Cote
GR/7/N/2583-GR/7/N/2608
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Notice d’archives
1 Rapports des attachés militaires
Dates
1803-1979- Archives de la Guerre (1797-1979, Tome 2 : État-Major des Armées, Directions et Inspections, Gouvernement militaire et région de Paris - GR 7-9N.
- État-Major des Armées, Directions et Inspections, Gouvernement militaire et région de Paris
- ALLEMAGNE
- 1 Rapports des attachés militaires
- [Dossier 1] Rapports et correspondance de l'attaché militaire relatifs à l'année 1927. Compte rendu des visites officielles d'arrivée effectuées par le général Tournès : conversation, le 12 avril 1927, avec Streseman, qui lui déclare : « l'armée allemande n'est pas seulement une armée faible par le nombre, elle l'est surtout parce qu'elle n'a rien de moderne », ni artillerie lourde, ni chars d'assaut ; le service à long terme imposé à l'armée allemande est aussi pour elle « une source de difficultés sérieuses », il faut revenir au service obligatoire d'un an ; l'accueil réservé par le général Heye, successeur du général von Seeckt à la tête de la Heeresleitung, est beaucoup plus froid (17 avril 1927) ; représentation du film der Weltkrieg (avec une notice illustrée) : indifférence du public à Berlin, où l'opinion est en général orientée à gauche (28 mai 1927) ; article de presse résumant un projet élaboré par le Reichswerhrministerium en vue de réorganiser l'armée (2juillet 1927) : relations germano-britanniques : envoi en Grande-Bretagne d'une véritable mission militaire, l'attaché militaire britannique semble avoir reçu des instructions lui prescrivant de rétablir des relations cordiales avec les autorités militaires allemandes (7 juillet 1927) ; la présence des experts et notre intransigeance, opposée à la manière britannique, risquent de nuire à notre intérêt, il vaudrait peut-être mieux être arrangeants sur certaines questions en litige de façon à être fermes sur les questions importantes (7 juillet 1927) ; les Allemands ne comprennent pas, ou feignent de ne pas comprendre, que la com-mission de contrôle puisse se survivre dans la personne des experts, d'autant que les experts italien et britannique partagent leur point de vue (7 juillet 1927) ; l'armée semble avoir disparu de la vie extérieure, publique et officielle de l'Allemagne ; une éclipse aussi complète est suspecte, elle donne l'impression d'une volonté arrêtée de dissimuler l'armée allemande, sans doute pour donner à croire aux étrangers que l'Allemagne est totalement désarmée (7 juillet 1927) ; articles de presse relatifs à la nomination d'attachés militaires et navals allemands à l'étranger, opposant le refus français à ce propos à l'acceptation britannique et italienne ; il y a du côté militaire britannique « une intention arrêtée d'être agréable à l'Allemagne », l'Italie aussi semble « en coquetterie » avec elle ; le « Vorvarts » prétend que l'Angleterre se rapproche de l'Allemagne pour enrôler cette puissance dans une ligue contre la Russie (8 juillet 1927) ; fête du 2 octobre en l'honneur des 80 ans du maréchal Hindenburg (4 octobre 1927) ; l'Allemagne a une armée-cadres de 200 000 hommes, mais pas de réserves, le problème en 1935 au plus tard ne comportera plus de solution acceptable ; aussi vise-t-elle à modifier le systéme militaire imposé par le traité de Versailles, en montrant qu'on n'a pas tenu les promesses de désarmement général et que la France, surtout, continue à s'armer à outrance (5 octobre 1927) ; note au sujet de la thèse allemande sur la limitation des réserves instruites : le but que vise l'Allemagne est de réduire notre puissance de mobilisation (14 octobre 1927) ; le général Heye est suspect à tous les partis de droite et beaucoup d'officiers allemands, restés monarchistes, n'oublient pas sa part déterminante dans la fuite du Kaiser : le 8 novembre 1918 il a déclaré que « l'armée ne marcherait pas contre l'ennemi de l'intérieur sous la conduite des anciens princes » (31 octobre 1927) ; la propagande politique au cours des manœuvres de 1927 : le but de celles-ci est de montrer la Reichswehr, de rapprocher le soldat du cultivateur, de l'homme du peuple ; en outre la propagande reprenant constamment le thème du désarmement unique, imposé à l'Allemagne par le traité de Versailles, ne saurait que faire revivre l'esprit de guerre et surexciter le désir de revanche (3 novembre 1927) ; enseignements tactiques à tirer des manœuvres de 1927 : les Allemands persévèrent dans la voie où ils se sont engagés, ils préparent troupes et cadres aux problèmes de la guerre de mouvement ; cette tactique de mobilité est excellente pour la formation du chef, elle exige des qualités d'intelligence et de caractère qui ne sont pas réclamées au même degré par le thème tactique français (3 novembre 1927) ; l'attaché militaire ne peut à lui seul établir pour l'organisation militaire allemande un bilan aussi complet et aussi varié que celui défini par la D.M. du 18 mars 1922 ; par contre, il peut pénétrer les courants d'opinion qui peuvent avoir une répercussion sur cette organisation, et il donnera des informations sur les élections ou les finances allemandes (30 novembre 1927) ; propagande antifrançaise de la « Kriegskunst » (revue publiée sous l'inspiration directe du Reichswehrministerium) dénonçant les supplices et mauvais traitements qui seraient infligés aux prisonniers allemands, notamment par nos troupes indigènes (2 décembre 1927). [Dossier 2] Rapports relatifs à l'année 1928. Malgré la campagne de presse de gauche contre le Reichswehrministerium entièrement inféodé aux partis de droite, il semble que celui-ci reste dans l'Allemagne d'aujourd'hui la puissance essentielle, le véritable moteur de la politique allemande (5 janvier 1928) ; la presse française a lancé la thèse facile des deux Allemagne, la bonne Allemagne aux intentions pacifiques, celle des partis de gauche, et la mauvaise Allemagne aux intentions guerrières, celle des partis de droite : « N'y aurait-il pas plutôt une seule Allemagne, mais une Allemagne à deux visages : l'un souriant serait tourné vers l'extérieur ; l'autre respire la haine et la vengeance, c'est celui de l'Allemagne intérieure qui prépare les luttes à venir » (janvier 1928) ; la désignation du général Groener comme ministre de la guerre est essentiellement l'œuvre du maréchal Hindenburg, il poursuivra avec plus d'habileté que son prédécesseur l'œuvre entreprise par le général von Seeckt (25 janvier 1928) ; situation financière de l'Allemagne (6 février 1928) ; en s'appuyant sur un ouvrage du Service historique français, la presse allemande parle d'un projet que nous aurions eu, avant la guerre de 1914, de violer la neutralité suisse en nous emparant de la gare allemande de Bâle (20 février 1928) ; les prochaines élections seraient marquées par un succés de la gauche, le social-démocrate allemand n'est, en politique, ni un rêveur, ni un révolutionnaire, c'est un réalisateur ; un gouvernement de gauche nous réclamera aussi énergiquement qu'à droite l'évacuation de la Rhénanie et la faculté d'augmenter l'armée (fin février 1928) ; développement d'une propagande cinématographique habilement menée par les nationalistes, qui atteint profondément la masse, mais les électeurs allemands sont mus avant tout dans leurs votes par le souci de leurs intérêts matériels (7 mars 1928) ; conférence du général von Seeckt sur l'armée de l'avenir (10 avril 1928) ; réflexions sur l'évolution des relations germano-russes, à propos de la nomination d'un nouvel attaché militaire russe à Berlin : les partis de droite allemands se sont toujours appuyés sur la Russie dans leur politique contre la France, au contraire les sociaux-démocrates, dont les pires ennemis sont les communistes, « font preuve vis-à-vis de Moscou d'une véritable animosité » (31 mai 1928) ; les élections du 20 mai 1928, marquées par un succès de la gauche entraîneront une évolution sensible de la politique allemande dans l'ordre intérieur comme dans l'ordre extérieur : « Elles nous assurent, selon toutes probabilités, une période de quatre années où l'Allemagne ne se lancera pas dans une aventure guerrière » (31 mai 1928) ; le général von Seeckt reprend dans ses articles des thèmes déjà développés par lui, notamment sur l'armée française où l'abondance du matériel aurait pour but de pallier les déficiences du moral ; renseignements sur la carrière du général (9 juillet 1928) ; étude sur l'aviation allemande (17 septembre 1928) ; plaintes allemandes contre un discours du général Guillaumat, campagne de toute la presse allemande pour obtenir l'évacuation immédiate et sans com-pensation de la Rhénanie (17 septembre 1928) ; admission des hommes de troupe dans le corps des officiers (30 octobre 1928) ; le haut commandement de l'armée allemande (fin 1927-fin 1928) : Hindenburg, Groener, Heye, Seeckt. Ce dernier reste l'inspirateur, le maître ; il a lancé un appel à la confiance en la renaissance de l'armée allemande, au moment où l'adoption en France du service militaire d'un an est considérée comme le signe de notre abdication militaire (31 octobre 1928) ; exposition internationale aéronautique à Berlin : les Allemands ont plusieurs années d'avance sur nous dans le domaine des appareils de transport à grande distance (30 octobre 1928) ; voyage de personnalités militaires allemandes en Espagne : il aurait pour but de resserrer encore les liens, déjà étroits, entre les armées espagnole et allemande (13 novembre 1928) ; propagande du général von Seeckt pour le réarmement de l'Allemagne : il a provoqué un mouvement de l'opinion publique en faveur d'une augmentation de la puissance militaire allemande (15 novembre 1928) ; la crise parlementaire et ministérielle provoquée par la question du croiseur cuirassé semble maintenant résolue ; elle montre l'influence considérable du Reichswehrministerium et du général Groener : « Groener souffia sur le Reichstag, qui n'osa plus rien dire » (16 novembre 1928) ; progrès considérables et concentration dans l'industrie automobile allemande (17 novembre 1928) ; manœuvres du 14e R.I. : les thèmes des exercices ont été empruntés uniquement à la guerre de mouvement, avec étude du combat de rencontre, franchissement d'une rivière sous la protection d'un brouillard artificiel (20 novembre 1928) ; la mission militaire allemande en Espagne aurait pour objet principal de faire adopter par l'armée espagnole un matériel d'artillerie Krupp entièrement nouveau (26 novembre 1928) ; des relations étroites se maintiennent entre le Reichswehrministerium et l'état-major russe sans qu'on puisse dire jusqu'à quel point est poussé, entre les deux puissances, l'entente militaire.(26 novembre 1928) ; entretien avec le général Heye : les questions qui, en définitive, divisent la France et l'Allemagne, sont : le soutien français à la Pologne, le règlement financier (« l'Allemagne ne peut pas payer »), l'occupation de la Rhénanie (30 novembre 1928) ; exercices militaires pratiqués par des associations politiques d'extrême droite (hitlériennes) : ces agissements sont favorisés par la forte proportion (50 %) parmi les fonctionnaires de haut rang prussiens, de monarchistes, populistes et nationalistes hostiles au régime actuel et provenant sans doute des cadres en activité avant la révolution de 1918 (10, 14 et 26 décembre 1928) ; la presse allemande manifeste de l'inquiétude devant l'éventualité d'un conflit polono-russe, qui pourrait entraîner une conflagration générale dans l'est européen, mais l'Allemagne ne pourrait-elle y trouver une occasion de récupérer le corridor et peut-être d'autres territoires perdus à sa frontière de l'Est (14 décembre 1928) ; dénonciation de la fabrication illicite d'obus à gaz par des députés communistes, qui déposent sur la tribune du Reichstag un gros obus à gaz (14, 21 décembre 1928 et 6, 23 février 1929) ; la ligue des officiers allemands manifeste publiquement son hostilité à la constitution légale du Reich ; il est probable que le maréchal Hin-denburg ne démissionnera pas de cette ligue, pas plus qu'il n'a abandonné le Stahlhelm (19 décembre 1928) ; manifeste du parti socialiste relatif aux pro blèmes de la défense nationale : il réclame le désarmement général et, si les pays étrangers s'y refusent, la faculté pour l'Allemagne de se pourvoir d'un armement équivalent à celui de ses voisins ; au total, en matière de politique extérieure et à la forme près, un programme qui n'est pas différent de celui des « deutsch-nationaux » (28 décembre 1928).
- Rapports et correspondance de l'année 1929. Manœuvres des pontonniers allemands sur le Danube en 1928 : « pénétrés des dures leçons qu'ils ont reçues sur la Marne en juillet 1918 » du fait des attaques de notre aviation, leur tactique du lancement des ponts est déterminée avant tout par la nécessité de se soustraire aux attaques aériennes (7 janvier 1929) ; le programme socialiste de défense nationale ne s'inspire d'aucune velléité de réaliser une réforme militaire sérieuse et n'est probablement rien d'autre qu'une manœuvre de politique intérieure : le parti socialiste ne peut vraiment pas se refuser à reconnaître la nécessité d'une armée, sa fraction parlementaire votera le budget et s'assurera ainsi un répit d'un an (10 janvier 1929) ; budget type d'un attaché militaire et d'un officier adjoint : 2200 marks par mois, soit 13 200 Francs, à condition qu'on ne lui réduise pas son traitement pendant sa permission (16, 18 janvier 1929) ; resserrement des rapports militaires russo-allemands : l'État-major allemand se préoccupe de plus en plus d'être en état d'intervenir fructueusement dans un conflit qui viendrait à éclater entre la Russie et la Pologne (18, 22 janvier 1929) ; arrivée d'une nouvelle mission militaire espagnole composée d'officiers d'artillerie, pour favoriser la formation en Espagne d'un corps d'officiers techniciens de l'artillerie (18 janvier 1929) ; vives attaques de la presse allemande à la suite de la condamnation d'un officier danois pour espionnage au profit de la France (21 janvier 1929) ; avec un gouvernement fort, une armée dévouée aux institutions républicaines, l'agitation entretenue par le Stahlhelm ne serait pas inquiétante ; mais le gouvernement est faible, la Reichswehr est tout entière inféodée aux partis de droite : la campagne du Stahlhelm peut provoquer des incidents désagréables (25 janvier 1929) ; la volonté du général Groëner de rajeunir le commandement a été suivie d'effet : les généraux de brigade seront renouvelés en moins de deux ans et les colonels en deux ans et demi (14 février 1929) ; le chef de la section de la Société des Nations au Reichswehrministerium prononce dans une conférence des attaques contre Briand et la France ; l'esprit de revanche qui inspire ce discours est conforme à celui qui anime le Reichswehr-ministerium (14 février 1929) ; voyage du général Heye qui restera trois semaines au Chili ; son but est de resserrer les liens traditionnels entre les armées chilienne et allemande (14 février, 15 avril 1929) ; l'Allemagne a 62 410 619 habitants : répartition de la population par pays, professions, langues, religions ; étudiants, effectifs des classes à partir de 1930 (10 février 1929) ; le maréchal Hindenburg soutient le Stahlhelm ; le malaise politique actuel (dû à l'égoïsme des partis, aux difficultés économiques), crée une mauvaise ambiance : l'opinion, par antiparlementarisme, est prête à suivre le Stahlhelm dans sa campagne pour réformer la constitution (27 février 1929) ; les commentaires de la presse allemande sur l'épidémie de grippe sévissant dans notre armée du Rhin, s'appesantissent sur les accusations d'inhumanité portées contre notre commandement et nos officiers ; la presse de droite et celle de gauche font également le procès de notre militarisme-avec caricatures de presse (2, 3, 15 avril 1929) ; l'abstention des autorités officielles, l'attitude hargneuse de l'opinion publique en face du deuil ressenti par la France à la mort du maréchal Foch, est caractéristique de la mentalité actuelle de l'Allemagne, délibérément ancrée dans son hostilité contre nous (3 avril 1929) ; voyage en Russie du chef du 2e bureau du Reichswehrministerium, annulé après les troubles du 1er mai à Berlin (3 avril, 2 juillet 1929) ; la suppression des manœuvres d'automne dans l'armée allemande a pour objet de soulever l'opinion publique en lui rendant manifeste les effets des exigences financières des créanciers de l'Allemagne (28 avril 1929) ; renseignements sur la Schutzpolizei prussienne : recrutement, instruction, organisation (30 avril 1929) ; à propos d'un article en réponse à une étude de Pierre Renouvin sur la question des responsabilités de la guerre : après avoir présenté la guerre comme un phénomène de génération spontanée (cf. le film : der Weltkrieg en 1927), l'opinion publique allemande en arrive à proclamer la culpabilité de la France (1er mai) ; discours au congrès du Stahlhelm à Kônisgberg (11 mai 1929) ; l'émeute tentée par les communistes berlinois, du 1er au 4 mai, n'a eu à aucun moment l'importance que la presse de toutes nationalités s'est plu à lui donner, la faiblesse du gouvernement socialiste prussien a causé probablement plus de victimes que n'en eût fait une action résolue (13,14 mai 1929) ; tracasseries auxquelles est soumis l'attaché militaire : « il est temps que la question des réparations finisse, l'opinion publique est ici dans un état d'exaspération contre nous qui ne laisse pas, à la longue, d'être pénible » (17 mai 1929) ; en raison des conditions de recrutement et de l'instruction générale qui leur est dispensée comme complément de leur éducation militaire, on peut dire que la plus grande partie des hommes libérés par la Reichsheer constituent d'excellents officiers de réserve (22 mai 1929) ; note sur l'esprit du scoutisme allemand : les enfants sont élevés dans l'esprit monarchiste et l'idée de revanche (27 mai 1929) ; à propos du congrès socialiste de Magdeburg : le parti socialiste est incontestablement pacifique ; mais pour international qu'il se prétende, il a le sens national aussi développé que celui des autres partis allemands, on ne saurait s'étonner que tout en affirmant sa volonté de paix, il se préoccupe d'assurer la défense nationale (31 mai 1929) ; les rapports militaires germano-hongrois sont cordiaux, mais ils n'en sont pas encore au stade de la convention militaire, ni aussi étroits que les rapports germano-russes (10 juin 1929) ; considération sur la succession éventuelle du maréchal Hindenburg : le nouveau régime n'est pas encore parvenu en Allemagne à un stade de parfaite consolidation, notamment à cause de la Reichswehr, tout entière inféodée aux partis de droite et complètement monarchiste de cœur ; augmentation du nombre des partisans d'Hitler (24 juin 1929) ; discours du général Groener affirmant le droit de l'Allemagne à réarmer si les autres puissances ne désarment pas ; le général Groëner a toujours été regardé avec méfiance par le corps d'officiers de la Reichswehr, dont le général von Seeckt reste le maître intellectuel, l'inspirateur (27 juin 1929) ; 10e anniversaire de la signature du traité de Versailles : journée de protestation contre le traité, services religieux solennels de commémoration : « à voir le mysticisme de nombreux manifestants, l'espèce de fureur sacrée qui les animait, j'ai compris toute la haine, toute la rancune qui couve encore au plus profond de bien des cœurs allemands » (3 juillet 1929) ; propagande allemande contre la Légion étrangère (22 juillet 1929 ; célébration à Berlin du 10e anniversaire de la Constitution de Weimar, les 10 et 11 août. Les autorités ont réussi à donner à ces deux journées un caractère populaire, mais ces manifestations ne permettent pas de conclure au ralliement sincère et profond de la population berlinoise au régime républicain (19 août 1929) ; voyage en Allemagne du général-inspecteur général de l'armée chilienne (20 août 1929) ; étude sur la presse allemande, établie par l'ambassade de France (juin) ; les nomina-tions d'officiers généraux confirment la volonté du général Groener de rajeunir à l'extrême le haut commandement allemand ; le général Blomberg serait le successeur du général Heye (12 septembre 1929) ; comme exemple de la violente campagne d'excitation contre la France poursuivie depuis la conférence de La Haye : caricature d'un journal berlinois représentant le président de la République décorant un tirailleur sénégalais pour « dix attentats contre les mœurs exercés sur des femmes des régions occupées » (27 septembre 1929) ; danger que constitue encore pour nous l'Allemagne, exigences militaires à prévoir de sa part (27 septembre 1929) ; l'opinion publique en Allemagne après la conférence de La Haye : satisfaction du gouvernement et des partis gouvernementaux (évacuation de la Rhénanie, plan Young qui constitue un allègement financier sensible), mécontentement extrême de la droite (consolidation du régime républicain), le parti Hitler est beaucoup plus agissant que les années précédentes (3 octobre 1929) ; en réponse à la campagne contre Stresemann, le gouvernement essaie de déconsidérer le parti nationaliste (3 octobre 1929) ; mort de Streseman, avec lui l'Allemagne perd le seul de ses hommes d'État capable de mener une politique étrangère suivie et soustraite dans la mesure du possible aux contingences de la politique intérieure ; sa disparition est particulièrement regrettable au moment où il s'agit de faire exécuter les accords de Paris et de La Haye (3 octobre 1929) ; la présence du chef du 2e bureau allemand aux manœuvres russes d'Ukraine prouve une fois de plus les rapports étroits qui continuent à unir la Reichswehr à l'armée russe ; endurance remarquable des troupes russes due à leur recrutement paysan, mais aussi à leur long séjour dans les camps d'instruction (9 octobre 1929) ; l'Allemagne désire moins contraindre ses voisins à désarmer encore davantage, que recouvrer pour elle-même la faculté de réarmer ; elle veut augmenter son armée et la pourvoir d'un matériel moderne (28 octobre 1929) ; envoi d'un dossier relatif à l'exercice des pionniers de la Reichsheer exécuté sur l'Elbe au mois d'août : rapidité dans le lancement des ponts grâce à la motorisation des bateaux, emploi intensif de la fumée (29 octobre 1929) ; la nomination comme chef du Truppen-Amt du général von Hammerstein-Équard, qui appartient aux milieux allemands les plus nationalistes, nous éclairerait, s'il en était besoin, sur les préférences politiques de la Reichswehr (2 novembre 1929) ; inquiétudes de l'ambassadeur, de Margerie, sur l'avenir des relations franco-allemandes. L'Allemagne ne veut pas s'entendre avec la France parce qu'elle sait très bien que nous ne paierions jamais le prix qu'elle exige pour une entente ; n'acceptons sous aucun prétexte que l'Allemagne reconstitue sous une forme quelconque sa puissance militaire (2 novembre 1929) ; dans son dernier ouvrage, L'avenir du Reich, le général von Seeckt estime que l'Allemagne devra avoir recours à la force pour trouver une solution aux problèmes qui sont impossibles à régler pacifiquement (12 novembre 1979) ; opinion sur la situation économique de l'Allemagne : il faut écarter tout pessimisme partial ; indices du coût de la vie (9 décembre 1929) ; rapport sur » les idées du haut commandement allemand sur les armées étrangères » (4 décembre 1929) ; opinion sur l'éventualité d'un coup de force en Allemagne, qui serait prochainement exécuté par le Stahlhelm et les nationaux-socialistes en vue de l'établissement d'une dictature de droite (19 décembre 1929) ; un général estime que l'émeute communiste, préparée par Moscou, serait sur le point d'éclater, il a donc l'intention de se mettre à la tête d'un mouvement d'anciens officiers et de prendre les armes pour rétablir l'ordre. L'Allemagne traverse une crise grave dont on ne voit pas encore la solution possible (21 décembre 1929) ; les questions politiques au récent congrès catholique franco-allemand de Berlin (28 décembre 1929).
