Album de papillons

Le XIXe siècle est l’âge d'or des collections naturalistes, comme la lépidoptérophilie, qui consiste à collectionner les papillons. S'il était de bon ton de posséder sa propre collection, l'objectif était pour l'amateur éclairé d'établir une liste départementale d'espèces. Si la beauté incite à collectionner les papillons, ils sont aussi conservés pour permettre leur observation et la comparaison de spécimens, témoins précieux de l'évolution de la faune.

Ce manuscrit raconte la quête d'un amateur de papillons pour identifier, classer et illustrer les spécimens de la Charente-Inférieure. Fruit d’un travail de collecte personnelle locale, cette collection est enrichie par des récoltes d’autres provenances, probablement issues d'échanges ou de voyages, témoins historiques remarquables d'animaux aujourd’hui rares, menacés voire disparus.

L’album regroupe près de 700 spécimens, classés par familles et présentés de face ou de profil, selon une méthode bien connue des entomologistes : seules les ailes ont été séchées et collées, dans un souci de conservation, afin que les insectes n'attaquent pas le corps. Ces derniers, retirés, ont été dessinés directement sur la feuille ou sur du vélin découpé et collé afin d'apporter du relief aux animaux les plus gros, de même que certaines antennes trop fragiles. Le collectionneur a ainsi porté un soin particulier à chaque détail, allant jusqu'à reproduire les parties manquantes en les dessinant, fabriquant de surcroit sa colle de manière artisanale (dont il donne la recette en début de volume). Les papillons, protégés ainsi de la lumière et de l‘humidité, ont conservé toute leur délicatesse et leurs couleurs, et semblent prêts à prendre leur envol.

Cet album, qui fait partie de la collection de manuscrits de la bibliothèque du port de Rochefort, destinataire de réalisations isolées du personnel de la Marine, illustre la volonté encyclopédique des collections, en raison de l'apport de la Marine dans le domaine des sciences, y compris les sciences naturelles.