d'observation permanent à l'intérieur de l'Allemagne (24 mai 1938).

Dates

1937-1938

Last modification on 24/12/2021

Format Physique Vincennes