- Rapports et correspondance relatifs à l'année 1930. Grand succès de la pièce : « l'affaire Dreyfus » jouée dans un quartier populaire de l'est berlinois (3 janvier 1930) ; le désir de rapprochement manifesté par le général Groëner, dans une conversation avec l'attaché militaire, est-il sincère ? (10 janvier 1930) ; la situation politique allemande reste actuellement obscure et troublée (15 janvier 1930) ; la situation économique allemande est saine : la dépression actuelle est plus psychologique que réelle (31 janvier 1930) ; analyse d'un livre allemand sur le désarmement, violente diatribe contre la volonté française de ne pas désarmer (4 février 1930) ; échange de documents historiques sur la bataille de la Marne en 1914 (4 février, 19 avril 1930) ; à propos de la projection d'un film de propagande soviétique : recrudescence de la propagande communiste (18 février 1930) ; l'Allemagne, peu de temps après l'évacuation de la Rhénanie, réclamera l'abolition d'un statut militaire qui lui a été imposé par le traité de Versailles, en revenant au service militaire général obligatoire et en se pourvoyant d'un matériel militaire moderne : avions, chars de combat, artillerie lourde. Si nous devions faire des concessions à l'Allemagne, c'est à propos de cette question de matériel moderne qu'elles auraient les moins dangereux effets (11 mars 1930) ; à la foire technique de Leipzig, le hall des machines-outils est vraiment remarquable (11 mars 1930) ; en ratifiant le plan Young, le 12 mars, le maréchal von Hindenburg a singulièrement éclairci la situation en Allemagne : la détente ainsi provoquée sera-t-elle durable ? (18 mars 1930) ; un rapprochement militaire entre l'Allemagne et l'Italie semble peu probable actuellement, mais la situation pourrait changer si un gouvernement de droite arrivait à s'établir en Allemagne (26 mars 1930) ; le vote du plan Young a suscité, devant le Reichstag, des débats très animés, même l'orateur du Centre, modéré, a marqué des réserves importantes sur le plan Young (28 mars 1930) ; situation ethnique du corridor polo-nais, courants d'immigration et d'émigration-carte (16 avril 1930) ; le nouveau cabinet Bruning est issu d'un profond mouvement de réaction, il doit éveiller toute notre vigilance ; l'Allemagne traverse une crise de mécontentement contre la social-démocratie qui l'a mal administrée et mal gouvernée (22 avril 1930) ; publications injurieuses pour l'armée française (28 avril 1930) ; avec la diminution saisonnière du chômage, il faut compter normalement sur une amélioration sensible de la situation économique de l'Allemagne (6 mai 1930) ; visite des usines Junkers, la puissance des moteurs de l'avion géant J 38 va être portée de 2 000 à 2 400 chevaux (28 mai 1930) ; l'opinion publique est maintenant beaucoup plus favorable à l'armée, grâce à l'influence de la propagande des nationalistes ; celle des communistes dans la Reichswehr a complètement échoué (6 juin 1930) ; l'opinion publique allemande et l'évacuation de la Rhénanie : les cérémonies officielles célébrées à cette occasion dans toute l'Allemagne ont eu lieu avec le concours unanime et enthousiaste de la population (2 juillet 1930) ; note au sujet des incidents survenus en Rhénanie après notre départ (9 juillet 1930) ; les attachés français et polonais ne seront pas invités aux grandes manœuvres allemandes (10 juillet 1930) ; crise politique en Allemagne (23 juillet 1930) ; divers indices semblent prouver l'existence de sections militaires de pilotage (23 juillet 1930) ; des pourparlers seraient en cours pour l'achat d'un châssis Citroën sur chenille Kegresse (28 juillet 1930) ; le général von Seeckt serait candidat aux élections du 14 septembre : certains milieux politiques allemands voient en lui le successeur éventuel du maréchal Hindenburg (12 août 1930) ; article violent de la presse hitlérienne contre la politique française (13 août 1930) ; succès allemand au second circuit international européen, dû à la qualité des moteurs : il faut espérer que notre industrie aéronautique saura se ressaisir à temps et qu'elle ne risquera pas, par sa passivité, de se laisser évincer un jour par les firmes d'Outre-Rhin (13 août) ; « Les plans de guerre du ministère des Affaires étrangères », article pacifiste paru dans le « Welt am Abend »(13 août 1930) ; article d'un hebdomadaire populiste relatif à la candidature du général von Seeckt aux élections du 14 septembre 1930 (18 août 1930) ; le film sur l'affaire Dreyfus (brochure illustrée jointe), réalisé grâce à l'apport de capitaux fournis par des israélites et dont la plupart des auteurs seraient israélites, est destiné à démontrer la partialité systématique dont les juifs sont les victimes ; il est réellement désagréable pour nous (18 août 1930) ; le général von Hammers-tein s'oppose à ce que les attachés militaires français, belge et polonais assistent aux manœuvres allemandes, en raison de l'excitation de l'opinion publique contre la France et de « l'hostilité de la Reichswehr » ; en fait, la direction des affaires militaires passe aux violents, aux généraux prêts à favoriser une dictature ou un coup d'éclat, tels von Hammersteinet von Schleicher. L'équipe nouvelle, qui arrive à la tête de l'état-major allemand, se caractérise par la haine de la France et de la Pologne, le désir d'effectuer un rapprochement encore plus intime avec la Russie, une collusion complète avec les éléments les plus violents des partis de droite (26 août 1930) : la Reichswehr tout entière, depuis le général Groener jusqu'au dernier tambour, est animée de la plus violente hostilité contre nous et contre la Pologne ; toutes les armes sont bonnes pour exciter contre nous l'opinion publique allemande ; cet état d'esprit s'accentue plus que jamais (28 août 1930) ; le successeur du général Heye sera le général von Hammerstein (10, 23 septembre 1930) ; rapports de la Reichsheer avec l'armée russe : des officiers russes font des stages en Allemagne et le Reichswehrministerium verserait annuellement à la Russie une somme de 200 millions de marks pour l'entretien des écoles et des usines ; « je suis convaincu qu'il existe une convention militaire réglant la coopération des deux pays en cas de guerre » (17 septembre 1930) ; aux élections du 14 septembre, les résultats des nationaux-socialistes ont dépassé toutes les prévisions : l'hypothèse d'un coup d'état fasciste ne doit pas être exclue (17 septembre 1930) ; envoi d'un article au directeur de la « Revue des Deux Mondes » : « J'ai été étonné beaucoup moins du succès des Hitlériens que de l'exaspération avec laquelle les catholiques ont mené la lutte contre la social-démocratie... Il est temps que l'opinion française s'éveille de cette chimère de la réconciliation et de l'entente » (18 septembre 1930) ; à propos des récentes manœuvres de la Reichswehr : la troupe, soldats et sous-officiers, les officiers subalternes, paraissent complètement gagnés au national-socialisme. Si le maréchal von Hindenburg venait à démissionner, la Reichswehr prendrait tout de suite parti pour les nationaux-socialistes si ceux-ci tentaient un coup d'État (24 septembre 1930) ; les grandes manœuvres allemandes de septembre 1930, avec photographies et extraits de presse (15 octobre 1930) ; la situation politique en Allemagne après la rentrée du nouveau Reichstag : si les extrémistes de droite tentent un coup d'État, quelle sera l'attitude de la Reichswehr ? (9, 15, 23 octobre 1930) ; réceptions officielles à l'occasion du départ du général Tour-nès de Berlin : comme le général Heye il y a deux ans, le général von Hammers-tein expose l'impossibilité d'un rapprochement franco-allemand en faisant du réarmement de l'Allemagne la condition sine qua non d'une entente avec nous : depuis dix-huit mois, il était prévisible que la revendication essentielle de l'Allemagne serait, très peu de temps après l'évacuation de la Rhénanie, le rétablissement de sa puissance militaire (10 novembre 1930) ; « note sur un avenir possible des relations franco-allemandes considérées d'un point de vue militaire » : le dissentiment entre les deux pays est essentiellement grave puisqu'il oppose des intérêts vitaux, ce n'est pas en désarmant davantage que nous maintiendrons plus aisément l'Allemagne « dans l'observance des traités » ; le premier but de notre politique militaire est de réussir à y maintenir l'Allemagne jusqu'en 1934 ou 1935, date à laquelle il n'y aura plus aucun homme instruit au cours de la guerre 1914-1918 et apte à figurer comme réserviste dans les troupes de campagne ; nous n'avons pas suffisamment marqué, dans le ton, notre ferme volonté de ne rien céder sur certains points définis (18 novembre 1930) ; selon un document anonyme (provenant des cercles pacifistes ?) des manœuvres avec aviation auraient lieu en février 1931 (25 novembre 1930) ; article de la « Berliner Tribune », du 22 novembre : « Tournès s'en va-Chapouilly arrive » (27 novembre 1930) ; transmission d'une note où un industriel allemand, Arnold Rechberg, parle à nouveau de ses projets de rapprochement militaire franco-allemand (27 novembre 1930) ; à la suite de violentes manifestations des nationaux-socialistes, suspension de la projection du film « A l'Ouest rien de nouveau » (10 décembre 1930) : la situation politique allemande est marquée par la faillite du régime parlementaire ; l'autorité est détenue par le président d'Empire « qui gouverne avec deux hommes : le chancelier Bruning et le général von Schleicher » (10 décembre 1930) ; manœuvres d'hiver de la Reichsheer-avec coupures de presse et carte (23 décembre 1930).
- Rapports et correspondance de janvier à juillet 1931. Brochure de propagande militaire (12 janvier 1931) ; conversations avec Arnold Rechberg, qui milite pour un rapprochement entre l'Allemagne et la France, article à ce sujet dans « l'Ere Nouvelle » (19 janvier 1931) ; indices d'une collusion militaire german soviétique (20 janvier 1931) ; d'après l'attaché militaire polonais à Berlin, au point de vue politique intérieure, l'Allemagne est nettement orientée vers une réaction de droite, les partis modérés perdent du terrain ; en politique extérieure « le rapprochement avec l'Italie devient à chaque session européenne plus manifeste » (20 janvier 1931) ; manifestations officielles à l'occasion du 60e anniversaire de la fondation de l'Empire allemand, la presse insiste sur la nécessité pour l'Allemagne d'obtenir le désarmement de ses voisins ou la révision des conditions militaires sous lesquelles elle étouffe (20 janvier 1931) ; la politique commerciale, de l'Allemagne depuis le 10 janvier 1925 (21 janvier 1931) ; instructions officielles données à l'armée allemande pour qu'en raison de la crise économique elle vienne en aide à la population civile (21 janvier 1931) ; demandes d'interpellations du parti communiste « au sujet de la participation d'officiers de la Reichswehr à des plans de révolution faciste » et de l'état d'alerte permanent dans lequel se trouve la Reichswehr (26 janvier 1931) ; au sujet de la propagande destinée à entretenir dans le peuple allemand la conviction de la non-responsabilité, devant l'histoire, de l'Allemagne dans la déclaration de guerre : exemplaire d'un journal cinématographique consacré au film : « 1914, les derniers jours avant l'incendie mondial » (27 janvier 1931) ; envois d'or russe à Berlin (27 janvier, 11, 17 février, 3 mars 1931) ; le général von Seeckt est « le grand protagoniste du rapprochement avec les Soviets », et le partisan d'une collaboration étroite « à l'extérieur » avec eux, tout en réclamant une lutte acharnée contre le bolchevisme (3 février 1931) ; situation politique de l'Allemagne à la veille de la réunion du Reichstag du 3 février (2 février 1931) ; la ligue du droit de l'homme d'Allemagne a organisé une réunion pour protester contre l'interdiction, par le gouvernement du Reich, du film de Remarque : « A l'Ouest rien de nouveau » ; l'assistance, en grande majorité israélite, a vigoureusement applaudi les passages les plus pacifistes (3 février 1931) ; la présence de certains officiers allemands à une réception chez l'attaché militaire italien confirmerait l'hypothèse que des relations suivies existeraient entre les armées allemande et italienne en ce qui concerne les fabrications de matériel de guerre (9 février 1931) ; campagne de presse en faveur de la défense aérienne, déclenchée dès la nouvelle de la nomination du maréchal Pétain aux fonctions d'inspecteur général de la défense aérienne (14 février 1931) ; des articles de presse allemande examinent si l'abaissement, en France, du temps de service à un an, est un pas vers le désarmement-« avant que cette thèse ne joue contre l'Allemagne à Genève » ; la conclusion est qu'il n'y a pas désarmement mais modification des armements (19 février 1931) ; manifestations organisées par l'association Reichsbanner Noir-Rouge-Or, défilés des nouvelles formations pour prouver qu'elles « sont prêtes à marcher contre les ennemis elle la République » ; historique (depuis 1924) de cette organisation républicaine d'anciens soldats fondée pour faire contre-poids aux opinions radicales de droite ou de gauche ; elle s'est constituée en trois formations distinctes : « Jungbo », « Schufs », et « Stafo » ; les manifestations du Reichsbanner ont lieu dans toute l'Allemagne, des incidents sont provoqués par les nazis ou les communistes (23, 24 février 1931) ; discours d'un porte-parole de la droite, rappelant les succès obtenus (interdiction du film de Remarque, autorisation à nouveau des casques d'aciers, organisation à Berlin d'une tète de la fondation de l'Empire) et proclamant la nécessité pour l'Allemagne de s'armer librement : les journaux démocrates commentent ce discours en écrivant que l'on ne peut plus sûrement torpiller la conférence du désarmement qu'en réclamant actuellement pour l'Allemagne des armements nouveaux (23 février 1931) ; une perquisition au siège des détachements d'assaut hitlériens à Berlin montre l'influence dans l'armée des organisations nationalistes (23 février 1931) ; les attaques contre la France sont journalières dans le « Vôlkischer Beobachter », organe de Hitler ; on groupe sur la même page tous les articles antifrançais, sous une même rubrique : » la France éternelle »-cf. numéro du 18 février (24 février 1931) ; le Maréchal Hindenburg poursuit la tâche d'union à laquelle tous rendent hommage et qui le rend si populaire (24 février 1931) ; un important groupement d'industriels et de chefs d'entreprise allemands se rend en Russie, succédant aux industriels anglais ; la question du renouvellement du traité de commerce germano-russe se pose dès maintenant ; les Russes cherchent à allécher les ouvriers étrangers des pays où le chômage sévit (24, 28 février 1931) ; la presse souligne la nécessité de défendre Berlin contre un bombardement aérien ; les autorités, sous prétexte de mesures à prendre en cas d'accident, commencent à établir le plan de défense antiaérienne de la ville (25 février 1931) ; propositions concernant la vente de pistolets que Napoléon aurait donnés à Kléber-avec extrait de presse illustrée (26 février, 13 mars 1931) ; circulaire du général Groe-ner : la solidité d'une armée repose sur une obéissance sans restriction. Des soldats qui, avant d'exécuter des ordres, veulent juger si ceux-ci correspondent bien à leurs propres opinions, « ne valent même pas un coup de fusil » De semblables idées ne sont que les premiers stades menant à la mutinerie (2 mars 1931) ; article de presse : « la chaîne de fortifications contre l'Allemagne » ; les Hollandais eux-mêmes ayant été accusés de ne vouloir fortifier que pour mieux enserrer l'Allemagne dans un anneau de fer, « nous ne devons pas nous arrêter à cette propagande » (2 mars 1931) ; les relations commerciales germano-russes sont en progrès : augmentation de 28 % des commandes soviétiques en Allemagne portant surtout sur des installations pour l'industrie lourde (3 mars 1931) ; conversation avec Arnold Rechberg ; il expose à nouveau son plan de rapprochement franco-allemand : à une Europe faible, menacée par le bolchevisme de la Russie asiatique et l'impérialisme mondial américain, il faut que succède une Europe forte et pacifiquè-« généreuses utopies » ? (3 mars 1931) ; article de W. d'Or-messon dans le « Berliner Tageblatt » : pour le publiciste français, les élections du 14 septembre ont eu un effet déplorable en France et ont ruiné les efforts de rapprochement entre les deux pays ; il faut conjurer les dangers sociaux de la crise mondiale et rétablir une base de confiance générale (3 mars 1931) ; résultats d'élections communales : les partis extrémistes de droite et de gauche continuent à gagner du terrain au détriment des partis modérés, l'état d'esprit du 14 septembre ne fait donc que s'accentuer, ce qui est normal, le nombre des chômeurs ayant augmenté et les succès des partis extrémistes étant surtout fonction du mécontement (3 mars 1931) ; le budget de la défense nationale sera-t-il voté par les socialistes démocrates ? S'ils votent les crédits, ils assurent la stabilité gouvernementale mais ils renient leur doctrine et les communistes en profiteront pour leur reprocher cet écart et faire campagne contre eux (3 mars 1931) ; propagande du docteur Schacht contre la poursuite du paiement des réparations par l'Allemagne (3 mars 1931) ; propagande antifrançaise : la campagne de critique en France contre le système militaire français n'est qu'un habile camouflage des armements, l'armée française n'a pas un caractère purement défensif ; le maréchal Pétain s'occupe lui-même de la D.A.T., le général Weygand a donné une impulsion personnelle au cours des manœuvres de Lorraine où furent étudiées la couverture sur de grands fronts et l'emploi d'unités motorisées (28 février 1931) ; la campagne de presse contre les décisions de la conférence préparatoire de désarmement continue (9 mars 1931) ; la fabrication des armes allemandes en Suisse n'est pas chose nouvelle, mais elle semble prendre une importance de premier ordre et peut-être donner des premiers indices de constitution de stocks de matériel de guerre (9 mars 1931) ; la presse allemande semble reprendre une campagne pour que la question de la culpabilité de la guerre soit réglée en même temps, sinon avant la réunion de Genève de 1932 ; l'entente entre la France et l'Allemagne, traitées sur le même pied, ne sera possible que lorsque les ferments de méfiance auront disparu (10 mars 1931) ; le haut commandement allemand vu par l'attaché militaire lors d'une réception chez le général von Hammerstein (10 mars 1931) ; il est intéressant de constater que le chiffre des sans-travail est tombé de 4 991 000 à 4972 000, est-ce le signe d'une reprise de certaines industries ? (11 mars 1931) ; la délégation des industriels allemands en Russie est rentrée aujourd'hui à Berlin, fort satisfaite ; les commandes russes profiteraient surtout à l'industrie lourde et aux installations électriques (11, 23 mars 1931) ; déclarations d'un Français établi en Russie : le plan de 5 ans est considéré par tous les Russes sérieux comme un bluff à l'égard de l'Europe, il y a une consommation considérable de machines-outils ou de locomotives, mises au rebut au lieu d'être réparées comme avant et surtout pendant la guerre (14 mars 1931) ; le croiseur cuirassé B a été voté par les membres de la Commis-sion des crédits pour la Marine, sociaux-démocrates compris, mais non par les communistes qui ont traité ces derniers de députés sans volonté (16 mars 1931) ; le général Groener vient d'adresser une deuxième circulaire, à l'occasion du procès de Leipzig, qui témoigne du trouble existant dans le corps des jeunes officiers allemands, et d'une certaine timidité de la part du chef de l'armée : « l'ins-trument d'avant-guerre n'a plus les mêmes qualités d'obéissance aveugle et son chef ne commande plus. Il prêche ». (16 mars 1931) ; l'Allemagne continuera longtemps à chercher à réaliser tous les bénéfices que peut lui assurer sa situation en Europe centrale, tendant la main à l'Ouest en criant misère, tandis qu'à l'Est elle vend son outillage industriel et prête ses ingénieurs comme ses ouvriers et ses officiers. « La Russie reste sa colonie » (16 mars 1931) ; accueil courtois d'un public mondain à une conférence du sénateur de Jouvenel sur « France et Allemagne » (18 mars 1931) ; conférence pacifiste pour protester « contre le budget de la Reichswehr » devant un public populaire (20 mars 1931) ; discours au Reichstag d'un député communiste : les communistes sont les seuls à donner aux masses ouvrières une image complète des armements allemands : « les sol-dats devront choisir entre Groener, Hitler ou une Allemagne soviétisée dans laquelle tous les pactes internationaux du capital, qui nous rendent esclaves, ne seront plus qu'un chiffon de papier » (21 mars 1931) ; exemplaire d'un illustré de Berlin contenant un article sur le travail de récupération des morts à Verdun (23 mars 1931) ; la situation politique après le vote du budget de la guerre : l'évolution se fera au détriment des sociaux-démocrates ; « dans l'Allemagne nerveuse d'aujourd'hui, violente et brutale, où le meurtre politique atteint la proportion d'un assassinat par jour, les seuls éléments pondérés, catholiques et sociaux-démocrates, paraissent pour l'instant sinon débordés du moins très entamés par les passions populaires » (23 mars 1931) ; célébration du 10° anniversaire de la décision du 20 mars 1921 partageant l'ancienne province de Haute-Silésie entre la Pologne et l'Allemagne, manifestations avec les violences de langage habituelles aux extrémistes de droite (25 mars 1931) ; le cabinet Bruning reprend la méthode dictatoriale qui lui a assuré des succès à l'intérieur comme à l'extérieur (31 mars 1931) ; propagande communiste dans la Reichswehr : arrestations dans un régiment de cavalerie (7,8 avril 1931) ; analyse d'un article de presse sur la Russie actuelle : « La mentalité russe a toujours été un assemblage de tendances contraires, que l'occidental, latin, arrive péniblement à comprendre... Aujourd'hui, cette mentalité nous est encore moins facilement accessible » ; quelle que soit la diversité de cette Russie, l'Allemagne s'y adapte et pense toujours pouvoir en tirer bénéfice (7 avril 1931) ; le parti national-socialiste est actuellement en pleine agitation, Hitler veut se débarrasser des éléments turbulents (8 avril 1931) ; le gouvernement allemand demande la publication complète des armements actuels (8 avril 1931) ; propagande contre la Légion étrangère (10 avril 1931) ; par suite de la reprise dans certaines branches d'industrie, le nombre des chômeurs diminue, il s'élève à 4 756 000 (13 avril 1931) ; les Allemands espèrent que les tractations en cours avec la Russie seront heureusement et rapidement terminées (14, 15 avril 1931) ; découverte d'une affaire d'espionnage : livraison à la Russie de secrets de fabrication de l'industrie chimique ; le gouvernement fait arrêter des éléments communistes et espère ainsi désarmer la campagne d'opposition nationaliste (16 avril 1931) ; au sujet de l'accord douanier austro-allemand : l'Allemagne cherche à jalonner solidement ses marchés vers le sud ; « ce sont les pays à surproduction agricole et proches de ses frontières qu'elle va tendre à absorber économiquement d'abord et surtout politiquement » (20 avril 1931) ; incident de Konigsberg : deux officiers français accusés d'espionnage ; coupures de presse (20, 21 avril, 18 mai 1931) ; la Russie doit, dans quelques jours, passer à l'industrie allemande les premières commandes dans le cadre du récent accord, qui porteraient sur des installations électriques et des machines agricoles (28 avril 1931) ; croquis de propagande dénonçant le danger représenté par la pénétration tchèque et polo-naise dans l'isthme séparant la Silésie du reste de l'Allemagne ; il convient de remarquer dans ce croquis « l'annexion, sans phrase, de l'Autriche à l'Allemagne » (29 avril 1931) ; situation financière, économique, sociale (29 avril 1931) ; conférence à la Société franco-allemande : l'évêque de Berlin adjoint aux citations prêchant la paix sur terre quelques notations « sur la nécessité pour l'Allemagne d'un traitement égal et sur l'opportunité du désarmement » (2 mai 1931) ; les contrats passés en exécution de l'accord du 14 avril ne portent que sur des livraisons peu importantes de machines-outils (4 mai 1931) ; campagne de presse contre les articles du général Tournès publiés dans « l'Écho de Paris » (4, 6 mai 1931) ; conversation avec Arnold Rechberg, tout à fait déçu dans ses illusions sur le rapprochement franco-allemand (5 mai 1931) ; accord germano-russe du 17 avril : le chiffre total des engagements russes s'élèverait, à la fin de l'année, à 800 millions de R.M. (12 mai 1931) ; difficultés financières du Reich : le déficit probable s'élève à au moins 5 à 600 millions pour l'exercice 1931-1932 (12 mai 1931) ; à propos d'un commentaire, par un journal berlinois, d'une conférence du général von Seeckt sur le désarmement ; pour la première fois, on cesse de réclamer, en cas d'échec de la conférence de Genève, un réarmement allemand immédiat : « la déclaration nette et précise du ministre de la Guerre français, du 24 février 1931, s'affirme comme ayant été un avertissement salutaire » (12 mai 1931) ; le rythme des arrestations pour menées communistes parait s'accélérer dans la Reichsheer : « pour une armée de carrière, recrutée avec un tel soin, ce symptôme de progrès du communisme est à noter » (19 mai 1931) ; aux élections de mai, succès important des nationaux-socialistes et des communistes aux dépens surtout des socialistes démocrates (19 mai 1931) ; entretien avec l'attaché militaire anglais à Berlin : celui-ci est pessimiste sur l'avenir des relations franco-allemandes, les Allemands veulent se refaire une armée pour obtenir leur premier but de guerre : la récupération du couloir polonais ; ils sont persuadés que l'Angleterre se désintéresse de plus en plus des questions militaires franco-allemandes (20 mai 1931) ; conséquences financières du chômage (20 mai 1931) ; analyse des directives pour l'éducation et l'instruction dans l'armée : « Petit code de morale militaire et civique, ce document est en même temps un instrument de propagande et de haine contre les vainqueurs de 1918 » (21 mai 1931) ; le désir général de retour à l'armée du service obligatoire s'affirme de plus en plus, non seulement dans les articles de presse mais encore dans les allocutions officielles (22 mai 1931) ; difficultés dans l'application de la convention germano-russe d'avril 1931, touchant notamment au financement des transactions (1er juin 1931) ; la crise financière domine toutes les questions, espoir d'un allègement de la charge des réparations (2 juin 1931) ; réunion annuelle du Stahlhelm à Breslau (150 000 adhérents et autant de spectateurs) ; après un discours, tout le dispositif fait face à la frontière polonaise : « Là se trouve le sort de l'Allemagne, soldats du front ! » (2 juin 1931) ; analyse de l'ordonnance financière du 5 juin 1931 : la couverture du déficit du Reich se fera à l'aide de nouveaux impôts et d'économies (9 juin 1931) ; prévisions économiques pessimistes pour 1931 : le chiffre des chômeurs qui était de 2,6 millions en mai 1930 et sera de 4,5 millions en moyenne pour 1931, pourra atteindre dans l'hiver 5,5 millions (15 juin 1931) ; à propos de la présence du général Heye dans les rangs du Stahlhelm à Breslau : « la réaction semble faire des progrès et n'attendre qu'une occasion favorable... Le président d'Empire est, actuellement, le principal et peut-être le seul garant du maintien de l'ordre, mais il a 83 ans ! » (17 juin 1931) ; bilan de la Lufthansa pour 1930 (26 juin 1931) ; importantes commandes russes (7, 24, 29 juillet 1931) ; gravité de la crise financière allemande (14, 20, 22, 27 juillet 1931) ; en 1929 le chiffre des suicides atteint 16 665, soit seulement 185 de moins que pour l'année critique de 1926 (20 juillet 1931) ; referendum demandé par les partis de droite contre le gouvernement prussien, « le seul à tendances républicaines dans cette Allemagne d'au-jourd'hui, fiévreuse, malade et exaltée » (27 juillet 1931) ; conséquence de la crise financière : l'Allemagne a besoin d'obtenir la participation financière de la France, elle lui témoigne partout une véritable animosité : « Orgueil, dépit, jalousie forcenée, c'est bien près de la haine, et c'est évident aux yeux de tous » (27 juillet 1931) ; visite des ministres anglais à Berlin (29 juillet 1931).
