Brevet de nomination. Cote : DE 2015 PA 6037 © Service historique de la Défense

Le Temps des mémoires. Toussaint Louverture

D’esclave à capitaine général puis gouverneur de Saint-Domingue, le parcours de François-Dominique Toussaint de Bréda, mieux connu sous le nom de Toussaint Louverture, est indissociable de l’histoire de l’abolition de l’esclavage.

Registre de délibération du directoire exécutif
GR 7 YD 284 0006: Registre de délibération du directoire exécutif © Service historique de la Défense

Toussaint militaire – La montée en grade (1)

Né esclave en 1743 dans l’ancienne colonie française de Saint-Domingue (#Haïti), il a été affranchi. Il est devenu lui-même propriétaire d’une plantation de café. A la faveur de la Révolution de 1789 et de la publication de la Déclaration des droits de l’homme, qui pose que tous les hommes naissent libres et égaux en droits, des insurrections d’esclaves éclatent à Saint-Domingue demandant l’abolition de l’esclavage et l’égalité entre blancs et noirs.

Toussaint militaire – La montée en grade (2)

En 1791, le deuxième soulèvement des populations permet à Toussaint Louverture de révéler ses talents de stratège militaire en combattant contre les armées révolutionnaires avec l’aide de l’Espagne. Il rallie la République française en 1794, en réaction à la proclamation de l’abolition de l’esclavage par l’Assemblée nationale. Il est alors nommé général de l’armée française et arrive à défaire Anglais et Espagnols présents sur l’île. Cette démonstration de force impressionne Napoléon Bonaparte, qui le nomme en 1801 capitaine général de la colonie.

Brevet de nomination.
DE 2015 PA 6037: Brevet de nomination. © Service historique de la Défense
Proclamation du 1er mai 1802
GR 7 B 4 0003: Proclamation du 1er mai 1802 © Service historique de la Défense

La défaite et l’arrestation de Toussaint (1)

De la nomination comme capitaine général de Saint-Domingue à l’assignation à résidence : la descente aux enfers de Toussaint Louverture.

Deuxième personnage de la colonie en 1801, Toussaint souhaite plus. La même année il s’autoproclame gouverneur à vie de l’île et décide de la doter d’une constitution qui devait mener à son indépendance.

 

La défaite et l’arrestation de Toussaint (2)

C’est sans compter les ambitions du jeune Premier Consul Napoléon Bonaparte, qui n’était pas disposé à laisser une colonie si lucrative échapper à son contrôle. Une armée de 25 000 soldats, commandée par le général Leclerc est donc envoyée pour destituer Toussaint.

Lettre du 9 Juin 1802
GR 7 B 4 0005: Lettre du 9 Juin 1802 © Service historique de la Défense
Proclamation du 9 Juin 1802
GR 7 B 4 0002: Proclamation du 9 Juin 1802 © Service historique de la Défense

La défaite et l’arrestation de Toussaint (3)

Après plusieurs mois de lutte, Toussaint Louverture est contraint de rendre les armes en mai 1802. Leclerc proclame alors haut et fort la reddition ainsi que des promesses d’amnistie pour les soldats de l’armée ennemie et même pour Toussaint, qui est cependant assigné à résidence.

Le fort de Joux – Lieu de mémoire et de commémoration (1)

De l’assignation à résidence à la déportation et la mort : la fin de parcours de Toussaint Louverture.

Après une ascension fulgurante, Toussaint Louverture est donc contraint de rendre les armes et de se retirer dans ses terres. Malgré ses promesses, le général Leclerc le fait arrêter le 7 juin 1802. Une lettre du 9 écrite par le général de brigade Claudel à Leclerc fait état de son arrestation : « L’âme du parti rebelle ne viendra plus troubler ces belles contrées, Toussaint est arrêté ».
 

Registre de délibération
GR 7 YD 284 0003 : Registre de délibération © Service historique de la Défense
Registre de délibération
GR 7 YD 284 0004 : Registre de délibération © Service historique de la Défense

Le fort de Joux – Lieu de mémoire et de commémoration (2)

L’arrestation est ensuite annoncée à tous les habitants de Saint-Domingue par proclamation et présentée comme une nécessité, car Toussaint Louverture n’aurait pas respecté les conditions de sa reddition.

Le fort de Joux – Lieu de mémoire et de commémoration (3)

Il est déporté dans le Doubs, au fort de Joux, où il est enfermé sans jugement. Malgré de nombreuses lettres à Napoléon Bonaparte, il ne put jamais sortir de sa prison et y mourut un an après son emprisonnement, le 7 avril 1803.

Note de service sur la plaque commémorative
GR 7 YD 284 0005 : Note de service sur la plaque commémorative © Service historique de la Défense
GR 7 YD 284 0002 : Lettre d’Amiot sur les mémoires écrits par Toussaint et qu’il conservait dans son bonnet. © Service historique de la Défense

La postérité de Toussaint Louverture : ses mémoires

Toussaint Louverture après sa mort : qu’en est-il de sa postérité ?

Le combat entamé par l’ancien gouverneur a survécu à sa mort puisqu’en 1804 Saint-Domingue déclare son indépendance. Par les mots également, Toussaint a su préserver son souvenir : il a écrit ses mémoires pendant son emprisonnement et les a dissimulés dans son bonnet jusqu’à sa mort, comme le rapporte le commandant d’armes Amiot, responsable des prisonniers du fort de Joux. Ces mémoires ont participé à la construction du personnage martyr de Toussaint, combattant les inégalités et l’esclavage. Sa figure a été reprise par des auteurs célèbres, tels qu’Alphonse de Lamartine ou Aimé Césaire, et il a été panthéonisé en 1998. De nombreux chercheurs se sont penchés sur son histoire et les travaux récents aident à comprendre les différentes facettes du personnage comme la portée de son héritage. Toussaint Louverture est une figure majeure de la Révolution française, du combat pour l’abolition de l’esclavage et l’indépendance des anciennes colonies, autant dans ses actes que dans leur résonance présente.