Combat entre l'armée chinoise et japonaise en 1894, représentation : 4 dessins sur papier de soie

Présentation du contenu

Cette gravure, œuvre d’un chinois, Yin Shizhi de Meizhou, illustre un combat maritime ou fluvial qui opposa au cours du conflit sino-japonais de 1894 la Chine au Japon. Malgré le titre "Bulletin de victoire de la flotte dans le conflit sino-japonais", la guerre de 1894 s’acheva par la défaite désastreuse et humiliante de l’Empire chinois. A gauche, les navires japonais (pavillon japonais en haut des mâts) manœuvrés par une armée moderne. A droite, les navires chinois arborant en haut des mâts des drapeaux sur lesquels figure le caractère chinois "bataillon", commandés sur la passerelle par un état-major habillé de façon traditionnelle et brandissant un drapeau sur lesquels figure le caractère chinois "bataillon", commandés sur la passerelle par un état-major habillé de façon traditionnelle et brandissant un drapeau sur lequel figure le mot chinois "ordre impérial". Les soldats portent sur leur costume le caractère chinois "soldat". Traduction du commentaire de Yin Shizhi : "Le Japon, sans raison, a soulevé des troupes ; en enfreignant le cours des choses, il a occupé Hanjing ; sans scrupule, avec violence et perversité, il nous a outragés et il a nui au commerce de la Chine. Tous les souverains de la Cour et des campagnes s’accordent pour exprimer une indignation profonde et justifiée". La guerre qui opposa ces deux pays en 1894 avait pour objet la Corée. Royaume vassal de l’Empire chinois, la Corée constituait un lieu stratégique pour les japonais et une source en minerai de fer intéressante pour la future industrie japonaise. En 1876, à l’occasion d’incidents entre japonais et coréens, à l’instar des grandes puissances occidentales, fit une démonstration de force et réussit à forcer l’ouverture de trois ports coréens au commerce nippon. Ce fut le début d’un processus qui conduisit la Chine à s’engager en Corée. La Chine, par l’intermédiaire de Yuan Shikai, soutenait le courant traditionaliste et réactionnaire qui s’était développé en Corée, en opposition à la politique japonaise. Mais en 1894 c’est le soulèvement d’une société secrète coréenne d’inspiration religieuse et xénophobe, le Tonghak, qui mit le feu aux poudres. Proposant de résoudre la crise interne coréenne, le Japon obligea le roi à prendre un premier ministre favorable à l’influence japonaise et décida d’expulser les troupes chinoises. Au début du mois d’août, la Chine déclarait la guerre au Japon. La supériorité des japonais fut immédiate. La Chine fut contrainte de signer le traité de Shimonoseki en 1895, par lequel elle perdait la suzeraineté de la Corée, des îles Pescadores, de Taiwan, et devait verser une indemnité de guerre écrasante. La défaite de l’Empire chinois contre un autre état asiatique, bien plus petit en taille et en population accéléra la désagrégation politique, économique et sociale du monde chinois. Selon les termes de J. Gernet (Le Monde Chinois) : "Les suites du traité conclu à Shimonoseki auront une portée considérable : entre 1895 et les premières années de XXe siècle, la Chine perdra en effet son indépendance économique, territoriale, politique et militaire. Elle entre dans la période la plus tragique de toute son histoire au moment où s’accélère l’essor industriel des nations riches". "Les conséquences de la défaite sont si graves dans tous les domaines qu’on peut considérer qu’à partir de cette époque la Chine n’est plus maitresse de son destin. La flotte de guerre qu’elle avant tenté de se constituer (..) est anéantie. Une indemnité de guerre.. trois fois les revenus du Gouvernement impérial lui est imposée.. Les ambitions territoriales du Japon, qui annexe Taiwan et les îles Pescadores incitent les puissances occidentales à procéder à leur tour à se partager la Chine en "sphères d’influence", sortes de chasses gardées pour leur exploitation des richesses de l’ancien Empire". "On peut dire qu’à partir de 1895, tout espoir de redressement est exclu pour longtemps. Pendant plus d’un demi-siècle, le monde chinois devra traverser de terribles épreuves avant de reconquérir son indépendance". Notice rédigée par Mme Florence Bretelle-Establet. (Gravure extraite des papiers de Jules Silvestre donnée par la famille Silvestre en 1976 aux Archives du port de Rochefort).