- Rapports et correspondance d'août à décembre 1931. Analyse d'un article de la « Germania » sur le désarmement (7 août 1931) ; les résultats du plébiscite du 9 août 1931, favorables au gouvernement, paraissent résulter beaucoup plus de circonstances heureuses que du progrès vraiment réalisé par les partisans de la Constitution de Weimar (12 août 1931) ; au cours de la fête de la Constitution, les traités de paix ont été désignés comme la cause de la crise mondiale, et le chancelier Bruning a placé ce jour de commémoration de la Constitution de Weimar sous l'égide du baron von Stein (12 août 1931) ; attaques de certains journaux allemands contre François-Poncet avant même son arrivée à Berlin (21 août 1931) ; commencement d'application du décret du 1er juin 1931 sur le service du travail volontaire, dont le Stahlhelm a eu l'idée (21 août 1931) ; la presse tient à publier les découvertes d'armes chez les communistes, pour montrer au public le danger qu'ils représentent (24 août 1931) ; le montant total des commandes soviétiques à l'Allemagne, du 1er janvier au 14 août 1931, s'est élevé à 684,1 millions de marks (25 août 1931) ; un incident révèle une fois de plus la contrebande d'armes et d'instructeurs à laquelle se livre l'Allemagne en Chine depuis longtemps, au mépris de l'article 179 du traité de Versailles (27 août, 1er septembre 1931) ; le haut commandement de l'armée allemande (29 août 1931) ; l'arrivée de François-Poncet est commentée favorablement dans les journaux, on espère qu'il réussira à établir une collaboration franco-allemande sur la base de l'égalité des droits (24 septembre 1931) ; l'association du Reichsbanner est considérée comme de défense républicaine, équilibrant les partis ; mais il ne faut pas oublier l'entraînement militaire de ce groupement ; le jour d'une mobilisation, Stahlhelm, S.A. de Hitler et groupements de Reichsban-ner fourniront de gros contingents bien entraînés (28 septembre 1931) ; l'arrivée du nouvel ambassadeur de France, la visite à Berlin des hommes d'État français, sont considérées aujourd'hui par la grande majorité des Allemands, volens nolens, comme l'ultime moyen de salut financier et comme une aide morale pré-cieuse devant une désagrégation sociale dont on a peur (25 septembre 1931) ; la situation intérieure est toujours dominée par la crise financière et la gêne économique (5 octobre 1931) ; pour l'égalité des armements et la renaissance militaire de l'Allemagne, il n'y a en Allemagne ni droite, ni centre, ni gauche, mais une union complète, toutes les manifestations, officielles ou privées, le confirment chaque jour (11 octobre 1931) ; séance du Reichstag du 13 octobre, tableau de répartition des sièges de la gauche à la droite (19 octobre 1931) ; conversation de l'attaché militaire, puis de l'ambassadeur, avec le général von Schleicher, « très intelligent, simple, adroit jusqu'à l'intrigue », ou, pour d'autres observateurs, « cynique, rusé et léger avec une très vive intelligence » (28 octobre, 4 novembre 1931) ; réunion des nazis le 23 octobre à Berlin : le parti hitlérien, devant ses succès électoraux répétés, veut montrer qu'il peut être un parti de gouvernement (3 novembre 1931) ; rapport sur le commerce extérieur de l'Allemagne en 1930 et 1931, avec statistiques (6 novembre 1931) ; sévère répression de la propagande communiste dans la Reichswehr (10, 16 novembre 1931) ; aux élections partielles de novembre, Hitler recueille 40 % des suffrages, doublant le nombre de voix obtenues en septembre 1930 (17 novembre 1931) ; renseignements d'ordre économique demandés par le 2e Bureau S.A.E., notamment sur l'industrie de l'aluminium et l'industrie chimique (18 novembre 1931) ; le général Groener vient de réunir tous les ministres de l'Intérieur des pays pour renforcer la répression des actes de terrorisme et assassinats politiques : ceux-ci ne sont pas uniquement le fait de groupes de gauche, mais le gouvernement semble déjà chercher l'appui des organisations hitlériennes (19 Novembre 1931) ; étude sur le parti national-socialiste et « l'armée » hitlérienne : S.A. et S.S. (20 novembre 1931) ; situation financière désastreuse des communes allemandes (21 novembre 1931) ; article de presse commentant la thèse de Renouvin et Bloch sur l'article 231 : ce serait l'aveu que la question de la culpabilité de la guerre est résolue en faveur de l'Allemagne (25 novembre 1931) ; l'activité de la balance commerciale (excédentaire) provient surtout du commerce avec la Russie ; mais le créancier est-il solvable ? (25, 30 novembre, 4 décembre 1931) ; analyse du programme économique et social du parti national-socialiste (1er décembre 1931) ; progrès constants du mouvement hitlérien ; la majorité de l'opinion publique estime qu'au printemps, après les élections prussiennes, s'ouvrira pour l'Allemagne une période décisive et que les chances des nazis sont grandes. « Pourra-t-on éviter la faillite ? »(2 décembre 1931) ; attaques de presse calomnieuses parues dans deux journaux allemands contre François-Poncet et le colonel Chapouilly (5 décembre 1931) ; résultats des élections communales dans le Wurtemberg : comme dans les élections précédentes, les nationaux-socialistes ont plus que doublé le nombre des voix obtenues en 1930, aux dépens des partis bourgeois et des sociaux-démocrates (8 décembre 1931) ; conversations de l'attaché militaire avec le général von Hammerstein (8 décembre 1931) ; situation politique : les journaux de gauche écrivent : « Hitler redet, Bruning schweigt »-« Qui gouverne en Allemagne ? » N'y a-t-il pas, un peu, partie liée, en sous-main, entre le Reich actuel et Hitler, pour « jouer le jeu » contre la France ? (7, 9 décembre 1931) ; dernière tentative de déflation, la Grande Ordonnance constitue une intervention extrêmement rigoureuse de l'État dans le domaine de la vie économique et sociale ; elle soulève beaucoup de critiques (9 décembre 1931) ; selon la presse de droite, « l'armée de Hitler » représenterait surtout une puissance morale, celle du Reichsbanner une force bien plus considérable et effective (16 décembre 1931).
- Rapports et correspondance relatifs au premier trimestre de 1932. Dans un rapport sur le montant des capitaux américains investis à l'étranger, l'Allemagne vient en tête des pays européens avec 1 420 millions de dollars ; aussi les États-Unis ne peuvent-ils rester indifférents devant l'imminence de la banqueroute allemande (4 janvier 1932) ; l'Allemagne, de l'extrême-droite à la gauche, est unie dans le même sentiment de lutte contre le traité de Versailles. Les manchettes des journaux portent souvent ce titre : « 1932-l'année de la révision ». Aucun parti ne veut plus sembler devant le pays moins patriote que les chemises brunes (4 janvier 1932) ; le général von Stulpnagel entre comme rédacteur au journal « Berliner Bôrsen Zeitung » qui fait autorité dans les milieux économiques et financiers de droite, et témoigne « d'une francophobie caractérisée et parfois puérile tellement elle est outrancière » ; on pourrait trouver dans ce journal l'expression des vues du haut commandement allemand (4 janvier 1932) ; analyse du commerce germano-russe : l'exportation allemande vers la Russie a presque doublé au cours du troisième trimestre 1931 par rapport au premier, mais les échéances de paiement consenties aux Russes vont jusqu'en 1934 (6 janvier 1932) ; anniversaire de la fondation de l'Empire (18 janvier 1871), Hitler s'abstient d'attaquer le gouvernement et « s'en tient à sa phraséologie creuse et sonore » (20 janvier) ; critique d'un manuel militaire sur les devoirs du soldat, par le « Vorwarts », qui s'élève contre l'assimilation du refus de servir à un acte de traîtrise (21 janvier 1932) ; controverses de presse relatives aux déclarations du général Bourgeois (« l'éducation des enfants à l'école, en Allemagne, se fait dans le sens de la « Revanche », exemple précis à l'appui de cette assertion (23 janvier, 9 février 1932) ; attitude probable du gouvernement allemand à la conférence du désarmement. Y-a-t-il désaccord entre la Wilhelmstrasse et le Reichs-wehrministerium ? (26, 27, 28 janvier 1931) ; manquements aux traités : des stocks de munitions (cartouches de fusil) semblent ne pas avoir été détruits (28 janvier 1932) ; le général von Seeckt envisage dans son livre sur la Défense Nationale-une armée de métier de 200 000 volontaires servant environ 6 ans destinée à prendre l'offensive en pays ennemi-une armée nationale (de deuxième ligne, assurant la défense du territoire, instruite par des instructeurs de l'armée de métier (1er février 1932) ; l'effort allemand, signalé en juin dernier, pour « réaliser malgré tout l'instruction pré-militaire et militaire de la jeunesse » se poursuit méthodiquement, sans relâche et sans contrainte (2 février 1932) ; progrès du national-socialisme chez les étudiants ; libérales à leur origine, les universités d'Outre-Rhin sont plus réactionnaires qu'elles ne l'ont jamais été. « Elles font songer aux étudiants du royaume de Prusse des années 1809 à 1813 » (3 février 1932) ; exemplaire d'un nouveau journal hitlérien : « der S.A. Mann », avec une illustration représentant Hitler au milieu des élèves du « cours de chefs » (3 février 1932) ; arrestations de meneurs communiste tentant de faire de la propagande dans la Reichswehr près de Berlin (4 février 1932) ; la Reichs-wehr et le parti national-socialiste : maintenant tout camouflage est jugé inutile et l'armée s'affiche de cœur avec le parti dont le mot d'ordre est « Deutschland erwache ! » (8, 18 février 1932) ; la situation économique et financière de l'Allemagne reste toujours inquiétante (8 février 1932) ; les réactions de l'opinion allemande devant les propositions françaises à Genève ; article particulièrement haineux pour la France de Lloyd George, paru dans le « Berliner Bôrsen Courier » (9 février 1932) ; les nationaux-sociialistes essaient de donner à leurs Sturm-Abteilungen le caractère de continuateurs de l'ancienne armée et ont fait inscrire sur leurs drapeaux les numéros des anciens régiments (10 février 1932) ; Gœb-bels attaque au Reichstag le système politique, qui a pour soutien « la presse de l'asphalte de Berlin et le parti des déserteurs » (les sociaux démocrates, parmi lesquels de nombreux blessés de guerre) ; à la séance suivante un député déclare que l'État doit barrer la route du fascisme (24, 25 février 1932) ; la situation financière est présentée par le ministre des finances sous des couleurs assez sombres (25 février 1932) ; copie d'un rapport d'André François-Poncet sur la situation financière et économique en Allemagne (26 février 1932) ; au sujet du « front d'airain » (« Eiserne Front ») créé par les forces de défense républicaine, et que les droites appellent « front d'aluminium » ou « front de tôle ondulée » : il ne semble posséder encore ni chefs énergiques, ni mystique susceptible de séduire les foules allemandes (27 février 1932) ; la présence, prouvée, d'officiers allemands en Chine, où certains prennent part à la lutte contre les Japonais, est une nouvelle infraction au traité de Versailles (29 février 1932) ; la création d'un poste d'attaché de l'Air à Berlin : le colonel Chapouilly en avait souligné tout l'intérêt (29 février 1932) ; la campagne pour les élections présidentielles ; pour le maréchal Hindenburg, c'est toute la vieille armature bureaucratique, de Prusse et d'Allemagne, la masse de bon sens des gens d'âge, les syndicats ouvriers, les catholiques du Centre ; pour Hitler, c'est le grand parti de la violence, la jeunesse désordonnée et revancharde ; pour Thalmann, les communistes disciplinés, pleins de haine et formant bloc, dont on ne perçoit pas encore l'action très nettement, mais dont l'organisation est sérieuse, méthodique, patiente (2, 10 mars 1932) ; désarmement : la thèse allemande est une fois de plus résumée dans un discours du général Heye, reproduit par le « Berliner Bôrsen Zeitung » sous le titre « Frankreich ist der Feind » (4 mars 1932) ; affluence aux parades militaires, destinées à réveiller l'esprit militaire de la population, et manifestations à but électoral évident (1er, 4 mars 1932) ; un camarade de bataillon de Hitler, au 16e R.I. de réserve bavarois, expose dans un journal les véritables états de service de ce prétendu « remarquable soldat du front »-en réalité planton de régiment à bonne distance des premières lignes (4 mars 1932) ; la situation financière reste de plus en plus critique et de nature à exiger des mesures graves dès les premières semaines du printemps (8 mars 1932) ; du 1er janvier au 1er mars 1932, il y a eu 63 tentatives de débauchage communiste dans le Reichswehr, la plupart du temps par tracts ; 19 communistes ont été pris sur le fait par la troupe elle-même et 7 par la police (10 mars 1932) ; le maréchal Hindenburg sera élu au second tour, mais Hitler a gagné 5 millions de voix sur son total de septembre 1930 ; il est l'élu de la Prusse agricole et protestante du Nord et de l'Est, tandis que le maréchal a pour lui l'adhésion massive des grandes villes industrielles, des États du Sud, des circonscriptions rhénanes et westphaliennes, saxonnes et silésiennes catholiques (15, 31 mars 1932) ; expéditions par l'Allemagne d'armes, munitions et autres matériels de guerre au Japon (22, 23, 30 mars, 5 avril 1932) ; la politique de double jeu du ministre Groener, à propos d'une prétendue tentative de « putsch » national-socialiste en Prusse et notamment à Berlin (24, 31 mars 1932) ; la propagande militariste par T.S.F. (marches militaires quotidiennes), complète les représentations de cinéma journalières, les parades militaires dans tout Berlin, la parution en librairie de nombreux ouvrages ayant trait à la Reichswehr (25 mars, 2 avril 1932) ; troc de marchandises entre l'Allemagne et le Brésil : charbon contre café (25 mars 1932).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième trimestre de 1932. Il est à souhaiter que, sous la pression de certains milieux de la grosse industrie, le gouvernement ne s'abandonne pas, en dépit des difficultés de la Reichsbank, au leurre que constituerait, en dernière analyse, la mise en œuvre d'un programme d'au-tarcie économique (4 avril 1932) ; analyse d'un tract de propagande en faveur du maréchal Hindenburg (5 avril 1932) ; fin de la trève politique prescrite par le gouvernement sur la demande des églises : les réunions se multiplient et l'ère des violences reprend (6 avril 1932) ; publication d'une partie de la documentation saisie au cours des perquisitions opérées dans le bureau central du parti hitlérien, à Berlin ; elle confirme que les associations politiques de droite et aussi de gauche sont militairement organisées, disposent de ressources nombreuses, armes, avions, motos, autos, en contradiction formelle avec les stipulations du traité de Versailles. Elles constituent, le cas échéant, pour l'armée de cadre qu'est la Reichswehr, un premier élément de mobilisation déjà dégrossi et même souvent entraîné (6 avril 1932) ; programme du parti national-socialiste publié par Hitler (avec illustration représentant le Fuhrer) : « un esprit positif et clair en dégage difficilement une doctrine » (11 avril 1932) ; exemple de l'exécution du « Wehrsport » par les jeunes membres du Stahlhelm ; la préparation militaire est évidente ; le Stahlhelm commence également à avoir ses écoles de chefs ou commandants de groupe, comme les Sturm Abteilungen (11 avril 1932) ; pour la première fois, régression appréciable du chômage, due à la reprise des travaux agricoles ; le nombre des chômeurs s'élève cependant, au 31 mars 1932, à 6 031 000, et la situation ne tarde pas à s'aggraver à nouveau (12 avril, 11 mai 1932) ; la victoire du maréchal Hindenburg n'est pas aussi nette que ses partisans semblaient l'espérer : le parti national-socialiste, qui a gagné plus de 2 millions de voix, est en réalité le grand vainqueur ; sa progression reste donc constante et menaçante pour les élections de Prusse du 24 avril ; l'orientation vers la droite continue et s'affirme (11 avril 1932) ; analyse d'un tract illustré répandu par les comités Hindenburg : « Erwachen » (11 avril 1932) ; condamnation d'un officier national-socialiste, passé au communisme après avoir été déçu par la phraséologie creuse de Hitler et Goebbels ; il forme le vœu que son procès ouvre les yeux à ses anciens camarades des S.A. et ainsi « il ne regrette pas de servir à nouveau dans l'armée des 7 000 prisonniers politiques » (12 avril 1932) ; résumé d'une conversation de l'attaché militaire belge avec le général von Hammerstein : l'idée est toujours plus fortement affirmée que l'Allemagne a deux buts à poursuivre-le premier, l'entente avec la France pour l'obtention de la liberté d'armement-le deuxième, la récupération du couloir polonais (13 avril 1932) ; au moment où les rapports germano-lithuaniens étaient très tendus, les groupements nationalistes de la Prusse orientale auraient projeté de faire un coup de main sur Memel (13 avril 1932) ; à la suite du mouvement déclenché par le gouvernement prussien contre les formations hitlériennes, un décret du 14 avril prescrit la dissolution immédiate, dans toute l'Allemagne, des S.A. et S.S. d'Hitler : cette mesure n'est prise que pour prouver à Genève la bonne volonté de l'Allemagne de désarmement « moral et matériel » (14 avril 1932) ; au congrès des syndicats socialistes, un orateur déclare : « nous ne pouvons pas traîner à notre suite, d'année en année, six millions de chômeurs... Les crédits de l'étranger nous sont nécessaires, il n'est pas besoin d'attendre que la question des réparations soit résolue... simplement par ce fait que l'Allemagne ne peut plus payer » (15, 27 avril 1932) ; le général Tournès avait bien reçu la promesse que l'attaché militaire français serait invité aux manœuvres allemandes dès l'évacuation de la Rhénanie, mais cette promesse n'a pu être tenue du fait de l'attitude générale du gouvernement français depuis lors et des rapports trop suivis à cette époque du général Tournès avec le commandant Huard, rédacteur à « L'Écho de Paris » (18 avril 1932) ; l'Allemagne ne veut pas, pour raison financière, entretenir un attaché militaire à Londres, alors qu'à Moscou le colonel Kostring remplit le rôle d'attaché militaire (18 avril 1932) ; le général Schleicher et presque tous les officiers du Reichswehrministerium s'élèvent avec violence contre la dernière ordonnance supprimant les S.A. et S.S. nazis : c'est vouloir rayer d'un coup de plume l'effort de relèvement patriotique auquel s'était voué Hitler et ses compagnons (18 avril 1932) ; la situation avant les élections au Landtag de Prusse, dont les résultats seront décisifs : qui a la Prusse a le Reich (18 avril 1932) ; cérémonie militaire en Wurtemberg : prestation de serment des recrues, parade, discours (19 avril 1932) ; le service du travail volontaire permettrait d'utiliser les 300 000 hommes provenant des formations hitlériennes dissoutes : demain nous aurons ainsi l'armée du travail, puis l'armée sportive de la jeunesse, désirée par le général Groener, et insensiblement sera réalisée sous une forme modernisée cette milice nationale dont le général von Seeckt désirait voir la formation aux côtés de l'armée de métier (19,20 avril 1932) ; importants contrats conclus entre les délégués des Soviets et l'industrie sidérurgique allemande (19, 20, 27 avril, 3, 11 mai 1932) ; la solution du chômage est urgente pour l'avenir financier et économique de l'Allemagne, le seul remède consiste à fournir du travail supplémentaire aux chômeurs, grâce à l'établissement d'un plan d'outillage national (22 avril 1932) ; nouvel envoi d'or russe (8 000 kg) en paiement des machines agricoles et du matériel roulant pour les chemins de fer russes (22 avril 1932) ; résultats des élections des Landtag allemands du 24 avril, dans 5 pays sur 6 soit 83 % du Reich actuel en superficie et 80 % en population : partout les nationaux-socialistes l'ont emporté, aux dépens des socialistes-démocrates et des partis modérés ; les communistes améliorent leur situation par rapport à 1928, mais perdent par rapport à 1930 sauf à Hambourg ; le cabinet Bruning-Groener va dissoudre le Reichsbanner (27 avril 1932) ; article du « Rote Fahne » contre le service du travail obligatoire et le service sportif de la jeunesse (27 avril 1932) ; échange d'officiers entre Russie et Allemagne (28 avril 1932) ; l'idée du retour au service militaire général obligatoire se fait de plus en plus en Allemagne, sous une forme non déguisée, ou d'une manière détournée sous forme d'armée du travail volontaire puis obligatoire (2 mai 1932) ; les effectifs des associations militaires (« Wehrverbande ») seraient : 300 000 hommes pour le Reichsbanner ou Eisernfront, 400 000 hommes pour les Hitlériens S.A. et S.S., 100 à 150 000 hommes pour le Stahlhelm (3 mai 1932) ; propagande communiste dans l'armée allemande (4 mai 1932) ; grande agitation, délibérations dont on ne perçoit que quelques échos, à la veille de la réunion du Reichstag (4 mai 1932) ; l'ordonnance instituant un contrôle des associations à forme militaire, du 4 mai, ne les supprime nullement (7 mai 1932) ; analyse d'un article sur la Prusse Orientale, bastion et place d'armes : le retour du corridor à l'Allemagne ne serait qu'une première étape, cette récupération permettrait à la Prusse Orientale de reprendre son ancienne mission : celle de former une base d'opération offensive (9 mai 1932) ; le mouvement hitlérien serait-il un mouvement plus ou moins déguisé de restauration du principe monarchique en Allemagne-aux dernières élections le Kronprinz a proclamé qu'il votait pour Hitler au 2e tour ? Les foules hitlériennes comprennent à la fois des partisans décidés de la monarchie et des éléments prolétariens adversaires de toute restauration des puissances déchues (11 mai, 13 juin 1932) ; propagande communiste dans la Reichswehr : jugement dans l'affaire de propagande communiste au 9e régiment de cavalerie à Furstenwald (11 mai 1932) ; mesures de défense en Prusse orientale dans la crainte d'une attaque polonaise sur Dantzig et même sur Kônigs-berg (11 mai 1932) ; compte rendu de la session du Reichstag : le gouvernement a obtenu 30 voix de majorité (12 mai 1932) ; le 1er mai à Moscou d'après le « Berliner Tageblatt » (12 mai 1932) ; campagne de la presse de droite sur les prétendus préparatifs militaires polonais dans le couloir, ou sur l'intolérable pression exercée par la Pologne sur la ville libre de Dantzig : cette ville, qui devait être un trait d'union entre l'Allemagne et la Pologne n'est en réalité aujourd'hui qu'un foyer d'infection (18 mai 1932) ; « un drame du palais » se déroule, marqué notamment par la décision du général Groener : celui-ci, à la suite du décret de dissolution des S.A. et S.S., s'est attiré la désaffection des généraux et son éminence grise, le général Schleicher, est passée dans le camp adverse ; la mise à l'écart de Groener compromet la situation du chancelier, mais pour le moment deux personnages mènent le jeu : le chancelier Bruning et le général von Schleicher ; pour l'emporter, il faut désormais disposer de l'alliance de l'armée et du parti nazi (18, 19 mai 1932) ; renseignements sur les mesures réellement prises à la suite du décret de dissolution des S.A. et S.S. : elles sont en général peu efficaces, et les associations, momentanément suspendues, peuvent être instantanément ressuscitées (18, 23, 25, 30 mai, 1er juin 1932) ; la nervosité manifestée dans l'Est allemand à l'égard de la Pologne résulte de l'agitation entretenue par les partis de droite : il s'agit d'une véritable campagne de pression morale sur l'opinion publique européenne, destinée à émouvoir celle-ci sur le sort de la province isolée (19, 26 mai 1932) ; confirmation de la pleine communion d'idées et de doctrines unissant le haut commandement de la Reichs-wehr avec le parti national-socialiste (26 mai 1932) ; l'évolution de la situation politique, violences au Landtag de Prusse entre députés nazis et communistes (26 mai 1932) ; note d'A. François-Poncet sur le rôle de la Reichswehr dans la République allemande (26 mai 1932) ; au 31 décembre 1931, la population du Reich (sans le territoire de la Sarre) atteignait 64 776 000 habitants, la moitié est urbaine (30 mai 1932) ; élections dans l'Oldenburg, le Mecklenburg : avance considérable du parti national-socialiste qui obtient la majorité absolue, recul des socialistes et des communistes (31 mai, 7 juin 1932) ; dénouement du « drame du palais » qui se jouait entre le chancelier Bruning et le général von Schleicher : dans une lettre au général Weygand, l'attaché militaire expose le remplacement, décidé par le maréchal Hindenburg, du chancelier Bruning par von Papen ; le véritable chef est le général von Schleicher ; le Reichstag va être dissous : « nous ne pouvons vraiment plus conserver d'illusions sur l'esprit féodal, militaire et révisionniste de l'Allemagne d'aujourd'hui » (2 juin 1932) ; chute du cabinet Bruning : von Papen, qui lui semble très inférieur, représente une solution intermédiaire entre le régime social et socialisant d'hier et le régime à tendances hitlériennes prévu pour un avenir proche (2 juin 1932) ; notices biographiques sur les nouveaux ministres du Reich : général von Schleicher, ministre de la Reichswehr, baron von Neurath, ministre des Affaires étrangères etc. (6, 15 juin 1932) ; fête olympique du sport allemand, remarquablement organisée : des mouvements d'ensemble parfaits, un très beau rang serré, de la souplesse et de la force, et beaucoup de discipline. « Ce fut encore une manifestation sportive, patriotique et militaire, voulue et réussie » (6 juin 1932) ; article du docteur Schacht traitant de la politique allemande des réparations (8 juin 1932) ; après la signature (le 4 juin 1932) du décret de dissolution du Reichstag, publication d'une déclaration gouvernementale ; l'Allemagne constitue malgré le malaise social, financier et économique de l'heure actuelle, une nation à la jeu-messe plus ardente que jamais, aux revendications tenaces, donc « devenant progressivement chaque jour aussi moralement dangereuse sinon encore matériellement, que l'Allemagne des années d'avant-guerre » (9 juin 1932) ; conclusion d'un accord avec la Russie pour la livraison de 150 000 tonnes de produits de laminoirs ; l'Allemagne occupe la première place parmi les fournisseurs de l'Union soviétique ; accord du 15 juin (13, 17, 20 juin 1932) ; fête aérienne à Berlin-Tempelhof (avec exhibition d'aviation acrobatique, exercices d'attaque aérienne et lancement de bombes) devant plus de 350 000 spectateurs : cette affluence record prouve l'intérêt général porté en Allemagne à tout ce qui touche l'aviation (14 juin 1932) ; liste des journaux nationaux-socialistes et des journaux communistes, avec indications de tirage (14 juin 1932) ; le gouvernement tarde à rétablir les formations militaires hitlériennes devant l'opposition de certains pays comme la Bavière ou celle des partis d'opposition ; et à la veille de la conférence de Lausanne (15 juin R932) ; renforcement, sous la pression du parti national-socialiste, du service de contre-espionnage, pour « tendre un réseau autour des cercles pacifistes francophiles allemands » (18 juin 1932) ; à la suite des ordonnances rétablissant les formations hitlériennes et le port de l'uniforme, troubles provoqués par les S.A., rencontres sanglantes entre hitlériens et communistes (20, 21, 23, 29, 30 juin 1932) ; polémique entre un député social-démocrate et le général von Schleicher : « Il y a donc encore en Allemagne quelques rares publicistes qui osent s'insurger contre les méthodes militaires et féodales à l'ordre du jour » (23 juin 1932) ; le succès incontesté de la première manifestation officielle d'activité du corps d'aviation hitlérien ajoutera au prestige d'Hitler. (29 juin 1932) ; organisation du service obligatoire du travail dans l'État d'Oldenburg, un des fiefs incontesté du national-socialisme (30 juin 1932).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1932. A Berlin et dans toute l'Allemagne, on vit dans une atmosphère de « manœuvres de protection aérienne » ayant l'apparence de manœuvres de guerre, un journal dénonce la véritable psychose de guerre qu'entretiennent certains cercles intéressés ; d'où vient l'argent destiné à alimenter cette propagande qui s'étend sur toute l'Allemagne ? On ne peut que le répéter : l'Allemagne ruinée trouve toujours les millions nécessaires lorsqu'il s'agit de défense nationale (1er juillet 1932) ; l'équilibre des finances est des plus précaires, il est difficile de faire des pronostics exacts (6 juillet 1932) ; manifestation organisée à Berlin le 4 juillet à la suite de l'inter-diction du journal le « Vorwarts » : les bannières communistes avec faucille et marteau figurent publiquement, pour la première fois depuis 1918, aux côtés des bannières républicaines, qui arborent le signe de ralliement de l'« Eiserne Front »-trois flèches blanches parallèles, qui doivent briser la croix gammée ; cependant à l'offensive résolue, jeune, ardente des Hitlériens s'oppose, chez leurs adversaires, une défensive (des situations acquises, des libertés syndicales, des secours sociaux... ) moins bien organisée, plus libérale, « survivance du grand mouvement ouvrier de 1918, né de la défaite et abhorré de ce fait par les jeunes générations » (6 juillet 1932) ; photographie de l'ensemble des attachés militaires étrangers à Berlin, prise lors de la présentation au nouveau ministre, le général von Schleicher (6 juillet 1932) ; l'Allemagne livrera au Brésil du charbon de la Ruhr pour environ 8 millions de marks et importera pour la même somme du café brésilien (6 juillet 1932) ; réorganisation de l'appareil administratif (organisation régionale et administration centrale) du parti national-socialiste, qui tend de plus en plus à se superposer à l'État (6 juillet 1932) ; le service du travail obligatoire, dans l'esprit des Hitlériens, n'est pas un expédient du moment, mais une institution durable, destinée à assurer la transition entre l'enseignement scolaire et le service militaire obligatoire, dont le rétablissement sera exigé : aucun doute ne peut subsister sur cette forme à peine déguisée du service militaire (6 juillet 1932) ; nouvel accord économique germano-russe, le 15 juin, sur les mêmes bases que l'accord du 15 avril 1931, et réglant les questions de délais de crédit et de modalités de paiement qui avaient rendu les relations commerciales germano-russes délicates (6, 13 juillet 1932) ; manifestation, à Dortmund « la rouge », du Kyffhauserbund, qui a pour but la préparation militaire, morale et physique de la jeunesse : ainsi se poursuit sans répit la campagne de militarisation de la jeunesse, de revendications et de propagande pour « l'innocente Allemagne de 1914 » (7 juillet 1932) ; voyage à Dantzig et en Prusse orientale-avec illustrations (7 juillet 1932) ; déclarations du capitaine Rôhm sur le rôle des S.A. et S.S., destinés à être employés, le cas échéant, à la défense des frontières : « il y a là aveu formel et officiel de formations de Grenzschutz » (11 juillet 1932) ; manifestation des S.A. et S.S. à Berlin au Lust Garten pour répondre à celle de l'« Eiserne Front » : tandis que les S.S. représentent vraiment des hommes choisis, les S.A. paraissent « de qualité inférieure à ceux d'autres pays ; beaucoup de jeunes gens, pâles chômeurs, à figure bestiale » ; la foule était composée « de gens à l'allure aisée, de jeunes filles chauvines et de vieux ménages Potsdamiens... Cérémonie calme montrant la belle discipline du parti » (12 juillet 1932) ; conférence sur le service du travail obligatoire et le service du travail volontaire, extension prévue du service du travail volontaire (13, 16, 25, 26 juillet 1932) ; l'Allemagne est en proie à la fièvre d'une nouvelle campagne électorale : « von Papen a soulevé la réprobation de ses amis, révolté quelques-uns de ses adversaires, alarmé les conservateurs chauvins, mécontenté les Hitlériens. Les syndicats ouvriers lui ont solennellement déclaré la guerre. Il n'a pas apaisé les catholiques ». Un journal hitlérien écrit : « Si les choses continuent à se dérouler ainsi, l'avenir de l'Allemagne dépendra bientôt des poings des hommes des S.A. et des baïonnettes de la Reichswehr ». Nul doute que le général von Schleicher ait cette profonde conviction depuis longtemps (13 juillet 1932) ; S.A., Reichswehr et Grentzchutz : le nombre des jeunes gens incorporés dans des formations militarisées croît sans cesse dans toute l'Allemagne, cette militarisation volontaire à laquelle ils se soumettent n'a de comparable dans l'histoire que le dressage de leurs aînés des années 1803 à 1813 (16 juillet 1932) ; la situation politique : devant le développement de l'agitation (16 morts, 200 blessés, le dimanche 21 juillet 1932), interdiction de toute manifestation en Allemagne, proclamation de l'état d'exception à Berlin, dont on profite pour relever de leurs fonctions le président de police de Berlin et son adjoint, « tous deux socialistes, israélites et ennemis mortels des nazis » (21 juillet 1932) ; affiche contre le » racolage dans la Légion étrangère » vue dans une exposition à Cologne (21 juillet 1932) ; 5 492 000 chômeurs au 15 juillet (25 juillet 1932) ; organisation, but et effectifs des associations à forme militaire : Stahlhelm, S.A., Reichsbanner, Kyffhâuser-bund (25 juillet 1932) ; le dernier discours du général von Schleicher radiodiffusé le 26 juillet, est surtout un discours de dépit et de haine contre la France ; ce n'est plus le causeur brillant et souriant, qui affirmait ses désirs d'entente militaire avec nous : très brutalement, le général s'est montré sous son vrai jour (28 juillet 1932) ; l'épuration pratiquée par von Papen, en profitant de l'état de siège, écarte les socialistes du pouvoir, « le cabinet des Barons » pourrait continuer ainsi sa dictature en n'admettant certains nazis à coopérer au pouvoir que sous son contrôle ; le général von Schleicher en est l'âme, son discours du 26 a témoigné de la vigueur de ses convictions nationales et anti-françaises (28 juillet 1932) ; élections pour le Reichstag : la grande surprise a consisté dans les progrès réalisés par le parti communiste, les partis du centre disparaissent, les Hitlériens améliorent leurs positions ; von Papen en déduira la nécessité d'un gouvernement indépendant des partis, appuyé sur l'autorité morale autant que matérielle de la Reichswehr (2 août 1932) ; diverses informations annoncent une transformation (« Umbau ») de la Reichswehr mais sur les dates et modalités les interprétations diffèrent (8, 9,11 août 1932) ; le bruit a couru avant d'être démenti, que Hitler devenait chancelier : cette redoutable candidature est-elle définitivement écartée ? (11 août 932), sur les avions commerciaux allemands sont marqués des emplacements destinés à recevoir des tourelles de mirailleurs (12 août 1932) ; ce qui frappe à première vue, même pour les profanes, c'est « l'incroyable infériorité » des appareils français engagés dans les épreuves du « Tour d'Europe aérien » touristique (12, 16 août 1932) ; la question du retour à la monarchie gagne du terrain lentement mais sûrement, il est « inscrit dans les destinées d'un peuple voué aux gouvernements forts et qui ne semble pas mûr pour les institutions parlementaires » (15 août) ; après l'échec des négociations entre Hitler et le maréchal Hindenburg : les réactions dans l'armée et dans l'opinion (18 août 1932) ; l'« Umbau » : modalités et délais de réalisation (20, 24 août 1932) ; à propos d'un film retraçant la mort, sous les balles françaises, d'officiers qui voulaient libérer l'Allemagne du joug napoléonien : la campagne destinée à montrer que l'Allemagne revit, en 1932, l'époque héroïque et libératrice de 1813, se poursuit méthodique et tenace ; le film y joue un rôle de premier plan (25 août 1932) ; le maréchal von Mackensen a présidé une cérémonie impres-sionnante en commémoration du 175e anniversaire de la grande victoire remportée par Frédéric II au cours de la guerre de Sept ans à Leuthen (25 août 1932) ; conversation avec des S.A. : la terreur qu'ils inspirent aux Juifs et à bien d'autres Berlinois les amuse follement ; en réalité on ne parle de putsch, au moment des élections en particulier, que pour faire pression sur le gouvernement ; on exagère beaucoup leur armement, « d'ailleurs 90 % des S.A. seraient parfaitement doux et calmes, et c'est dans le dernier 1/10 qu'on trouverait quelques fortes têtes toujours prêtes à tous les coups » (31 août 1932) ; le général von Schleicher passe des discours aux actes ; il sait que la Reichswehr est le seul pilier solide de cette Allemagne qui menace ruine, il faut le renforcer à tout prix pour empêcher l'édifice de s'écrouler ; alors l'Allemagne de demain pourra relever la tête, elle ne se contentera plus de protester, de négocier, elle agira : « Nicht verhandeln, handeln » (1er, 12 septembre 1932) ; grande parade du Stahlhelm à Berlin Tempelhof : on peut voir tant dans la démonstration militaire elle-même que dans la faveur populaire qu'elle a recueillie un nouvel indice, chaque jour plus probant, de la volonté de reconstitution de l'armée allemande ; « l' Allemagne militaire de 1914 est en voie de reconstitution, dangereuse aujourd'hui, donc alarmante demain » (6, 7, 12 septembre 1932) ; dans le Stahlhelm, les « vieux » âgés et bedonnants, disparaissent et les jeunes, néophytes volontaires et zélés, les remplacent automatiquement, ils forment maintenant les 4/5 ; entre le Stahlhelm et la Reichswehr il y aura, dès le premier jour d'une mobilisation, fusion prévue, facile et complète (7 septembre 1932) ; « j'ai la sensation que le War Office commence à prendre progressivement un intérêt de plus en plus grand au développement du danger militaire allemand » (7 septembre 1932) ; l'Allemagne continue à multiplier ses exercices de protection aérienne de grand style : non seulement elle initie et intéresse sa population civile aux méthodes les plus appropriées à sa défense, mais aussi elle intensifie sa propagande en faveur de la « Gleichberechtigung » en matière d'aviation militaire (8 septembre 1932) ; réceptions d'adieu au colonel Chapouilly ; on espère que, de retour en France, il ne « renforcera pas la campagne d'hostilité contre la Reichswehr »-par allusion aux incidents ayant suivi le départ du général Tournès (12 septembre 1932) ; au sujet de la mauvaise constitution des candidats à la Reichswehr : ces tares physiques sont attribuées à une mauvaise alimentation pendant la guerre, mais aussi à un abus des sports (12 septembre 1932) ; article de presse sur la mort de l'aviateur polonais Zwirko : même devant le cadavre du vainqueur de l'Europa-Flug, l'Allemagne ne veut pas admettre une victoire essentiellement et totalement polonaise (13 septembre 1932) ; carte de propagande » pour apitoyer le monde » sur le défaut de sécurité dont souffrirait l'Allemagne, notamment en ce qui concerne les frontières de l'Est qu'elle s'acharne à dire menacées par la Pologne (14 septembre 1932) ; déclarations du général von Schleicher sur son projet de milice (15 septembre 1932) ; dissolution du Reichstag, les élections auraient lieu en novembre (15 septembre 1932) ; article d'un hebdomadaire « la Monarchie » visant la réhabilitation du Kaiser dont la fuite est dépeinte comme la conséquence d'un sacrifice suprême au salut de la patrie (19 septembre 1932) ; décret instituant un office national de la jeunesse, pour arracher celle-ci aux partis : c'est un programme très net de préparation militaire, créant de vastes réserves aux « milices » que demande le gouvernement (20 sptembre 1932) ; « la première manœuvre allemande des Schupos » montre bien qu'au mépris du traité de Versailles, la Schupo double la Reichswehr (20 septembre 1932) ; la présence du maréchal von Hindenburg confère un grand lustre à ces manœuvres, qui soulèvent « l'enthousiasme unanime » de la population (21 septembre 1932) ; en cas de guerre, l'Allemagne a la capacité d'organiser la mobilisation industrielle dans les moindres délais : il faudrait à la France, pour son « démarrage », trois à quatre fois plus de temps, dans certains cas dix fois et plus encore, parce qu'elle est handicapée par la faiblesse relative de son industrie des machines-outils, les difficultés de ravitaillement en matières pemières, la localisation de notre industrie mécanique dans des régions vulnérables (22 septembre 1932) ; déclarations d'un ancien légionnaire : la violente et haineuse propagande allemande contre la légion étrangère s'exerce en particulier dans les régions de sa frontière Ouest (26 septembre 1932) ; au sujet du film « les Croix de bois » : s'il est, dans son ensemble peu recommandable en France, par l'excès même de sa tendance pacifiste, et malgré certaines faiblesses regrettables et imméritées qu'il met en lumière chez des chefs, ce film constitue en Allemagne une propagande de premier ordre contre la guerre et en faveur du soldat français » (26 septembre 1932) ; sous couleur de décongestionner ses routes en Rhénanie et de faire travailler ses chômeurs, l'Allemagne équipe son réseau routier face à la frontière française (26 septembre 1932) ; Hitler souffrirait d'une sérieuse dépression nerveuse ; le parti national-socialiste serait miné par ses dissensions internes ; ses échecs successifs tant au Reichstag qu'au Landtag de Prusse ont rendu la situation plus délicate encore : « Il est évident que Hitler a laissé passer son heure et qu'à son ascension vertigineuse semblent devoir succéder de rudes lendemains » (27 septembre 1932, 4, 5 octobre 1932) ; un article d'un petit journal de province révèle les progrès de la motorisation dans l'armée allemande : « C'est un des plus graves manquements de l'Allemagne au Traité de Versailles » (28, 29 septembre 1932) ; la Reichswehr organiserait à partir du 1er avril 1933 son service des attachés militaires (28 septembre 1932, 12 octobre 1932) ; célébration des 85 ans du maréchal : « Tout ce qui est encore maître de ses nerfs en Allemagne sent bien, et on ne cesse de le répéter ici, qu'Hindenburg est le dernier centre de résistance contre le national-socialisme qui menace, le bolchevisme qui gronde, le chaos intérieur, la détresse, le chômage, la guerre à l'horizon, car l'armée s'agite et ronge son frein. Tant qu'il sera là, l'Allemagne évitera la folle aventure » (5 octobre 1932) ; la jeunesse s'adonne avec passion à la construction et au pilotage des avions de sport, véritable pépinière de pilotes de réserve que l'Allemagne créera pour réaliser ses desseins futurs (6 octobre 1932) ; participation de l'aviation à une manœuvre de la Reichswehr (6 octobre 1932) ; les manœuvres de la Reichswehr n'ont qu'un seul but, politique : la propagande en faveur de l'Allemagne ouverte sans défense à l'ennemi de : I'Est, avec sa capitale Berlin à portée d'un grand raid de cavalerie motorisée (6 octobre 1932) ; activité accrue des usines Mauser (7 octobre 1932) ; le « Vorwârts » écrit : « Les Hohen-zollern se solidarisent avec le Stahlhelm, le Stahlhelm se solidarise avec le gouvernement von Papen. On peut prévoir où nous conduira ce voyage » (12 octobre 1932) ; la présence de Toukhatchevsky aux récentes manœuvres s'expliquerait par la mission qu'il aurait reçue de renouveler la convention secrète entre l'Allemagne et l'U.R.S.S. relative à l'échange des informations d'ordre militaire (8, 25 octobre 1932) ; prise de contact officielle du général Renondeau, nouvel attaché militaire à Berlin, avec le Reichswehrministerium (26 octobre 1932) ; que se dégage-t-il des premières réactions de la presse allemande devant le plan de désarmement français ? Réserve faite pour les journaux d'extrême droite, un effet de surprise agréable, « la satisfaction éprouvée par la perspective de l'abolition des clauses militaires du traité de Versailles et de la reconnaissance de l'égalité des droits » ; l'opinion veut que la discussion conduise à effacer la différence de puissance militaire entre l'Allemagne et la France (2, 10 novembre 1932) ; au début d'une campagne, l'Allemagne pourrait former plus de 2 escadrilles de chasse, et disposer d'un nombre d'escadrilles d'observation bien supérieur à trois (8 novembre 1932) ; exposition organisée à Berlin par la « Société de protection contre la légion étrangère française » (9 Novembre 1932) ; copies de rapports d'André François-Poncet au sujet du plan de désarmement français : l'attitude plutôt conciliante et favorable de la Wilhelmstrasse à son égard se heurte à l'opposition de la Reichswehr et il est impossible de savoir dès maintenant laquelle de ces deux tendances l'emportera (1er, 3 novembre 1932) ; numéro spécial d'un illustré allemand montrant l'importance des armements français opposés à la pauvreté de moyens de l'armée allemande (17, 30 novembre 1932) ; la pratique du vol à voile dans la Reichswehr doit permettre l'entraînement au pilotage avec moteur dès que le pays sera délivré des chaînes de Versailles (16 novembre 1932) ; opposition au plan de désarmement français dans la presse de Berlin, de droite comme de gauche : « C'est moins un plan de désarmement du monde qu'un plan d'organisation politique de l'Eu-rope selon les desiderata de la France » (17 novembre 1932) ; le Reichswehrmi-nisterium est hostile au plan français de désarmement, qui laisse de côté la question de l'égalité des droits et n'accorde à l'Allemagne qu'une « armée de seconde zone » (18, 24 novembre 1932) ; c'est seulement dans les tracts communistes qu'on peut voir en Allemagne-quand la censure ne les interdit pas-les Seigneurs (23 novembre 1932) ; attitude hostile à l'égard de la France dans le corps enseignant (1er décembre 1932) ; la crise gouvernementale ouverte le 17 novembre par la démission du cabinet von Papen pourrait se dénouer par la formation d'un cabinet von Schleicher (1er décembre 1932) ; le plan français de désarmement est critiqué sur deux points : l'emploi des troupes de couleur, les fortifications (7 décembre 1932) ; après la signature de l'accord des cinq puissances à Genève : satisfaction des milieux libéraux, catholiques, socialistes devant le succès que représente la reconnaissance de l'égalité des droits, mais critiques exprimées par la presse de droite : « Bôrsen Zeitung » (milieux militaires), « Deutsche Allgemeine Zeitung » (grande industrie), « Gazette de la Croix » (Stahlhelm), « Angriff » (Hitlériens). Ce n'est là qu'une première bataille, une autre va s'engager et on peut prévoir un « Umbau » extrêmement rapide l'année prochaine (15, 22 décembre 1932).
- Rapports et correspondance relatifs au premier semestre de 1933. Effectifs, valeur militaire de la police (4, 5, 16 janvier 1933) ; liste des attachés militaires allemands qui rejoindront leur poste à l'étranger le 1er avril prochain : l'officier choisi pour Paris est le général-major Kûhlenthal, ancien chef du 2e bureau (10-janvier, 17, 22 février 1933) ; le regroupement de nos forces sur la frontière de l'Est provoque une violente campagne de presse (12 janvier 1933) ; l'Allemagne veut à la fois conserver une Reichswehr de soldats de carrière volontaires et créer une milice génératrice de réserves ; aussi le but constant des efforts du gouvernement est le rétablissement du service militaire obligatoire (18 janvier 1933) ; au 1er mai 1932, la Reichswehr comptait 21 % d'officiers nobles, il y en avait 30 % dans l'ancienne armée prussienne (30 janvier 1933) ; le général von Blomberg succède au général von Schleicher (31 janvier, 2 février 1933) ; fiche biographique sur le général von Blomberg, ministre de la guerre depuis le 30 janvier (31 janvier, 2 février 1933) ; Reichswehr et politique : certaines idées de Hitler sont sans doute chères aux officiers, mais ceci ne veut pas dire que l'armée soit déjà acquise au parti hitlérien (8 février 1933) ; le capitaine Rea est nommé adjoint à l'attaché militaire français à Berlin, en remplacement du chef d'escadron de la Forest Divonne, nommé à Berne (11 février, 3 mars 1933) ; campagne dans la presse allemande de toute nuance contre les fortifications françaises à la frontière du Nord-Est : « La nouvelle muraille de Chine » (14 février 1933) ; présentation des attachés militaires, navals et aéronautiques, au général von Blomberg nouveau ministre de la Reichswehr (15 février 1933) ; arrêté de Goering du 2 février 1933 instituant en Prusse une police auxiliaire, pour relayer la police régulière dans la lutte contre les communistes (2, 8 mars, 13 avril 1933) ; résumé d'un ouvrage sur le système militaire allemand de l'avenir, fondé sur : une armée permanente, une milice à service de 6 mois, une préparation militaire de la jeunesse intensive, un service du travail obligatoire (7 mars 1933) ; un des premiers actes du nouveau gouvernement a été la réorganisation de l'aéronautique, œuvre de : Goering ; l'arrivée au pouvoir de Hitler et le desserrement des liens du traité de Versailles, que l'on escompte fèrmement, entraîneront certainement un essor de l'aéronautique allemande (22 février 1933) ; conversation avec von Hammerstein : les nations devraient quitter la conférence du désarmement sur une formule élégante qui ne fasse perdre la face à personne ; elles devraient féliciter le gouvernement hitlérien du service rendu par la mise hors de combat du parti communiste allemand (7 mars 1933) ; semestre de travail volontaire par les Abiturienten, cette expérience est couronnée de succès grâce à une propagande habile et intense (15 mars, 2 mai, 20 juin 1933) ; pour être le vivant symbole de l'unité du peuple allemand, la Reichswehr ne portera plus désormais que les couleurs du Reich (noir-blanc-rouge avec au centre une croix de fer) ; les couleurs noir-rouge-or que le drapeau allemand portait dans un coin disparaîtront (16 mars 1933) ; des changements de garnison, suppressions ou remplacements d'unités, font soupçonner un commencement de réalisation de l' « Umbau » (21 mars 1933) ; caractère militaire des organisations hitlériennes (S.A. et S.S.) : elles doivent être considérées au moins comme des réserves instruites, mobilisables sans délai à tout instant, sinon comme une milice, et à ce titre leur caractère militaire est incontestable ; tout accord réalisé à Genève devra en tenir compte pour l'attribution à l'Allemagne de nouveaux effectifs (21 mars 1933) ; s'il est vrai que les milieux dirigeants allemands ne désirent pas provoquer une rupture bruyante des pourparlers de Genève, il ne paraît pas moins certain que le commandement allemand reste fermement décidé à obtenir en tout cas l'égalité qualitative pour son armée (22 mars 1933) ; revue passée le 21 mars à Potsdam par le maréchal von Hindenburg et destinée à marquer solennellement l'avénement d'un régime nouveau « effaçant la honte de novembre 1918, abolissant le marxisme, supprimant le particularisme des états, cette survivance du moyen-âge » et, pour tout dire, enterrant résolument la République de Weimar (22 mars 1933) ; l'Alsace-Lorraine et la propagande allemande contre le traité de Versailles (25 mars 1933) ; le général von Bredow, ancien chef de cabinet du général von Schleicher, va « grossir le nombre des Allemands nationaux mécontents de l'hitlérisme et qui formeront une opposition de droite » (28 mars 1933) ; la propagande contre la légion étrangère se poursuit régulièrement en Allemagne (28 mars 1933) ; l'association du casque d'acier est muselée efficacement, le prestige des Allemands nationaux s'affaiblit de jour en jour : « c'est ce que se répètent à voix basse les Allemands de droite qui ont peur de l'hitlérisme et qui se demandent avec angoisse dans quelle direction l'Allemagne est conduite » (30 mars 1933) ; réorganisation du ministère des communications et institutions d'un Comité de travail permanent pour « soutenir le gouvernement du Reich dans la grande œuvre de la motorisation de l'Allemagne » (5 avril 1933) ; d'après divers indices, il y aurait suppression de toutes les unités d'instruction de la Reichswehr et leur affectation à une autre mission encore inconnue jusqu'à ce jour (7 avril 1933) ; les autorités militaires allemandes ont-elles décidé, dès maintenant, de commencer, tant en matière d'organisation qu'en matière de fabrication et de mobilisation industrielle, à se libérer de ce que la presse allemande appelle couramment « les chaînes de Versailles ? » (12 avril 1933) ; rivalité entre le Stahlhelm et les organisations hitlériennes (13 avril 1933) ; notice avec illustrations sur le Wehrsport, sport ayant pour but la préparation militaire de la jeunesse (24 avril 1933) ; indices de réorganisation de la Reichsheer : l'« Umbau » de l'armée allemande est donc bien en cours d'exécution (26 avril 1933) ; embauche d'ouvriers et vive activité des usines d'automobiles et de fabrication de tubes (2 mai 1933) ; le commissariat de l'Air, institué par le nouveau gouvernement allemand, vient d'être transformé en ministère de l'Air (2 mai 1933) ; renseignements sur l'organisation de la police (3 mai 1933) ; le service volontaire tel qu'il existe actuellement va prendre fin au 1er octobre 1933 ; en janvier 1934 sera institué le service obligatoire pour une partie de la classe 1915, en 1935 on appellera au service le contingent tout entier et pour une année entière ; dans dix ans l'Allemagne disposera de dix classes complètes. « Elle manque de matériel parce que sur ce point les entraves du traité de Versailles ont été jusqu'ici plus difficiles à dénouer que sur le chapitre du personnel, mais il n'est pas douteux que la ténacité allemande triomphera de nos résistances... L'Allemagne sera redevenue dans quelques années, une dizaine au maximum, une puissance militaire de premier ordre » (9 mai, 26juin 1933) ; police et politique : le gouvernement, qui n'est peut-être pas tellement sûr de l'appui de la Reichswehr dans toutes les éventualités, tient à garder à sa disposition une force maintenue à l'abri des surenchères de partis ou des scissions de fractions extrê-mistes. « Il semble qu'il y ait là un indice des craintes qui naissent déjà parmi les dirigeants du parti hitlérien et dont l'étude échappe au domaine propre de l'attaché militaire » (11 mai 1933) ; dans la Reichsheer, certains officiers préconisent maintenant l'armée de conscription. Le système mixte (armée de métier doublée d'une milice) ne serait qu'un pis-aller qui devrait être abandonné dès que les circonstances économiques et politiques le permettraient : « La théorie bâtie par le général von Seeckt, à une époque où l'Allemagne ne pouvait avoir les mêmes prétentions qu'aujourd'hui, est menacée de se trouver un jour périmée » (15 mai 1933) ; note sur la politique de l'Allemagne à la conférence du désarmement : tout dépendra de la rapidité avec laquelle l'Allemagne arrivera à annuler la différence des niveaux militaires avec ses voisins ; si la France abaisse le sien par des sacrifices sans compensation, elle fera le jeu de l'Allemagne et l'échéance d'une tentative de règlement des questions territoriales telles que celles du couloir polonais ou celle d'Eupen-Malmédy sera rapprochée (17 mai 1933) ; effectif des futures classes militaires allemandes (27 mai 1933) ; » des soldats français désertent en Alsace » : article de presse sur les mauvais traitements corporels qui seraient couramment en usage dans l'armée française (19 juin 1933) ; construction d'un réseau d'autostrades en Allemagne (27 juin 1933) ; règlement de service des S.A. (26 juin 1933).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1933. Données numériques sur le ravitaillement de l'Allemagne en carburants (3 juillet 1933) ; activité militaire en dehors du cadre du traité de Versailles : « documents de la source L », founis par un informateur communiste (4, 11, 18, 20 juillet, 8, 14, 18,31 août, 26 septembre, 26, 27, 30, 31 octobre, 22 novembre 1933) ; organisation du ministère de l'Air allemand (10 juillet 1933) ; mesures complétant les prescriptions récentes relatives à l'échange du salut entre la Reichswehr, la Police, les S.A., S.S. et unités du Stahlhelm (10 juillet 1933) ; caractère militaire du « Wehrsport » : le gouvernement allemand ne manque aucune occasion d'affirmer que les troupes S.A. et S.S. n'ont aucun caractère militaire : si l'exécution d'une marche en tenue de campagne à l'aide de la carte d'état-major et avec épreuve de tir au fusil ne constitue pas un exercice militaire, on peut demander aux autorités du Reich ce qu'il faut entendre désormais par instruction militaire de l'infanterie (15 juillet 1933) ; prospectus illustré que le corps automobile national-socialiste (N.S.K.K.) adresse aux propriétaires allemands de véhicules automobiles pour les inciter à adhérer à cette organisation (17 juillet, 23 novembre 1933) ; des modifications à la loi militaire allemande permettent d'éliminer certains éléments dont la sympathie pour les doctrines hitlériennes est trop douteuse : l'armature déjà solide de la Reichswehr vient d'être encore sérieusement renforcée (25 juillet 1933) ; l'Allemagne procède dès maintenant à des préparatifs qui lui permettront la réalisation très rapide de son futur système militaire (2 août) ; sans parler des sentiments du commandant de l'armée vis-à-vis du national-socialisme, le général von Hammerstein compte des ennemis politiques ; mais on peut penser qu'il ne s'en ira pas (8 août 1933) ; il est hors de doute que la situation de l'industrie métallurgique allemande s'est améliorée ; dans ce pays « passé maître dans l'art du camouflage », il est difficile de dire si les commandes militaires sont pour quelque chose dans cette reprise des affaires (9 août, 26 septembre 1933) ; un officier supérieur de l'état-major tchèque serait l'informateur de la Reichswehr (9 août, 26 septembre 1933) ; d'après une prescription nouvelle du règlement sur le mariage, la fiancée d'un officier, sous-officier ou soldat de la Reichswehr doit être d'origine aryenne (17 août, 12 décembre 1933) ; manœuvres du génie, avec coupures de presse (17 août 1933) ; un appareil lithuanien, pris pour un avion polonais, aurait été abattu « par un projecteur de rayons (spéciaux) non définis » (4 septembre 1933) ; la Reichswehr reste fidèle à son principe d'avoir des chefs jeunes, encore capables après leur départ de commander des unités de nouvelle formation. Ces mutations vont si vite qu'on à peine à les suivre depuis que la Reichswehr a décidé d'ajourner sine die la publication de son annuaire pour les raisons que l'on devine (5 septembre 1933) ; une allocution du général von Blomberg dément les rumeurs d'après lesquelles la Reichswehr garderait vis-à-vis du national-socialisme une réserve empreinte chez certains officiers d'une sourde hostilité (11 septembre 1933) ; l'armée allemande aujourd'hui et demain (15 septembre 1933) ; attitude de la Reichswehr à l'égard du gouvernement national-socialiste : elle serait loyalement rangée derrière le chancelier « homme strictement honnête, patriote convaincu, chef raisonnable » ; mais dans son entourage il existe des personnalités « douteuses, incapables, néfastes » (25 septembre 1933) ; manœuvres effectuées par la Reichswehr en 1933 : il est difficile d'avoir beaucoup de renseignements, par suite notamment de l'extrême réserve de la presse qui ne laisse plus filtrer le moindre indice intéressant sur l'évolution silencieuse de la Reichswehr (3 octobre 1933) ; tout concourt à réduire l'efficacité de la limitation des armements par le contrôle budgétaire (11 octobre 1933) ; construction du réseau allemand d'autostrades (11 octobre 1933) ; organisation de la défense aérienne du territoire (12 octobre 1933) ; la décision prise par l'Allemagne de se retirer de la conférence du désarmement et de la S.D.N. a affermi les liens qui attachent la Reichswehr au chancelier Hitler (18 octobre 1933) ; bruits de réorganisation de la Reichswehr, le général von Hammerstein partira à la retraite au plus tard à la fin de cette année, le gouvernement hitlérien favorise les officiers acquis à sa cause (9 Novembre 1933) ; la presse allemande a repris avec intensité depuis quelques semaines une campagne de propagande destinée à montrer à ses lecteurs l'état de désarmement dans lequel se trouve le Reich (9 Novembre 1933) ; le but principal poursuivi par la Technische Nothilfe n'est plus de constituer un service public auxiliaire, mais de participer à l'instruction militaire des réservistes spécialisés (sapeurs pontonniers, sapeurs télégraphistes, automobilistes) que la Reichswehr ne suffit pas à former en assez grand nombre (14 novembre 1933) ; nouvel uniforme des S.A. (21 novembre 1933) ; l'Allemagne cherche à constituer certains stocks de métaux non ferreux, de nickel en particulier, et à rendre son industrie des armements indépendante de l'étranger (22 novembre 1933) ; la loi du 12 mai 1933 rétablit la juridiction militaire, les conseils de guerre (29 Novembre 1933) ; Rôhm, chef d'État-major des S.A. (commandant des milices S.A.) est appelé à faire partie du cabinet à titre de ministre sans portefeuille (5 décembre 1933) ; c'est dans la volonté bien arrêtée qu'aurait la France d'éviter toute mesure réelle de désarmement que l'Allemagne croit pouvoir trouver la justification d'un réarmement limité (12 décembre 1933) ; si l'idée de recourir à la guerre est écartée en France, il faudra en venir à une entente qui endiguera au moins pour un certain temps le développement militaire de l'Allemagne : nous aurons au moins ajourné l'échéance d'une guerre et ce sera bien quelque chose (13 décembre 1933) ; l'animateur de la motorisation de la Reichswehr est le colonel Guderian ; les unités blindées nouvelles seront indépendantes de la cavalerie (18 décembre 1933) ; au sujet de la construction du réseau d'autostrades : l'œuvre considérable, à laquelle le Chancelier veut attacher son nom, entre dans le domaine des réalités (26 décembre 1933) ; départ du général von Hammerstein, qui a montré peu d'enthousiasme pour se rallier au nouveau régime (27 décembre 1933).
- Rapports et correspondance relatifs au premier semestre de 1934. Accélération de la formation des élèves officiers : dans un effort pour augmenter les effectifs de la Reichswehr, le commandant doit au préalable accroître le nombre des officiers. « A mesure que le temps s'écoule les infractions au traité de Versailles se multiplient et il arrivera un jour où nous ne pourrons plus nous refuser à les voir » (3 janvier 1934), fiche sur le général von Fritsch, nommé chef de la Heere-sleitung en remplacement du général von Hammerstein (4 janvier 1934) ; la transformation du service volontaire de travail en service obligatoire est abandonnée depuis de longs mois, mais des pressions incitent les chômeurs à s'enrôler dans le service du travail (9 janvier 1934) ; photographies de presse montrant des officiers supérieurs allemands (10 janvier 1934) ; les relations de l'attaché militaire italien avec les autorités allemandes ne sont pas celles que l'on pourrait imaginer. « On peut en chercher la raison dans le dédain que les officiers allemands ont toujours ressenti pour les militaires italiens ainsi peut-être que dans la nature des rapports germano-italiens de l'heure présente » (10 janvier 1934) ; regret devant le départ du général von Hammerstein. « J'ai toujours soupçonné en lui, sous une réserve qui n'excluait pas un sourire aimable, de la droiture et de l'honnêteté » (11 janvier 1934) ; pour compléter son effort d'équipement du Reich en moyens de communications, le gouvernement accélère le développement déjà important des canaux allemands (15 janvier 1934) ; le bilan de la Reichsbahn pour 1933 montre le développement de la « motorisation » et les progrès de l'électrification des lignes (22 janvier 1934) ; le national-socialisme dans la Reichswehr : le général von Seeckt avait veillé avec soin à ce que l'armée se tint en dehors des querelles politiques ; aujourd'hui le parti national-socialiste gagne dans la Reichswehr, malgré la présence d'un courant hostile, il en conquiert le sommet et la base ; l'armée perd sa neutralité (23 janvier, 13 février 1934) ; accueil très courtois du général von Fritsch, mais 11 laisse tomber la conversation quand des sujets épineux sont abordés (1er février 1934) ; participation d'une équipe française au concours hippique de Berlin : l'accueil a été empreint d'une courtoisie parfaite et marqué d'une très grande amabilité (6 février 1934) ; les documents de « la source L » montrent que l'Allemagne vient seulement de mettre en train la fabrication en série de pièces contre-avions ; l'importance actuelle de cette fabrication est modérée (7, 21 février 1934) ; resserrement des liens germano-japonais (13 février 1934) ; les rumeurs qui circulent dans l'armée (bruit de départ du général von Blomberg, notamment) révèlent une certaine inquiétude parmi les officiers ; le national-socialisme tend à s'implanter dans la Reichswehr (13 février 1934) ; « Les der-niers moments du Casque d'Acier » : le gouvernement prend de nouvelles mesures pour effriter peu à peu le Casque d'Acier et en fondre les éléments dans les formations nationales-socialistes : ainsi la fraction du Stahlhelm dénommée 1re réserve des S.A. est désormais fondue avec ce qu'on appelait jusqu'ici les unités de réserve des S.A., elle quitte la veste gris-vert pour revêtir la chemise brune ; le temps n'est plus où le Casque d'Acier organisait d'importantes manifestations avec des dizaines et des dizaines de milliers d'hommes en feldgrau (15 février 1934) ; la jeunesse allemande, garçons de moins de 18 ans et filles de moins de 21 ans, est enrôlée dans la vaste association dite Jeunesse d'Hitler, tous seront en kaki ; ainsi la jeunesse se rassemble dans une formation unique, de même que tout au long de l'échelle des âges les Allemands sont enrôlés dans les S.A. (20 février 1934) ; décret rendant désormais obligatoire le port, par tous les membres de la Reichswehr, de l'insigne à croix gammée du parti national-socialiste (20 février 1934) ; le général von Seeckt, qui a fait récemment un voyage en Chine, serait rappelé par Tchang-Kai-Chek à titre de conseiller militaire (20 février, 8 mars 1934) ; conversation sur l'évolution de la Reichswehr avec le chef de la Section des attachés militaires, « un cavalier assez fortement charpenté, monoclé, d'allure très militaire, au verbe bref » représentant assez bien « un type d'officier allemand qui nous est familier » (21 février 1934) ; con-versation avec le général von Reichenau au sujet des armements : il en résulte que Hitler semble pressé de s'entendre avec nous ; nous devons nous décider et choisir : « ou l'obstination dans une attitude négative et hargneuse », ou signer une convention qui nous conserve nos forces et autorise un réarmement limité de l'Allemagne. « Sans doute peut-on craindre qu'une convention signée avec l'Allemagne ne sera pas respectée par elle. Le risque d'être dupe dans 10 ou 12 ans vaut tout de même la peine d'être couru par un peuple qui désire la paix à tout prix et à qui l'on offre une dizaine d'années de trêve » (27 février 1934) ; organisation de la défense aérienne passive du Reich avec photographies de presse (6, 14 mars 1934) ; lettre au général von Reichenau pour protester contre la présence, à la cavalcade de Mûnich, d'un char représentant un Allemand prisonnier dans une cage escortée de soldats indigènes de l'armée française (10 mars 1934) ; copie d'un rapport d'André François-Poncet : les nationaux-socialistes paraissent décidés à exclure du service militaire tous les Allemands ayant un lien de parenté quelconque avec la race juive et même à leur refuser le droit de participer à la défense du territoire du Reich (15 mars 1934) ; réorganisation de l'armée allemande (19 mars 1934) ; tous les organes de commandement et états-majors des corps de troupe jusqu'à l'échelon bataillon vont être dotés d'un appareil radio (20 mars 1934) ; motorisation : progrès dans l'organisation du personnel, son instruction, et dans le matériel ; apparition, à l'exposition automobile de Berlin, des moteurs à refroidissement par air, application du moteur Diesel à un nombre très grand de véhicules (27, 29 mars, 9 avril 1934) ; la lecture du budget du Reich montre un accroissement considérable des dépenses militaires et notamment une dépense très importante destinée aux S.A. et au service de travail volontaire (29 mars, 10 avril 1934) ; si une fraction notable des officiers est hostile au nouveau régime, il y a beaucoup d'arrivistes et le général von Blomberg est le plus national-socialiste de l'armée allemande (11 avril 1934) ; à propos d'une distribution de « Mein Kampf » à de jeunes garçons : le chancelier Hitler se sent peut-être gêné d'avoir fait souffler dans son livre « Mein Kampf » un vent de haine et de revanche ; mais des membres ardents du parti national-socialiste ne se soucient guère de l'impression produite par lui sur les Français (18 avril 1934) ; tension entre la Reichswehr et les S.A. ; des divergences de vues profondes séparent maintenant Rôhm et le général von Reichenau (23 avril 1934) ; on escompte à Berlin la rupture définitive des négo-ciations sur le désarmement et un échec pour la politique française ; l'Allemagne chercherait à profiter du nouvel état de choses pour faire admettre pour elle l'accroissement d'effectifs dont le principe a déjà été admis pour l'Angleterre et l'Italie (23 avril 1934) ; transmission d'un lot de documents ayant trait à la motorisation, sans doute soustraits au Reichswehrministerium pendant quelques heures par un employé (ou peut-être un militaire) affilié au parti communiste et qui les a prêtés à L (30 avril 1934) ; d'après un informateur sûr, dans très peu de temps l'Allemagne notifiera officiellement aux puissances étrangères qu'elle passe à l'exécution des mesures prévues pour la transformation de la Reichswehr en armée de 300000 hommes ; en tout cas, le plan de réorganisation se poursuit et l'Allemagne touche au moment où elle sera obligée d'annoncer ouvertement qu'elle ne tient plus aucun compte, pour l'organisation de son système militaire, des obligations du traité de Versailles (1er mai 1934) ; la liste des écoles hitlériennes (8 mai 1934) ; échos favorables recueillis après le concours hippique de Nice : l'hospitalité française n'a pas été inférieure à celle de l'Allemagne (9 mai 1934) ; l'attaché militaire de Lituanie à Berlin craint un coup de force sur Memel, il ne se trompe peut-être que sur la date de l'échéance des événements qu'il redoute (14 mai 1934) ; importance des grandes épreuves automobiles telles que les « Trois jours du Harz », les « 2 000 kilomètres à travers l'Allemagne » : elles ont pour but de vérifier le degré de robustesse et de maniabilité du matériel automobile allemand à travers tous terrains ; supériorité des moteurs à refroidissement à air-avec photographies de presse (22 mai 1934) ; le problème des car-burants et son importance pour la défense nationale : résumé d'un article paru dans une revue allemande (mai 1934) ; nouvelle rédaction des « Devoirs du soldat allemand » : l'armée n'est plus en dehors des partis, elle doit être national-socialiste ; le nouveau catéchisme du soldat allemand peut se résumer dans cette formule (7 juin 1934) ; indices d'une réorganisation prochaine des S.A. (12 juin 1934) ; la situation actuelle de l'Allemagne peut se résumer ainsi : équipement presque total des ressources en or et en devises, stocks limités en matières premières que l'Allemagne ne trouve pas sur son territoire national, efforts déployés par le gouvernement pour réduire au minimum les importations de ces matières en provenance de l'étranger, très grande activité dans la recherche des moyens lui permettant de remplacer certaines matières premières par des produits de synthèse ; mais les graves difficultés économiques dans lesquelles l'Allemagne se débat n'exerceront qu'une influence limitée sur le développement du programme de réarmement établi par le commandement allemand (12 juin 1934) ; premiers indices de la transformation prochaine du service de travail volontaire en service de travail obligatoire, avec durée de service d'un an (26 juin 1934).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1934. Tendance britannique à trouver excessives les conclusions françaises sur le danger actuel du réarmement de l'Allemagne ; néanmoins il est intéressant de noter le désir certain du War Office d'être exactement renseigné sur ce danger (2 juillet 1934) ; Reichswehr et S.A. : les événements du 30 juin sont la conclusion de la période de très grande tension entre la Reichswehr et les S.A. et leur chef Rôhm : celui-ci aurait déclaré dans un mouvement de colère contre Hitler : « Ah ! si seulement nous étions débarassés de cette chiffe (Von diesem Schwâchling !) »-il est remplacé à la tête des S.A., épurés et réduits sous la responsabilité de Goering (5, 11, 19 juillet 1934) ; les attachés militaires étrangers sont invités aux manœuvres allemandes de 1934, qui se dérouleront en l'absence du général von Fritsch pour protester contre la situation actuelle de la Reichswehr, profondément humiliante et inacceptable à la longue (10, 18 juillet 1934) ; notes signalétiques sur les attachés militaires allemands à Vienne et à Londres, les deux plus en vue ; reproches faits au lieutenant-général Kûhlenthal, à Paris (18juillet 1934) ; comme un leitmotiv, le désir d'une convention militaire franco-allemande a été exprimé à maintes reprises au cours d'entretiens avec des officiers allemands pendant les manœuvres de 1934 (18 juillet 1934) ; après la décapitation de la direction suprême et d'un certain nombre de grandes unités S.A. : les chemises brunes doivent être réorganisées mais il n'a pas été touché aux S.S. : dont l'organisme n'a d'ailleurs pas été soumis au développement excessif qu'ont connu les S.A. au cours des six ou huit derniers mois ; la Reichswehr se réserve sans doute la direction de l'instruction prémilitaire et l'utilisation éventuelle des S.A. C'est pourquoi nous ne devons pas encore nous désintéresser des S.A., encore moins des S.S. et des automobilistes (24 juillet 1934) ; quel que soit l'avenir réservé aux S.A., les S.S. restent bien la milice d'élite du Reich ; leur chef, Himmler, devient l'égal du chef des S.A. Lutze et relève directement du Fûhrer ; cette indépendance est accordée aux S.S. en récompense de l'aide qu'ils ont apportée dans la répression du 30 juin (2 août 1934) ; après l'échec du putsch nazi en Autriche : quelle que soit la pauvreté psychologique des dirigeants allemands, il est difficile de supposer qu'ils n'ont pas réfléchi aux conséquences diplomatiques d'un suc-cès ou d'un échec ; ont-ils donc accepté de sang froid, sans un seul allié, le risque d'un conflit général ? Le haut commandement allemand n'a pas dû être consulté : la Reichswehr joue sans doute, surtout depuis le 30 juin, un rôle essentiel dans l'orientation de la politique allemande, mais il s'en faut encore de beaucoup qu'elle soit seule à tenir la barre, l'histoire de Vienne peut se renouveler à Memel comme dans la Sarre ; nous devrions nous méfier d'un conflit possible dans quelque temps et « considérer, surtout quand il s'agit des Allemands actuellement au pouvoir, qu'ils peuvent se comporter sous l'impulsion d'une folie ou d'une mystique aveugle qui les conduisent à des actes échappant à toute prévision de notre part » (2 août 1934) ; indices de la transformation à laquelle la Reichswehr se livre dans l'ombre (4, 9 août 1934) ; méthodes de lutte contre la syphilis dans la Reichswehr (6 août 1934) ; funérailles du maréchal von Hindenburg (6, 20 août 1934) ; à peine la nouvelle de la mort du maréchal von Hinden-burg était-elle connue, que le général von Blomberg faisait prêter serment à toutes les forces militaires du Reich sur le nom du nouveau chef de l'État allemand : le « Fûhrer » et chancelier Hitler. La Reichswehr et Hitler semblent bien avoir signé en quelque sorte un pacte d'alliance, dont chacun des contractants doit tirer bénéfice. La cérémonie de prestation du serment a été entourée d'un éclat tout particulier (7, 21 août 1934) ; Wehrmacht et formation prémilitaire de la jeunesse allemande : l'Allemagne procède à l'heure actuelle à l'organisation de son armée, mais aussi à l'organisation de la formation prémilitaire de la jeunesse (7 août 1934) ; la D.C.A. active du Reich se livre dès maintenant à des exercices d'instruction mettant en œuvre : aviation, projecteurs et artillerie antiaérienne (9 août 1934) ; réorganisation des S.A. : sur l'effectif total de 2 500 000 hommes que les S.A. auraient comptés à l'époque de son développement maximum, un million d'hommes environ auraient été purement et simplement licenciés (14 août 1934) ; les effectifs de l'armée allemande, qui vers la fin de juin dernier n'auraient pas dépassé un total de 180 000 hommes, s'élèveraient à 300 000 hommes le 1er avril 1935 (14 août 1934) ; le problème du ravitaillement de l'Allemagne en carburants n'est pas encore résolu, mais il n'est pas douteux que des décisions seront prises à brève échéance (21 août 1934 ; indices de réorganisation de l'armée allemande, notamment recrutement d'officiers : les uns venant des S.A. et S.S., les autres étant pris parmi les sous-officiers de la Reichswehr (27 août 1934) ; les effectifs des S.A. semblent avoir diminué des deux cinquièmes, ils entreront sous une forme ou une autre dans le système général organisé par la Reichswehr, sans constituer un organisme militaire à côté de cette dernière (29 août 1934) ; partout on constate une activité anormale dans les organes d'instruction automobile : nous pouvons en conclure une accentuation dans la constitution d'unités motorisées ; le bruit d'une mutation dans le haut commandement confirme que la motorisation (comme l'aviation) constitue actuellement l'un des points d'application essentiels des efforts militaires de l'Allemagne (3, 4 septembre 1934) ; corps automobile national-socialiste (N.S.K.K.) : Hitler a décidé d'enlever aux S.A. leurs unités motorisées pour les unir au N.S.K.K., sous le commandement de Hûnlein, ce dernier placé aux ordres immédiats de Hitler, comme Himmler et Lutze (5 septembre 1934) ; les achats de chevaux auxquels la Reichswehr procède actuellement et qui portent aussi bien sur des jeunes chevaux que sur des chevaux faits, semblent une nouvelle preuve de l'extension que prennent en ce moment les forces militaires allemandes (8 septembre 1934) ; visite à Berlin du général Messimy, président de la commission de l'armée au Sénat, hostile au service de deux ans et donc opposé au général Bourgeois : « Le général a trop de finesse pour ne pas partager l'inquiétude qui nous commande impérieusement de rester sur nos gardes, mais je crains que ses préoccupations politiques ne la lui fassent oublier et qu'il ne garde des informations qu'il est venu chercher autre chose que l'impression plutôt rassurante qu'une semaine de conversations et de promenades dans un Berlin paisible lui aura laissée » (11 septembre 1934) ; le congrès de Nuremberg n'a pas été pour les S.A. l'occasion d'une apothéose telle que leurs anciens chefs d'avant le 30 juin auraient pu leur en promettre une ; mais Hitler a su trouver des paroles ou peut-être plutôt un accent qui a suscité un grand enthousiasme (13 septembre 1934) ; la Reichswehr a pris une part importante au congrès de Nuremberg : pour la première fois, le haut commandement et le commandement des grandes unités ont assisté, aux côtés du Fûhrer, à cette grande réunion du parti, une journée a été consacrée à des exhibitions militaires et à une revue avec photographies de presse (13 septembre 1934) ; au congrès de Nuremberg, les travailleurs volontaires ont été à l'honneur, le Fûhrer les a fait défiler, la pelle sur l'épaule, dans un style qui les classe de suite après la Reichswehr impeccable-avec photographies de presse (18 septembre 1934) ; nombreux articles sur les événements de 1914 et notamment la bataille de la Marne ; la propagande exalte les qualités éminentes de la troupe, charge d'une lourde responsabilité le haut commandement du front occidental ; elle reste muette sur les mérites de l'adversaire (18 septembre 1934) ; reprise de la campagne de presse au sujet des fortifications que nous avons élevées le long de notre frontière-avec coupures de presse (19 septembre 1934) ; critiques dans la presse allemande au sujet des manœuvres françaises : chaque année la France déclare renoncer pour raisons financières à effectuer de grandes manœuvres, et pourtant celles-ci se déroulent chaque année. « La France ne connaît pas les économies quand il s'agit de la défense de son sol » (19 septembre 1934) ; la campagne faite en Allemagne en faveur de la défense aérienne redouble d'activité (26 septembre 1934) ; les formations paramilitaires ne se constituent pas seulement un réservoir de fantassins, elles forment avec beaucoup de soins des spécialistes : transmissions, pionniers, service de santé, unités cyclistes et motorisées-mais pas d'artilleurs (3 octobre 1934) ; l'œuvre à laquelle le colonel Hierl se consacre prend chaque jour une importance plus grande qui fait apparaître son caractère véritable : elle fait de tout travailleur incorporé dans ce service de travail un « combattant de l'arrière » embrigadé dans des formations militarisées, lié par une obligation légale à laquelle il ne saurait échapper en aucun cas-avec photographie de presse (9 octobre 1934) ; l'Allemagne est bien décidée à remplacer par des produits de synthèse, fabriqués sur son territoire, toutes les matières premières indispensables en cas de guerre, que le sol allemand ne produit pas : essence et pétrole synthétiques notamment (15 octobre, 12 novembre 1934) ; il ressort d'un entretien avec le général Kûhlental, attaché militaire à Paris, que Hitler désire un règlement pacifique, et même sans heurts, de la question sarroise (3 novembre 1934) ; du rôle de l'officier dans l'armée allemande : l'officier doit connaître l'homme et savoir le manier, de manière à l'instruire et à le former moralement ; ce rôle d'éducateur du moral passe au premier plan des missions incombant à l'officier. Il faut souligner quel prix la Reichswehr attache au développement des forces morales-alors qu'en France « les idées inculquées aux enfants et aux jeunes gens français dans un trop grand nombre de nos établissements d'instruction les préparent bien mal à recevoir cette éducation morale du combattant que les officiers doivent leur donner au régiment » (5 novembre 1934) ; la préparation physique et morale au service militaire est bien supérieure en Allemagne : « Si la France ne réagit pas pour sortir de la veulerie où tant des siens se complaisent, si elle ne coordonne pas et n'oriente pas les efforts de ceux qui, conscients du danger, conservent la volonté de se défendre, elle paiera peut-être très cher sa mollesse » (13 novembre 1934) ; à propos des dissentiments entre les S.A. et S.S., et le haut commandement de la Reichswehr, portraits des hautes personnalités militaires qui composent celui-ci (28 novembre 1934) ; il existerait dans les milieux universitaires un mouvement anti-hitlérien déjà très accusé ; en fait l'opposition (si l'on peut dans l'Allemagne hitlérienne en admettre l'existence) n'a encore aucune cohésion ; le régime hitlérien souffre de certains malaises, mais son organisme est robuste et solide (11 décembre 1934) ; renseignements sur les S.A. et S.S. : rapports avec la Reichswehr, uniformes... (11 décembre 1934) ; la courbe des exigences militaires de l'Allemagne ne fait que s'élever depuis deux ans (26 décembre 1934).
- Rapports et correspondance relatifs au premier semestre de 1935. Le général von Reichenau se plaint de nouvelles ou photographies fausses, truquées, publiées dans la presse française ; on y emploie encore le mot « Boche » en particulier dans la « France Militaire » (8 janvier 1935) ; Reichswehr, S.A. et S.S. : la Reichswehr conservera désormais dans le Reich le premier rang qu'elle a refusé de partager avec les troupes hitlériennes ; par suite de la conversion des S.S. en une sorte de garde mobile, il faudra faire entrer en ligne de compte, parmi les forces militaires allemandes, une certaine fraction de la police, et aussi tout ou partie des S.S. (15, 29 janvier 1935) ; l'Allemagne se sent fière de l'avance technique qu'elle s'est acquise dans la construction automobile ; en 1935, elle fera de gros efforts pour la conserver, elle continuera l'instruction de ses conducteurs en terrain varié et poussera la construction de ses véhicules tous terrains (21 janvier 1935) ; pour justifier le réarmement de l'Allemagne, on a fait retentir aux oreilles allemandes, jusqu'à l'obsession, le mot d'honneur qui lui aurait été enlevé par les vainqueurs de 1918 ; maintenant on recourt à l'argument de la sécurité, on intensifie la propagande qui a gravé dans les cerveaux allemands le tableau d'une Allemagne désarmée et humiliée au centre d'un cercle de nations regorgeant de troupes et de matériel. L'Allemagne accepterait volontiers une convention qui gênerait peut-être ses voisins, mais qui lui laisserait un plafond au-dessus duquel elle n'a pas les moyens de travailler d'ici quelques années. Son programme futur n'en sera pas moins basé sur le service obligatoire (31 janvier 1935) ; à l'ambassadeur de Belgique, préoccupé par la contradiction entre l'acceptation de cette convention et la volonté maintes fois affirmée d'une liberté sans restriction en matière de réarmement, le général von Reichenau a répondu : « Nous sommes prêts à signer une convention militaire, mais sur des bases qui ne sont plus celles que nous envisagions au printemps de 1934 » en raison des efforts militaires faits par les grandes puissances et notamment par les Soviets. Quant au problème de la zone démilitarisée, la question se reposera certainement plus tard (5 février 1935) ; résultats du concours hippique de Berlin : les cavaliers français et allemands sont d'une classe comparable, mais il faudra que nous mettions en ligne des chevaux d'une classe supérieure à ceux que nous avons actuellement (6 février 1935) ; « l'U.R.S.S. et la révolution mondiale » : d'après l'attaché militaire de l'U.R.S.S. à Berlin, les perspectives de guerre en Europe semblent invraisemblables : aucun gouvernement n'oserait prendre la responsabilité de déclarer un conflit qui se terminerait sans doute par une révolution à laquelle ni vainqueurs ni vaincus ne sauraient alors échapper : « D'ailleurs, soyez sûrs que nous y veillerons ! » (19 février 1935) ; les candidats officiers subissent un examen auprès du service psycho-technique (19 février 1935) ; en moins de 10 jours, quatre personnes, dont deux femmes, ont été condamnées à mort et exécutées, pour trahison de secrets militaires : cette rigueur semble avoir profondément impressionné la population allemande (19 février 1935) ; historique des S.A., qui se transforment progressivement : jusqu'au 30 juin 1934, développement prodigieux puis le coup fatal du 30 juin décapite l'organisation ; les S.A. d'aujourd'hui ont abandonné leurs ambitions militaires, ils ont remis leurs armes à la Reichswehr et c'est avec leur seule « idée philosophique » qu'ils mènent désormais le combat (20 février 1935) ; la création de l'aviation militaire allemande, dont nous connaissons l'existence depuis longtemps, est annoncée par le général Goering, dans une interview accordée à un journaliste britannique (13, 14, 17 mars 1935) ; Hitler a convoqué notre ambassadeur le 16 mars, pour lui remettre le texte de la nouvelle loi militaire ainsi que celui de la proclamation du gouvernement annonçant au peuple allemand le rétablissement du service militaire obligatoire : l'Allemagne signifie ainsi qua la période d'après-guerre est révolue, du moins au point de vue militaire. Ne sera-t-elle pas tentée de se servir de son armée pour appuyer du poids de ses armes des revendications qu'elle prétendra indispensable à l'honneur allemand, suivant la conception imprécise et souvent inattendue qu'elle a de ce mot ? C'est là tout le sujet de notre inquiétude et du malaise de la politique européenne (17, 20 mars 1935) ; bien que la grippe ait sévi cet hiver en Allemagne, il n'y a pas eu d'épidémie dans l'armée, par suite de la rigueur de la sélection physique qui est de règle dans le recrutement (19 mars 1935) ; la nouvelle loi militaire, du 16 mars, comporte un programme de 36 divisions ; l'effectif de la future armée allemande dépasserait 500 000 hommes (25 mars 1935) ; l'indépendance de l'Allemagne pour son ravitaillement du temps de paix en combustibles liquides ne sera assurée au plus tôt qu'en 1937 (26 mars 1935) ; les efforts se poursuivent pour la mise au point et le développement de la traction automobile par moteurs fonctionnant au gaz de bois (9 avril 1936) ; le 70e anniversaire du général Ludendorff a été célébré en Allemagne avec un éclat marqué ; cependant il ne peut être question de lui redonner un emploi militaire, car son équilibre mental est compromis (10 avril 1935) ; conversation avec une personnalité militaire sur la réorganisation de l'armée allemande ; à noter que de très nombreux, sous-officiers ont été promus officiers, sans examen et sans stage préalable dans les Écoles : le corps des officiers cesse désormais d'être un corps fermé, une caste (10 avril 1935) ; réorganisation des S.A. et des S.S. (11 avril 1935) ; l'Allemagne intéressée par la bauxite yougoslave nécessaire à son industrie de l'aluminium, cherche à resserrer ses liens avec la Yougoslavie (17 avril 1935) ; évolution des S.A. qui ne seront pas, comme Rôhm l'aurait voulu, une sorte de milice armée, mais une phalange politique avec des habitudes et un genre de vie militaires ; à l'avenir, la vie de tout Allemand sera la suivante : avant le service du travail et le service militaire, il fera partie de la Jeunesse hitlérienne, à sa libération il sera S.A. ou membre d'une association générale d'anciens militaires (17 avril 1935) ; les épreuves automobiles en terrains variés se succèdent sur tout le territoire du Reich, elles amènent des perfectionnements intéressants des matériels ; on a imposé aux constructeurs une hauteur minimum du chassis et des organes des autos au-dessus du sol (23 avril 1935) ; examen médical des jeunes gens astreints au service militaire, listes des aptitudes requises suivant les armes et services (23 avril 1935) ; il semble que le développement total du réseau des autostrades sera d'environ 7 000 kilomètres (24 avril, 21 mai 1935) ; thème tactique sur l'emploi d'un bataillon de fusiliers-motocyclistes ; les unités motocyclistes allemandes ne sont pas liées au réseau routier et le commandant allemand envisage leurs mouvements à travers champs comme une éventualité tout à fait normale (30 avril 1935) ; évolution de l'infanterie allemande (13, 20 mai 1935) ; évolution des divisions de cavalerie et divisions motorisées (22 mai 1935) ; commentaire de la loi militaire du 21 mai 1935 (22 mai 1935) ; le nouveau corps des officiers de réserve (23 mai 1935) ; réorganisation de l'armée allemande : les grandes unités (28 mai 1935) ; le général von Blomberg se voit attribuer les fonctions de commandant en chef des forces militaires du Reich : il l'emporte donc sur le général Goering, il ne sera plus seulement un ministre, mais il lui incombera de prendre toutes les décisions militaires importantes ; ainsi se réalise l'unité de commandement des forces militaires. Nouvelles dénominations de la force armée : l'expression de Reichswehr, liée à l'Allemagne de Weimar, est remplacée par celle de Wehrmacht (28 mai, 4 juin 1935) ; instruction relative au recrutement et à l'incorporation en 1935 (4 juin 1935) ; développement du sport automobile en terrains variés : les épreuves automobiles de 3 jours en moyenne montagne ont avant tout et presque uniquement un but militaire : donner un entraînement suffisant aux futurs conducteurs dans l'armée mobilisée, permettre aux véhicules automobiles, par des perfectionnements techniques, de passer partout (11,24 juin 1935) ; organisation du ministère de la Guerre du Reich et de la Direction de l'armée (18 juin 1935) ; accord militaire et buts politiques : ne convient-il pas de voir, dans le désir obstinément répété d'un accord militaire franco-allemand, le besoin de tranquillité à l'Ouest, en s'assurant notre complaisance ou notre inertie, pour poursuivre la réalisation d'un rêve d'expansion à l'Est et au Sud ? (25 juin 1935).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1935. Adoption de la loi sur le service du travail obligatoire auquel tout Allemand, homme ou femme, est astreint entre 19 et 25 ans, pour six mois (provisoirement) ; pour les femmes, le service demeure volontaire jusqu'au début de 1936 (1er juillet 1935) ; recrutement et formation des officiers d'active : la durée de formation des jeunes officiers a été limitée à une période de deux ans, par suite des besoins considérables de l'armée allemande en cadres subalternes (2 juillet 1935) ; la réorganisation du haut-commandement serait achevée depuis le 1er juillet : le général Beck reste le chef de l'État-major général de l'Armée, « Generalstab des Heeres » (2 juillet 1935) ; à propos d'une conversation sur le thème des possibilités d'une convention militaire entre l'Allemagne et la France : avec les progrès du réarmement, l'orgueil national et une sûreté de soi-même excessive troublent les cerveaux des milieux militaires-les seuls, semble-t-il, à être demeurés raisonnables en Allemagne (3 juillet 1935) ; des articles de presse donnent la preuve que l'armée allemande a franchi l'étape pendant laquelle elle disposait seulement de centres d'instruction de chars et d'automitrailleuses : elle met maintenant sur pied ses premières unités mécanisées et blindées-avec photographies de presse (22 juillet 1935) ; nombre et nature des grandes unités de l'armée allemande : organisation de 22 divisions d'infanterie, création d'une première série de divisions motorisées (3) qui doivent constituer un des éléments principaux de la puissance de la nouvelle armée allemande (23 juillet 1935) ; passage de la Lan-despolizei dans l'armée (30 juillet, 21 août, 15 octobre 1935) ; les épreuves hippiques internationales qu'organise l'Allemagne sont extrêmement sérieuses ; le prestige des Allemands à cet égard est en pleine ascension, le nôtre décline (30 juillet 1935) ; des déclarations officielles des dirigeants confirment que la mission du N.S.K.K. (corps automobile national-socialiste) est de préparer au service des troupes motorisées les jeunes gens qui ont du goût et des aptitudes pour la pratique de l'automobile (31 juillet, 13 août 1935) ; l'armée et le radicalisme nazi : nouvelle offensive des radicaux du parti national-socialiste contre les Juifs, les églises et en particulier les catholiques, contre le Casque d'Acier-jugé comme un foyer d'idées réactionnaires ; les jours du Stahlhelm sont comptés depuis la démission du maréchal von Mackensen ; on s'étonne du silence de la Wehrmacht en cette occasion : elle fait aux exaltés du national-socialisme des concessions qui doivent peser à beaucoup d'officiers, mais elle espère y trouver une compensation dans la liberté de son travail et poursuivre sa reconstitution dans le calme ; surtout elle ne peut entrer en lutte contre Hitler, qui approuve les extrémistes du parti (6, 14 août 1935) ; l'Allemagne, intéressée par des gisements de fer de même qualité que le fer suédois, a entamé avec le gouvernement finlandais des négociations pour faire exploiter ces gisements en exclusivité par une société allemande (7 août 1935) ; à propos des voyages d'officiers allemands en France : on peut imposer des conditions très dures destinées à leur rendre plus difficile le recueil direct des renseignements, au cours de leur voyage ; mais il ne faut pas donner de caractère vexatoire à l'application des règles établies, sous peine de représailles (19 août 1935) ; développement de la production des usines de l'I.G. Farben : la production de carburants allemands pourrait couvrir, en 1937, les besoins du temps de paix, sauf pour l'essence d'aviation (27 août 1935) ; malgré le refroidissement qui a caractérisé les relations politiques germano-italiennes, les relations militaires entre les deux armées n'ont pas subi d'interruption ; l'attaché militaire italien (qui ne se fait cependant pas beaucoup d'illusions sur le jugement toujours un peu méprisant que les officiers allemands portent sur l'armée italienne) est l'objet de certaines attentions et reste l'un des attachés les mieux informés (12 septembre 1935) ; les manœuvres du 6e corps consacrent l'acte libérateur osé par Hitler le 16 mars 1935 ; elles montrent une armée affranchie de toute contrainte et dotée des armes les plus modernes, elles donnent aux Allemands et aux étrangers l'impression de la renaissance d'une grande puissance militaire-avec photographie de presse (17 septembre 1935) ; premières manœuvres combinées de l'aviation militaire et de la D.C.A. (18 septembre 1935) ; ordre de bataille de l'armée allemande (25 septembre 1935) ; le « congrès de Nuremberg et l'armée » ; le congrès de Nuremberg en 1935 a été surtout consacré à la gloire de l'armée allemande que l'acte de libération accompli le 16 mars 1935 par Hitler a ressuscitée ; pour marquer l'obéissance de cette armée au Fûhrer, le général von Blomberg, ministre de la Défense nationale, a pris la tête du défilé, suivi de ses trois ministres subordonnés : le général von Fritsch (guerre), le général Goering (aéronautique), l'amiral Raeder (marine)-avec photographies de presse (25 septembre 1935) ; la date du 1er novembre marquerait un palier dans la reconstitution de l'armée allemande ; mais on ne s'y repose pas, on s'organise pour aller jusqu'aux douze corps d'armée et aux trente-six divisions, programme qui serait réalisé vers l'automne de 1936 (8 octobre, 18 novembre 1935) ; le rôle du N.S.K.K. dans l'éducation des futurs automobilistes s'élargit encore : il se recrutera désormais uniquement dans la Jeunesse d'Hitler et ses éléments seront ainsi pénétrés depuis plusieurs années de la doctrine nazie (15, 21 octobre 1935) ; célébration, avec un éclat particulier, du 125e anniversaire de la création de l'École supérieure de guerre de Berlin (16 octobre 1935) ; le consul de France à Dûsseldorf signale le mécontentement de la population devant la pénurie de beurre, graisses et viande de porc (8 novembre 1935) ; la visite à Berlin d'une commission japonaise d'études de matériels témoigne de l'estime dans laquelle les Japonais tiennent maintenant les matériels allemands, qu'ils désirent imiter (9 Novembre 1935) ; suppression du Casque d'acier : la décision du Fûhrer ne fait que consacrer une victoire, depuis longtemps acquise, du Parti sur les éléments conservateurs (9 Novembre 1935) ; organisation et composition des divisions blindées (20 novembre 1935) ; recrutement des classes 1913 et 1916 (21, 22 novembre 1935) ; l'Allemagne a réorganisé avec rapidité ses régiments d'artillerie (26 novembre 1935) ; au sujet de l'examen psychologique auquel sont soumis les candidats officiers (9 décembre 1935) ; quand l'Allemagne se disposera-t-elle à réoccuper la zone démilitarisée ? L'échéance est-elle proche ? Aucune certitude. « Au point de vue technique (non stratégique), d'après ce que nous avons appris récemment du plan de réorganisation, c'est au cours de 1937 que ce plan atteindra son cadre général et c'est peut-être la dernière limite que l'on puisse s'assigner pour voir l'Allemagne réoccuper la rive droite du Rhin » (10 décembre 1935) ; extrait d'un article d'une revue militaire : dans une guerre entamée par surprise, l'agresseur tombera tout de suite sur des fortifications : un succès à base de chars ne sera possible que si ces derniers sont employés par centaines ; d'où la nécessité pour un état agresseur de posséder initialement des milliers de chars (11 décembre 1935) ; activité de la sidérurgie allemande de l'acier depuis 1932 (17 décembre 1935) ; un article met en lumière la nature véritable du service du travail, d'où les jeunes gens sortent aguerris physi-quement et habitués à se soumettre à la discipline (18 décembre 1935) ; finances et réarmement : le déficit du budget du Reich subsiste ; comment celui-ci pourra-t-il supporter le fardeau formidable des dépenses militaires que son programme des douze corps et trente-six divisions lui impose ? (19, 23 décembre 1935).
- Rapports et correspondance relatifs au premier semestre de 1936. Formation des officiers, renseignements sur les écoles militaires-avec photographies de presse (7, 15 janvier 1936) ; les autorités militaires font appel aux volontaires par la voie de la presse ; conditions exigées des jeunes gens désireux de s'engager dans l'armée de terre, la marine, l'aéronautique (14 janvier 1936) ; au sujet de la zone démilitarisée : « Il ne fait pas de doute pour moi qu'elle sera réoccupée par l'Allemagne ; la date seule reste incertaine » (15 janvier 1936) ; attaques menées dans la presse contre le traité de Locarno (15 janvier 1936) ; article du colonel Guderian sur l'emploi des unités blindées : ce qui caractérisera le début d'une guerre, c'est la surprise par l'aviation de combat et par les unités blindées, constituant une première vague qui sera suivie par des divisions d'infanterie portées (27 janvier 1936) ; victoire facile des Allemands, au concours hippique de Berlin, sur les Italiens et les Polonais (4 février 1936) ; dissolution des divisions de cavalerie (4, 19 février 1936) ; organisation des grandes unités (27 février 1936) ; production et consommation de carburants : l'Allemagne diminue d'année en année, grâce à sa production, ce qu'elle doit importer de carburants légers, mais elle reste tributaire de l'étranger pour la presque totalité de ses carburants lourds (27 février 1936) ; copie d'une lettre de l'attaché de l'Air montrant la qualité du matériel allemand de D.C.A. (25 février 1936) ; formation des chefs du service du travail (3 mars 1936) ; il semble que le pacte franco-soviétique soit la cause d'une nouvelle campagne de presse tendant à représenter le peuple allemand à la merci de voisins hostiles, on dénombre à nouveau les forces militaires de la France, accusée de nourrir des intentions agressives ; mais il s'agit peut-être simplement de justifier à l'avance la réoccupation de la zone démilitarisée et l'établissement de régions fortifiées face aux nôtres (3, 12 mars 1936) ; d'après les renseignements recueillis au sujet des mouvements de troupes en zone démilitarisée, celle-ci serait déjà occupée par au moins quatre divisions, par glissement de troupes vers l'Ouest et amalgame de la Landespolizei à celles-ci (9, 10, 15, 17 mars 1936) ; rumeurs relatives au désaccord, au sujet de la réoccupation de la zone démilitarisée, qui aurait existé entre le Parti, pressé d'agir, et le haut-commandement, estimant l'organisation de la Wehrmacht encore insuffisante (16 mars 1936) ; chaque division blindée compterait 580 chars (11 mars, 6 avril 1936) ; organisation de l'éducation physique (25 mars 1936) ; les renseignements que l'on peut obtenir sur le degré d'activité apparente de la Wehrmacht ne contiennent pas d'indice alarmant (26 mars 1936) ; listes d'épreuves automobiles publiées par le Motorwelt, bulletin de l'Automobile Club d'Allemagne ; il faut souligner à nouveau les efforts des autorités allemandes pour rendre véhicules et conduites aptes à la conduite des automobiles et motocyclettes en dehors des routes (28 mars 1936) ; instruction (concernant le recrutement, avec modifications des règles relatives au service militaire dans l'active et les réserves (31 mars 1936) ; le chiffre de trente-trois divisions d'infanterie plus trois divisions blindées, indiqué à la fin de l'an dernier, sera peut-être atteint au mois de novembre 1936. Est-ce bien le plafond que l'armée allemande s'est proposé ? (1er avril 1936) ; l'effectif total de 500 000 hommes à la fin de 1935 semble vraisemblable, ceux de 550 000 à la fin de 1936, et de 610 000 à la fin de 1937 sont éga-lement admissibles (6 avril 1936) ; un certain professeur Lirp aurait découvert une série de rayons spéciaux désignés sous le nom de « Lirpstrahlen A, B, C, D etc. W » ; le rayon A agissant sur le système d'allumage des automobiles et motocyclettes, permettrait d'arrêter tous les moteurs ordinaires dans un rayon de 200 mètres ; c'est le retour d'une question dont il a été beaucoup parlé il y a un ou deux ans (7 avril 1936) ; en lançant un programme de grands travaux, le gouvernement cherche assurément à les faire exécuter à bas prix au lieu de payer des chômeurs inactifs ; mais un but moins apparent consiste probablement à faire exécuter des travaux militaires dans les régions frontières (8 avril 1936) ; les Allemands veulent fortifier leur frontière à l'Ouest, mais en établissant un autre système d'organisation défensive ; ils étudieraient les possibilités d'attaquer la nôtre, notamment en utilisant les galeries sarroises pour déboucher en France (17 avril 1936) ; la création d'une académie des exercices physiques accentuera encore les efforts accomplis dans le domaine des exercices physiques par le gouvernement hitlérien : celui-ci prépare une génération de jeunes gens ne reconnaissant que l'idéal national-socialiste, aveuglément dévoués au Fûhrer, au caractère énergique, au corps athlétique (18 avril 1936) ; les rumeurs, d'après lesquelles l'armée allemande aurait effectué d'importants rassemblements de troupes face aux Sudètes, semblent sans fondements (22 avril 1936) ; à l'occasion de son 47e anniversaire, le Fûhrer a passé le 20 avril, à Berlin, une grande revue de la Wehrmacht (23 avril 1936) ; à côté du corps automobile national-socialiste, est créé un corps de cavaliers national-socialiste qui assurera la préparation militaire des hommes montés et des conducteurs nécessaires à la cavalerie, à l'artillerie et au train hippomobile ; on ne saurait assez souligner l'importance militaire de ces deux institutions (23 avril 1936) ; le Fûhrer a adressé au général von Seeckt un message de félicitations à l'occasion de ses 70 ans ; il l'a remercié d'avoir été, après la disparition de l'armée impériale, l'organisateur de la Reichswehr, d'où est née l'armée nationale d'aujourd'hui (23 avril 1936) ; à propos d'un ordre du jour du maréchal von Blomberg à l'occasion du 200e anniversaire de la mort du prince Eugène : von Blomberg « semble avoir été inspiré par un esprit de haine à notre égard que je ne lui connaissais pas » (23 avril 1936) ; les fabrications d'armement doivent-elles être nationalisées ? La Wehrmarcht soutient que non, tandis que les éléments de gauche du Parti prétendent que les fabrications d'armement ne doivent pas être laissées aux mains des capitalistes (27 avril 1936) ; le ministre d'Autriche à Berlin ne croit pas à l'imminence d'un coup de force dirigé par Hitler contre son pays ; il se fait des illusions sur l'éventualité d'une intervention armée de la France et de l'Italie ; mais le Fûhrer pense peut-être que le problème de l'Autriche peut se résoudre plus simplement que par un coup de force appuyé par les troupes allemandes : il aura alors l'habileté d'attendre que la question de l'Autriche se résolve d'elle-même, par une convulsion intérieure amenant au pouvoir un régime national-socialiste qui se liera à l'Allemagne (28 avril 1936) ; afin d'éviter toute violation des frontières belge, française et tchécoslovaque qui serait commise par des isolés, création d'une zone neutre de cinq kilomètres dans laquelle il est interdit aux militaires allemands de pénétrer en uniforme (7 mai 1936) ; en raison de l'intérêt des informations militaires recueillies par certains de nos consuls, l'attaché militaire propose de leur faire adresser une lettre de félicitations (9 mai 1936) ; on ne peut plus nier l'existence du corps blindé en tant que grande unité ; les Allemands s'arrêteront-ils là dans la voie de la mécanisation ? Sans aller d'un bond au chiffre de douze divisions blindées, qui suppose un effort financier inouï et qui entraîne la pensée vers la considération d'une sorte de douhétisme de l'arme blindée, peut-être l'Allemagne ira-t-elle jusqu'à quatre ou six de ces grandes unités ; c'est une éventualité dont il faut envisager les conséquences (12 mai 1936) ; l'attaché militaire est intrigué par les fréquents voyages effectués en France par certains officiers allemands spécialistes des affaires françaises : il serait intéressant de chercher à en deviner le but (13 mai 1936) ; envoi d'un article sur la défense antichars, montrant l'importance extrême donnée à celle-ci, ce qui suppose nécessairement un développement non moins considérable de l'arme blindée : « C'est sur elle que doit porter l'effort principal » (27 mai 1936) ; afin de soulager son service d'une besogne très lourde, l'attaché militaire n'exploitera plus à partir du 1er juillet que la presse berlinoise et celle du Brandebourg (3 juin 1936) ; mise au point des renseignements recueillis sur les S.S.-die Schutzstaf-fel (« l'échelon de garde »)-dont l'effectif reste de 200 000 hommes (9 juin 1936) ; les jeunes qui arrivent au régiment sont non seulement dégrossis au point de vue physique, mais sont en outre instruits sur tous les sujets qui font l'objet du « service en terrain varié » ; ils sont donc admirablement préparés à recevoir l'instruction militaire proprement dite, et c'est le gage d'une supériorité considérable (16 juin 1936) ; développement de la production de carburants gazeux-hydrocarbures tels que le propane et ses voisins-qui présentent de grands avantages : rendement équivalent à celui des carburants liquides, faible poids et encombrement réduit (17 juin 1936) ; les discours prononcés par Rudolf Hess et le Dr Goebbels exaltent la volonté du Parti et donc de l'Allemagne, de se défendre avec la dernière énergie contre le bolchevisme ; les orateurs ont certai-nement considéré le cas de l'établissement d'un régime communiste en France : « Je ne crains pas de me tromper en prédisant une attaque allemande contre la France si celle-ci devenait bolchevique » (17 juin 1936) ; la presse donne à la grande masse une image déformée, exagérée de la puissance de l'armée soviétique ; par contre un bulletin destiné à un public restreint d'officiers de réserve souligne les faiblesses de cette armée à divers points de vue : encadrement, instruction, tactique, armement (24 juin 1936).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1936. Mise en vigueur d'une loi rigoureuse pour protéger le matériel servant à la défense nationale et qui englobe en fait presque toute l'industrie et l'agriculture, et d'une nouvelle loi sur la protection du secret dans l'administration (27 juin 1936 ; publication depuis trois mois de nombreuses études sur la mobilisation économique (29 juin 1936) ; analyse et extraits d'un article relatif au rôle et aux responsabilités qui incombent à chacun en matière d'économie militaire, la fraction avancée du Parti est favorable à l'étatisation de l'industrie des armements mais le haut commandement y est opposé (30 juin 1936) ; le voyage du général von Reiche-nau en Chine aurait pour but de livrer des armes à Tchang-Kaï-Chek (2 juillet 1936) ; analyse d'une étude de l'attaché financier sur le financement des commandes d'armement (7 juillet 1936) ; visite d'une caserne neuve par l'attaché militaire, description de celle-ci (8 juillet 1936) ; pénurie de main-d'œuvre dans les entreprises d'armement (8 juillet 1936) ; traduction d'un article sur l'approvisionnement de l'Allemagne en pétrole soviétique (13 juillet 1936) ; analyse d'un manuel d'instruction sur la défense antichars à l'usage des régiments d'infanterie, l'attaché militaire attire l'attention sur « le combat de l'infanterie appuyée par les chars, la composition de la compagnie antichars, ses procédés de combat » (15 juillet 1936) ; analyse et traduction d'un article de la « Berliner Bôrsen Zei-tung » relatif aux rapports entre l'armée et la politique et aux répercussions qu'aura le changement de gouvernement sur la valeur de l'armée française ; l'auteur trahit un certain dépit en constatant que le nouveau gouvernement ne se propose pas, au contraire, d'affaiblir la puissance militaire de la France (22 juillet 1936) ; analyse et traduction d'une étude sur la mobilisation écono-mique, il faut noter « l'insistance avec laquelle les Allemands s'attachent actuellement, et depuis peu de temps, à la vulgarisation de cette question de préparation de la mobilisation économique », le rédacteur « insiste à plusieurs reprises sur la nécessité de préparer les esprits aux sacrifices et aux privations que l'état de guerre exigera de ceux qui vivront à l'arrière » (28 juillet 1936) ; « aucun officier allemand ne prendra part aux jeux olympiques en raison des événements actuels », démissions de nombreux officiers (dont l'attaché militaire) et diplomates espagnols manifestant de la sympathie pour le régime allemand et de l'hostilité à l'égard du bolchevisme (29 juillet 1936) ; les propos de l'attaché militaire polonais au sujet des événements récents de Dantzig montrent l'embarras des polonais, qu'ils dissimulent mal, devant l'action nazie dans la ville libre ; la Pologne ne souffrira jamais que le Reich remette la main sur l'embouchure de la Vistule (29 juillet 1936) ; formation en cours d'unités de chars, indépendantes des divisions blindées, et affectées aux grandes unités (5 août 1936) ; exposé des différentes raisons qui font éprouver à l'attaché militaire des inquiétudes pour l'avenir prochain, les dangers de guerre, à son avis, ont singulièrement grandi ; la presse allemande est à l'affût des indices-vrais ou faux-de notre aide à l'Espagne, « des Allemands nous avertissent clairement qu'ils sont prêts à entrer en guerre contre une France communiste... Je ne crois pas à une guerre imminente déclenchée par la volonté unique de l'Allemagne..., l'armée allemande n'est pas encore prête... l'argent manque », il est prématuré pour elle de compter sur la solidité de l'amitié italienne et de voir la Grande-Bretagne se séparer de la France, « mais les événements sont guidés moins par la raison que par la fatalité » ; il faut noter « le sens de l'opportunité » du gouvernement hitlérien, mais aussi « un certain goût du risque, que les succès remportés ne font qu'accroître » (4 août 1936) ; traduction d'une note sur « l'armée et l'économie de défense nationale, forces constructives de la puissance d'une nation » (11 août 1936) ; l'attaché militaire estime que les effectifs de l'armée allemande atteindront 616 000 hommes au 1er novembre 1936, alors qu'un document antérieur ne prévoyait que 550 000 hommes à cette date (11 août 1936) ; analyse d'un article relatif à la propagande communiste dans l'armée française ; on aurait vu, au 14 juillet, des officiers saluer le poing fermé (12 août 1936) ; triomphe de l'Allemagne dans les épreuves militaires des jeux olympiques, médiocrité des résultats français, « nous ne prenons pas suffisamment au sérieux en France ces compétitions, et nous nous y préparons mal », alors que l'Allemagne qui « a voulu être cette fois la première », y a consacré toutes ses forces ; « le système D. n'a pas sa place dans la préparation aux compétitions sportives, pas plus que dans celle de la guerre »-avec photographies de presse (18 août 1936) ; lettre de François-Poncet sur les avantages retirés par l'Allemagne à la suite de ses succès aux jeux olympiques : le Reich en a tiré « une confiance accrue en sa force et en son avenir », ces succès sont pour la population « la preuve d'une santé morale reconstituée par la vertu miraculeuse du Fûhrer » ; certains petits États ont dû être frappés par le spectacle de la force et de la grandeur du Reich, alors que la médiocrité de nos résultats ne « servira pas notre prestige » (19 août 1936) ; la décision de porter la durée du service militaire à deux ans a surpris aussi bien les Allemands que les étrangers, la mise sur pied des 36 divisions d'infanterie sera sans doute achevée cette année, l'attaché militaire estime que les effectifs allemands atteindront 721 000 hommes à la fin de l'année 1936 (25, 27 août 1936) ; ana-lyse d'une étude de l'attaché commercial sur la situation économique : progrès importants dans de nombreux domaines, la production d'essence synthétique couvre la moitié des besoins et l'Allemagne commence à stocker des carburants, l'économie allemande se présente sous la forme d'une économie de défense nationale (27 août 1936) ; réactions allemandes après la visite du général Game-lin à Varsovie : les Allemands pensent que « le rapprochement avec la Pologne serait concomitant d'un relâchement des liens avec la Russie et observent avec la plus grande attention l'évolution de ce mouvement » (10 septembre 1936) ; traduction d'un article contre la légion reproduisant des lettres envoyées par un légionnaire allemand d'Afrique du Nord et relatives à la discipline inhumaine de ce corps (14 septembre 1936) ; l'attaché militaire signale « la coopération généralisée, mais dans chaque cas assez modeste encore semble-t-il », de l'aviation aux (manœuvres de l'armée de terre (14 septembre 1936) ; le congrès du Parti s'est terminé par une fête militaire : à cette revue de Nuremberg ont participé des effectifs considérables (17 000 hommes) ; une place importante a été faite à l'aviation (370 avions) et aux armes motorisées ; des démonstrations avec usage des armes portatives et de bombes explosives ont fait impression sur le public ; la fête militaire du 14 septembre a atteint son but qui était de faire de la propagande militaire et d'attester la mise au point de l'armée dans ses évolutions en ordre serré-avec photographie de presse (15 septembre 1936) ; lettre du consul de France à Sarrebruck signalant des travaux de fortifications sur les rives de la Sarre, avec croquis (18 septembre 1936) ; note sur les effectifs du service du travail (30 septembre 1936) ; compte rendu des grandes manœuvres qui se sont déroulées du 21 au 25 septembre ; ce sont les plus importantes depuis la guerre, les attachés militaires n'ont obtenu que des renseignements sommaires, l'infanterie est excellente, l'arme antichars extrêmement nombreuse, le matériel abondant (sauf en artillerie) et neuf. Le personnel fait preuve d'une instruction, d'un entraînement, d'un allant hors de pair. « L'armée allemande est redevenue une armée de tout premier ordre » (5 octobre 1936) ; mesures prises pour remédier au manque d'officiers (6 octobre 1936) ; note sur la pénurie des denrées alimentaires : tour à tour des denrées disparaissent du marché, l'Allemagne se refuse à en acheter à l'étranger, n'utilisant ses devises que pour des achats indispensables, de minerai de fer ou de pétrole par exemple ; « Il nous faut choisir entre le beurre et les armements, nous n'hésitons pas », déclarent les dirigeants, la population n'élève d'ailleurs pas de plaintes ; l'Allemagne stocke de la viande en la mettant en conserve (6 octobre 1936) ; à l'occasion de la fête de la moisson célébrée au Bûckeberg, une démonstration militaire a été organisée pour frapper d'imagination des foules ; pour la première fois, une section de mitrailleuses a été lancée en parachutes pour prendre part à un simulacre de combat (6 octobre 1936) ; le commandant de l'Air allemand, longtemps sceptique sur les possibilités d'emploi des troupes parachutistes, leur porte un intérêt croissant, mais cette nouvelle arme n'atteindra sans doute pas le développement qu'elle a pris en U.R.S.S., en revanche l'Allemagne met l'accent sur la défense contre ce nouveau mode d'attaque aérien (20 octobre 1936) ; analyse d'une étude de Guderian sur l'organisation et l'action des formations blindées de reconnaissance pour lesquelles la vitesse est un facteur essentiel du succès, et sur les formations blindées de combat qui allient la puissance à la vitesse, Guderian rejette la solution du char lent construit uniquement pour appuyer l'attaque de l'infanterie et marchant pas à pas avec cette dernière ; types de chars préconisés par Guderian (21 octobre 1936) ; note de l'attaché financier sur le financement du réarmement ; les armements font l'objet d'un formidable budget extraordinaire financé par l'émission de traites à court terme, renouvelables jusqu'en 1939 (19 Novembre 1936) ; analyse d'un discours de von Blomberg sur les rapports entre l'armée et le parti, qui sont, déclare-t-il, « les deux piliers-maîtres » de l'Allemagne nouvelle ; « jamais il n'avait exprimé plus nettement que l'armée doit être imbue de l'esprit national-socialiste tout en s'abstenant d'une manière absolue de politique active ; jamais non plus il n'avait brûlé autant d'encens sur l'autel d'Hitler représenté comme un surhomme » (19 Novembre 1936) ; la réunion des chefs militaires à la chancellerie le 14 novembre a sans doute eu pour objet l'examen de la situation en Espagne (19 Novembre 1936) ; note sur le fonctionnement de l'école des troupes automobiles de combat : un tel établissement montre, par un exemple typique, l'échelle de grandeur de l'organisation de la nouvelle armée allemande (24 novembre 1936) ; note de l'attaché de l'air sur les rayons agissant à distance contre les avions (25 novembre 1936) ; déclaration sévère d'un amiral allemand sur les qualités combatives des Espagnols et exprimant son incertitude quant à l'issue de la guerre civile (3 décembre 1936) ; promulgation d'une loi prescrivant que tous les jeunes allemands devront être incorporés dans la Hitlerjugend (3 décembre 1936) ; compte rendu de la réunion des chefs militaires qui a eu lieu le 16 novembre au ministère de la Guerre : selon Beck, Franco n'aurait qu'une chance sur deux de l'emporter ; il serait dangereux de s'engager dans l'aventure espagnole, l'armée allemande n'étant pas prête pour assumer une telle guerre ; von Seeckt a déclaré que des actions militaires rapides et foudroyantes, contre la Tchécoslovaquie, par exemple, pourraient être entreprises si on était sûr de la neutralité de la Grande-Bretagne et d'une certaine passivité du côté de la France, mais une pareille attaque n'aurait de l'intérêt que si on pouvait la pousser immédiatement jusqu'en Ukraine. L'attaché militaire estime le plan d'attaque de la Tchécoslovaquie et de l'Ukraine « bien nuageux » et il n'y croit guère ; ce que l'informateur attribue à Beck lui semble sûr, mais ce qui regarde Seeckt lui semble en partie faux ou mal interprété ; il est possible que la mise sur pied des grandes unités s'effectue selon un rythme moins rapide que celui qui était prévu et ce serait bien en 1938 que l'armée serait organisée, mais il ne faut pas exclure tout emploi de celle-ci avant cette date et « les luttes intérieures peuvent diminuer très fortement la puissance militaire de la France, ou, ce qui revient au même, peuvent faire croire à l'Allemagne qu'il en est ainsi... ». Cette fameuse date à laquelle l'armée allemande sera prête n'a peut-être pas toute l'importance qu'on lui attribue (28 novembre, 2 décembre 1936) ; résultats des essais de pneumatiques synthétiques Buna : leur durée est de 35 000 kilomètres contre 28 000 pour les pneumatiques en caoutchouc naturel (7 décembre 1936) ; la mesure qui permet aux élèves des collèges de poser leur candidature d'élèves-officiers, sans avoir terminé leurs études, traduit les besoins urgents de l'armée allemande en officiers (8 décembre 1936) ; les Allemands envoient en Espagne non seulement des volontaires, mais des hommes désignés d'office (9 décembre 1936) ; le chef d'état-major de l'armée autrichienne prendrait ses inspirations à Berlin (10 décembre 1936) ; le commandement n'aurait pas l'intention de dépasser le nombre de trente-six divisions, les régiments en surnombre pourraient être utilisés comme troupes de forteresse ; les 7e et 8e régiments de chars ne seraient pas affectés à une quatrième division blindée mais collaboreraient avec les divisions ordinaires ; le système fortifié en voie de construction serait plus léger en face de la Belgique que vis-à-vis de la France (14 décembre 1936) ; la propagande en faveur des engagements volontaires se poursuit très activement ; il est fait appel à des volontaires non seulement pour les troupes régulières, mais aussi pour le régiment Goering, pour la garde d'Hitler, pour la police fluviale (15 décembre 1936) ; aucune unité nouvelle n'aurait été créée depuis novembre dernier et il en serait ainsi jusqu'en novembre 1937 (21 décembre 1936) ; lors d'une réunion des chefs d'industrie, Goering aurait déclaré que de graves complications internationales étaient à prévoir dans un avenir prochain, mais que la crise qui aurait lieu au cours du premier semestre 1937 serait courte ; le gouvernement aurait décidé de donner une priorité absolue aux matières premières, au détriment des denrées alimentaires ; les mesures prises montrent que « l'Allemagne vit actuellement dans un état exceptionnel qui, à beaucoup d'égards, ressemble à l'état de guerre ». L'Allemagne prépare-t-elle « un mauvais coup sur la Tchécoslovaquie, ou sur Dantzig, qui risquera de déclencher une guerre générale ? ... j'ai l'impression que l'on peut s'attendre au pire dans les années qui viennent » (22 décembre 1936) ; la décision d'interdire aux Allemands de se rendre à l'étranger, sans autorisation de l'autorité militaire, peut s'expliquer par le désir d'éviter les insoumissions, de retenir en Allemagne ceux qui chercheraient à quitter le pays et à empêcher les communistes de s'en-gager en Espagne (23 décembre 1936) ; analyse de deux articles du chef du 2e bureau allemand sur les armements aériens dans le monde, sur l'armée soviétique et les intentions de celle-ci ; il rejette sur la France la responsabilité de la course aux armements aériens, mais alors qu'il cherche à monter le grand public contre la France, il avertit les spécialistes des conditions de la lutte à l'Est, il estime que l'avance soviétique est impossible à rattraper. L'Allemagne n'aura-t-elle pas alors tendance à brusquer les choses avant que l'aviation soviétique soit arrivée à son maximum d'efficacité ? L'auteur prête à l'U.R.S.S. des visées expansionnistes, montrant ainsi l'habitude chez les Allemands « de prêter aux autres des intentions ou des gestes qui leur permettent de justifier leurs actes » (28 décembre 1936) ; accentuation de la propagande en faveur des engagements volontaires, raisons qui poussent le commandement à former avec tant de hâte des cadres de réserve : donner à l'armée, le plus rapidement possible, la qualité maximum en vue d'une guerre prochaine (en 1938-1939 et même 1940), les Allemands s'orientent de nouveau vers une guerre courte (29 décembre 1936) ; compte rendu des funérailles du général von Seeckt (30 décembre 1936).
- Rapports et correspondance relatifs au premier semestre de 1937. La Wehr-macht, représentée par le général von Fritsch et l'amiral Raeder, serait opposée à l'envoi en Espagne de volontaires et surtout d'unités constituées, parce qu'ils craignent que l'Allemagne ne déclenche ainsi un conflit général (5 janvier 1937) ; liste des stations émettrices de radiodiffusion avec leurs caractéristiques (13, 18 janvier 1937) ; selon l'attaché de l'Air, l'armée de l'Air allemande souffre d'une crise de croissance ; elle n'a pas encore deux ans d'existence, ses effectifs ont grandi démesurément en un temps trop court, le matériel ne semble pas avoir donné davantage toute satisfaction, il semble que l'armée de l'Air ne saurait être prête avant octobre 1938 (13 janvier 1937) ; la soudaine détente dans les relations franco-allemandes s'expliquerait par l'influence modératrice des militaires et des économistes sur le Fûhrer ; ne pas se faire d'illusions sur la durée de l'apaisement, car la psychose de guerre s'est développée dans le peuple d'une manière très marquée au cours de ces derniers jours (14 janvier 1937) ; aperçu de la future législation ayant pour objet de réprimer l'espionnage économique : les lois, déjà sévères, deviendront extrêmement rigoureuses ; la divulgation à un pays étranger de procédés de fabrication pourra être punie de la peine de mort (19 janvier 1937) ; documentation sur l'arme du génie : unités, encadrement (19 janvier 1937) ; dans quelle mesure l'Allemagne est-elle actuellement prête à la guerre, et quel genre de guerre pourrait-elle faire ? Raisons militaires et économiques pour lesquelles l'Allemagne devrait éviter un conflit : dans une guerre engagée actuellement, elle ne bénéficierait pas encore de l'effort énorme consacré depuis trois ans à reconstituer ses forces militaires : cet effort ne porterait ses fruits qu'après un certain temps nécessaire pour combler des lacunes encore importantes ; or l'Allemagne devrait, si elle s'engageait contre la France, faire au contraire, une guerre courte, elle y serait obligée en raison de sa situation économique ; car elle ne pourrait soutenir une guerre longue qu'à deux conditions (qui ne sont pas réunies) : disposer de larges stocks de matières premières ou avoir la liberté des mers pour se ravitailler. Autant d'arguments militaires et écono-miques sur lesquels les généraux von Fritsch et Beck ont dû s'appuyer pour jouer leur rôle de modérateurs (27 janvier 1937) ; au concours hippique de Berlin, les chevaux allemands sont d'une classe exceptionnelle, supérieure à celle des nôtres (10 février 1937) ; organisation des grandes unités (17 février 1937) ; memento sur l'armée de l'Air allemande établi par l'attaché de l'Air (17 février 1937) ; le nouvel attaché militaire de Bolivie à Berlin est de formation toute prussienne et il a appliqué les enseignements de ses fréquents séjours en Allemagne à la réorganisation de l'armée bolivienne (22 février 1937) ; discours du maréchal von Blomberg au personnel civil de la Force armée : il définit nettement leurs devoirs à l'égard du Fûhrer, il leur promet sa sollicitude mais pas d'augmentation de salaires, contrairement à l'exemple français ; allusion ironique au » Paradis de l'Est » (24 février 1937) ; l'Allemagne se consacrerait à l'organisation de son armée jusqu'a l'automne de 1938 ; à partir de cette époque elle changerait de ton et d'attitude et se donnerait comme première tâche de « faire sauter » la Tchécoslovaquie (3 mars 1937) ; salon automobile de Berlin en 1937 ; l'essor de l'industrie automobile se poursuit, mais Hitler n'est pas encore satisfait : il veut doter les classes modestes d'une voiture populaire et il reproche aux usiniers de n'avoir pas encore su réaliser son programme. « Il ne veut pas dix voitures populaires, mais une seule, bonne et bon marché » ; le diesel est toujours le maître des poids lourds, mais il accuse un recul dans les camions légers et moyens ; la raison : l'Allemagne fabrique de plus en plus d'essence synthétique, mais pas d'huile lourde, elle a développé à la fois le moteur à huile lourde et l'essence synthétique, d'où contradiction (9 mars 1937) ; les archives de l'attaché militaire contiennent peu de renseignements sur le statut de Dantzig et notamment le régime de démilitarisation : il faut consulter les archives de la section française de la Société des Nations et celles de la Conférence des Ambassadeurs et de la mission militaire française en Pologne (10 mars 1937) ; pendant les premières années du régime hitlérien, le corps des officiers n'était pas uniformément national-socialiste, mais une évolution s'est produite ; le maréchal von Blomberg est un nazi enthousiaste, les jeunes officiers sont tous nationaux-socialistes ; on peut dire que l'armée actuelle est en très grande majorité fidèle à Hitler. « Seules quelques personnes chagrines regrettent le caractère éminemment aristocratique de l'armée impériale et ne se consolent pas de voir qu'un soufle démocratique a modifié dans une certaine mesure l'esprit du corps des officiers » (16 mars 1937) ; organisation des régiments de cavalerie (17 mars 1937) ; l'organisation d'un nouveau commandement d'armée, comportant des unités motorisées et blindées, avec quartier général à Leipzig à cent kilomètres de la frontière tchèque, accroît les craintes d'un mauvais coup contre la Tchécoslovaquie, contre laquelle l'Allemagne espère mener ses opérations assez vivement pour qu'elle puisse disposer de nouveau de toutes ses forces actives sur un autre front (22 mars 1937) ; la réconciliation officielle entre Hitler et Ludendorff, symbole de l'union entre la vieille et la jeune armée, permettra peut-être de décerner à celui-ci la dignité de maréchal ; en tout cas, s'il porte allègrement ses 72 ans, sa longue inaction, l'étrangeté de certains de ses raisonnements, l'excluent d'un conseil militaire (31 mars 1937) ; reconstitution du service historique de l'armée allemande : le ministre de la Guerre a repris sous son autorité les différentes archives militaires de Postdam, Mûnich, Dresde, Stuttgart (5, 14 avril 1937) ; la fabrication des matériels et munitions étant gênée par la pénurie de matières premières et notamment de minerai de fer, il est certain que le programme de réorganisation de l'armée doit en subir un retard-difficile à évaluer mais appréciable (7 avril 1937) ; à l'occasion de son 48e anniversaire, le Fûhrer a passé, le 20 avril, une grande revue de la Wehrmacht qui n'apporte rien de précis sur l'organisation des unités mais confirme aux yeux de tous l'union étroite entre la Wehrmacht et son chef, le Fûhrer ; l'excellente présentation des troupes, en progrès certain par rapport à l'année précédente, s'explique par le dressage extrêmement poussé que reçoit maintenant le soldat avec le service de deux ans, indices d'une augmentation possible du nombre des divisions blindées (22 avril 1937) ; article du chef de l'état-major économique sur les rapports entre la conduite de la guerre et l'économie de guerre ; l'ampleur des opérations et des buts militaires doit être accordée avec les ressources économiques ; l'Allemagne avait déjà perdu la guerre lorsqu'elle est entrée dans l'hiver 1916-1917, « celui des choux-raves » ; elle manque d'espace et a besoin de colonies, au point de vue matières premières, aucun État ne peut rêver d'une autarcie complète (28 avril 1937) ; un officier supérieur allemand aurait dit que la guerre d'Espagne avait établi nettement la faillite du char allemand devant les canons antichars et l'influence nulle de certains bombardements de localités sur la suite des opérations (3 mai 1937) ; des indices montrent que l'effort énorme par lequel l'armée allemande entraîne ses troupes de l'active et ses réserves n'a jamais été aussi intense (4 mai 1937) ; traduction d'articles sur l'emploi des chars : le rédacteur considère que les chars doivent aller plus vite que l'infanterie, tout en réduisant leur vitesse quand c'est nécessaire pour mieux ajuster leur tir, ils sont condamnés s'ils vont toujours lentement (4 mai 1937) ; voyage du maréchal von Blomberg en Italie : échanges de missions avec l'Italie, voyages de ministres, » tout cela finira-t-il par une alliance ou tout au moins par des arrangements militaires ? » (12, 20 mai 1937) ; les Allemands à l'étranger sont tous fichés, un esprit national-socialiste est infusé dans le corps consulaire allemand qui relève du Service de renseignements (18 mai, 29 juin 1937) ; étude tactique sur le forcement du passage d'une rivière (27 mai 1937) ; une ordonnance relative au port de l'insigne de fusilier-parachutiste donne la preuve de l'existence de compagnies de parachutistes dans l'armée de l'Air (27 mai 1937) ; l'armée s'intéresse beaucoup aux travaux du nouveau conseil d'Empire des recherches scientifiques, qui oriente les recherches des savants vers la découverte de produits qui puissent rendre l'Allemagne aussi indépendante que possible de l'étranger (2 juin 1937) ; réflexions à propos de l'incident du « Deutschland » (au large de Valence) : Hitler a été d'abord porté par son tempérament violent vers trois mesures extrêmes de représailles, mais le calme du baron von Neurath a apaisé une colère qu'un conseiller impulsif comme le général Goering ou foncièrement haineux comme le docteur Goebbels aurait au contraire excitée, amenant Hitler à des décisions irrémédiables ; que sera l'influence italienne ? « Le Duce nous réserve peut-être encore plus de surprises et de dangers que le Fûhrer » (3 juin 1937) ; invitation au concours hippique international de Berlin du 15 au 19 juillet : il est désirable, dans notre intérêt, d'accepter cette invitation (3 juin 1937) ; renseignements sur divers matériels : chars, canons, mitrailleuses (8, 23 juin 1937) ; budget de l'attaché militaire et du personnel du poste : loyer, téléphone, domestique, nourriture et réceptions (au cours de 1936, l'attaché militaire à reçu 585 personnes à déjeuner ou à dîner), automobiles, étrennes et cadeaux, etc. (8 juin 1937) ; publication récente d'un livre intitulé : « Les attachés militaires à la cour du Tsar, 1904-1914 », ce livre est censé apporter « une nouvelle preuve de la non-culpabilité de l'Allemagne dans la guerre mondiale » (9 juin 1937) ; si le voyage du maréchal von Blomberg en Italie fait grand bruit en Allemagne, il ne semble pas qu'on soit à la veille de la signature d'un accord militaire italo-allemand ; il semble que le rapprochement en cours n'est pas poussé jusqu'à des engagements réciproques et que la liaison militaire entre les deux armées reste encore assez lâche (9 juin 1937) ; d'après un nouvel indice, l'organisation de l'armée allemande ne serait pas terminée, au plus tôt, avant la fin de 1938 : ainsi la date que le commandement allemand s'est fixée pour parfaire son programme militaire est encore assez éloignée. « Nous n'en connaissons d'ailleurs que plus mal le plafond qu'il se propose d'atteindre, surtout en ce qui concerne l'aéronautique » (14 juin 1937) ; d'après le major von Pappenheim, il n'y aura pas de création de nouvelle grande unité à l'automne 1937. « J'ai ajouté : « alors vous restez fidèles à la parole du Fûhrer : plus de surprises ! ». « Il m'a répété : « plus de surprises ! » (16 juin 1937) ; explications, données par les militaires allemands, de l'affaire Toukhatchevski : sa condamnation n'est pas fondée sur des intelligences d'une partie du commandement russe avec l'Allemagne ; on suppose qu'il a voulu détacher l'armée du parti dans l'intention de s'appuyer un jour sur elle pour renverser Staline (17 juin 1937) ; l'accueil réservé à Paris au général Beck et à sa suite a frappé agréablement l'esprit du général (24 juin 1937) ; le congrès des anciens combattants allemands s'est tenu à Cassel : le mot Friede est celui qui a retenti le plus souvent pendant trois jours, « une paix fondée sur l'honneur de chaque nation ». Nous nous rangeons tous à cet avis, mais ne savons jamais exactement à quelles conditions l'honneur allemand est satisfait (30 juin 1937).
- Rapports et correspondance relatifs au deuxième semestre de 1937. Depuis longtemps les S.A. n'ont d'autre intérêt, au point de vue militaire, qu'en raison de l'instruction pré ou postmilitaire qu'ils assurent ; toutefois il existe une formation d'élite : le régiment de la garde des S.A., qui doit être rangé parmi les formations paramilitaires pouvant être mobilisées avec leur encadrement (21 juillet 1937) ; établissement d'un impôt militaire payé par les jeunes gens dispensé du service militaire ; il atteint en fait beaucoup plus d'« Aryens » que de juifs (27 juillet 1937) ; voyage du major Hesse sur le champ de bataille de la première victoire de la Marne (4 août 1937) ; tous les Allemands sont incités à dévoiler une organisation d'espionnage contre l'Allemagne, travaillant pour une puissance occidentale ou pour une puissance de l'Est (12 août 1937) ; documentation sur l'organisation et l'armement de deux régiments d'infanterie (18 août 1937) ; les grandes manœuvres d'automne auxquelles la marine et l'aéronautique prendront part auront lieu dans l'Allemagne du nord, sur une très vaste zone, avec participation de la population civile à des exercices de protection aérienne, dans le but de leur donner un caractère plus voisin de la réalité de la guerre (31 août, 8, 13 septembre 1937) ; conséquence de l'attitude prise l'an dernier par la Belgique, la visite en Allemagne d'officiers de haut grade de l'aéronautique belge et les attentions dont ils ont été entourés, sont le signe d'un changement dans l'atmosphère, restée toujours assez chargée, des relations entre militaires des deux pays (2 septembre 1937) ; photographie d'une automitrailleuse à 8 roues (3 septembre 1937) ; un nouvel incident entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie (affront fait à l'attaché militaire tchécoslovaque à Berlin) est à ajouter à une liste déjà longue et qui n'est pas close (7 septembre 1937) ; le programme d'organisation 1937-1938 comporte la création, au 1er octobre, de deux divisions « spéciales » : quand les Allemands parlent du plafond de 36 divisions, ils jouent donc sur les mots, les nouvelles grandes unités n'étant pas de type ordinaire-Où s'arrêtera l'expansion de l'armée allemande ? On peut répondre comme le colonel Serret au printemps de 1914, que le Reich s'arme sur un pied tel qu'il puisse parler, le cas échéant, non d'égal à égal, mais en maître ; l'Allemagne ne s'arme sans doute pas pour un conflit nettement prémédité, mais saisira toute occasion possible quand la situation générale le permettra : la paralysie de la France par ses luttes intestines, à laquelle, tout le premier, Hitler croit et qu'il a prédite à notre ambassadeur lui-même, est la première condition escomptée par le gouvernement allemand (7 septembre 1937) ; une des faiblesses de l'armée allemande actuelle, si puissante qu'elle soit devenue, est le nombre relativement peu élevé d'officiers d'active ; les officiers de réserve sont en grande majorité des officiers de la guerre, vieux maintenant, mais on s'ingénie à constituer rapidement un cadre solide de bons officiers de réserve (13 septembre 1937) ; l'Allemagne s'acharne à mener très vite son œuvre de réarmement comme si elle s'était assignée une tâche donnée dans un temps déterminé. Or cette tâche excède ses moyens normaux et son économie souffre gravement. Pourquoi cette hâte ? Pourquoi se serait-elle fixée une échéance limite, que quelques-uns placent vers 1940, pour la mise sur pied de ses forces militaires ? (22 septembre 1937) ; l'armée allemande abandonnerait le type de chars légers à 2 hommes pour le type à équipage de 3 hommes ; les chars moyens ne se développent pas encore (19 octobre 1937) ; déclaration allemande concernant l'intégrité de la Belgique : examen des raisons qui ont pu conduire les Allemands à cette démarche (19 octobre 1937) ; traduction d'un article : comparaison des conceptions française et allemande de l'emploi des chars, le rédacteur critique la tendance allemande à aller chercher les objectifs lointains (les batteries) sans se préoccuper assez de la destruction des objectifs rapprochés (les mitrailleuses), il préconise des principes d'emploi moins téméraires (2 novembre 1937) ; développement de l'arme des chars : la création des 4e et 5e divisions blindées et peut-être la motorisation d'une 5e division permettent d'avancer l'hypothèse de la formation éventuelle de corps d'armée motorisés ou blindés ; cette réalisation marquerait une évolution radicale dans le caractère de l'armée allemande qui deviendrait ainsi un instrument parfaitement adapté à la politique agressive du régime actuel (11 novembre 1937) ; d'après un informateur, les mesures défensives prises près de la frontière germano-belge (création de la 4e division blindée à Wuppertal, développement extraordinaire de la défense antiaérienne dans la région de la Ruhr) ne le sont peut-être que pour couvrir une offensive future (11 novembre 1937) ; renseignements sur l'organisation de l'Académie de guerre et le plan général d'instruction des officiers d'état-major (22 novembre 1937) ; notice sur la mitrailleuse 34 et son emploi comme mitrailleuse légère et lourde (22 novembre 1937) ; l'attaché militaire recommande l'envoi d'une équipe militaire française au concours hippique de Berlin : ces contacts n'ont certes pas d'influence immédiate sur la politique extérieure de l'Allemagne, ils donnent toutefois à quelques officiers français des occasions de connaître un peu les officiers allemands (24 novembre 1937) ; les Allemands, revenant sur la déclaration qu'ils ont faite l'été dernier à l'attaché militaire belge, sondent les Belges pour savoir comment ces derniers accepteraient de les voir se fortifier en face d'eux ; hypothèses pour expliquer ce revirement (24 novembre 1937) ; le camouflage qui recouvre l'organisation est plus épais que jamais ; raison probable : parmi les grandes unités dont la préparation est en cours, il s'en trouve d'un type nouveau (motorisées ou mécaniques) dont on ne veut pas dévoiler la constitution (24 novembre 1937) : dès le début de 1938, la puissance de feu de l'infanterie serait très notablement accrue grâce à l'augmentation du nombre des mitrailleuses lourdes et surtout par l'adoption de lance-bombes de 50 et de 81, enfin en portant de 9 à 12 le nombre des canons antichars (30 novembre 1937) ; une étude tactique parue dans la « Deutsche Wehr » traite du combat de rencontre : l'excès de prudence vaut-il mieux que l'excès de hardiesse ? (30 novembre 1937) ; création d'une faculté de technique militaire destinée à donner l'instruction scientifique aux officiers et à former des ingénieurs civils des fabriques de matériels de guerre ; conçue à une échelle colossale, son édification durera deux ans (1er décembre 1937) ; les obligations auxquelles les hommes de complément sont soumis (comptes rendus, revues d'appel, etc.) sont particulièrement strictes et nombreuses (1er décembre 1937) ; transmission, avec avis très favorable, d'une invitation allemande au concours hippique de Berlin, adressée au cadre des épreuves de Saumur avec une reprise de sauteurs et une reprise de haute école (1er décembre 1937) ; analyse d'un article publié par le directeur de l'école d'infanterie : le culte de l'offensive est porté au degré le plus haut ; le fantassin ne doit avoir qu'une idée, gagner du terrain-le seul correctif qui soit apporté à ce principe déjà si profondément ancré dans l'esprit du fantassin en 1914, c'est que chacun gagne du terrain sous le couvert du feu des autres (6 décembre 1937) ; cas d'emploi des bataillons de mitrailleuses : combat de retardement, harcèlement des flancs et des arrières, couverture d'une retraite, défensive (7 décembre 1937) ; les unités de cavalerie seront dotées de la même mitrailleuse unitaire (M.G. 34) que l'infanterie et, à l'image de celle-ci, l'escadron se trouve désormais renforcé de deux mitrailleuses lourdes (7 décembre 1937) ; indications détaillées sur l'organisation de la compagnie de canons d'infanterie, à huit pièces dont deux lourdes, inaptes à tirer contre chars (8 décembre 1937) ; les usines Rheinmetall occuperaient au total 50 000 ouvriers (très peu de femmes) et fabriqueraient en ce moment surtout des fusils antichars et des pistolets-mitrailleurs (14 décembre 1937) ; confirmation de la suppression de l'exposition agricole et du concours hippique sous prétexte d'une épidémie de fièvre aphteuse (15 décembre 1937) ; création d'un corps de chefs de l'économie militaire qui ne sont pas des fonctionnaires mais des hommes de confiance, les mandataires des chefs de la Force armée ; on ne saurait assez souligner ce lien nouveau créé entre l'armée et l'industrie de guerre (15 décembre 1937) ; le général von Fritsch est parti pour l'Égypte en passant par l'Italie ; son retour est retardé de jour en jour-deux hypothèses : 1. un désaccord avec le Parti et sa retraite imminente. 2. un arrêt en Italie pour des conversations et des études, probablement-« Les buts de l'Allemagne restent enveloppés de nuages épais, ceux de l'Italie aussi, et cette double opacité est inquiétante » (21 décembre 1937) ; analyse d'un ouvrage du général Guderian qui préconise l'attaque simultanée de l'ensemble d'une position, par vagues successives de chars : tactique d'une armée extrêmement riche en chars (22 décembre 1937) ; funérailles du général Ludendorff, très simples, on ne sentait pas de tristesse. La fin de la carrière militaire de Ludendorff, son caractère difficile, son orgueil, sa brouille avec Hindenburg et avec Hitler, ses élucubrations antireligieuses, ont terni sa gloire (23 décembre 1937).
- Rapports et correspondance de janvier à mai 1938. Bilan militaire de 1937, d'après un article officieux : au cours de 1937, le cadre connu (dit des 36 divisions) n'a pas été agrandi sensiblement, mais l'effort a porté sur l'armement, et en particulier sur la mitrailleuse 34, sur l'artillerie, le matériel des unités mécaniques et motorisées (5 janvier 1938) ; un thème tactique étudie l'action d'un régiment d'infanterie renforcé, avant-garde de division, dans l'offensive : on retrouve la tendance des Allemands pour la recherche des solutions audacieuses, leur goût des ordres très brefs laissant beaucoup d'initiative, avec l'emploi massif des armes antichars, très mobiles (10 janvier 1938) ; l'attaché militaire est régulièrement invité aux manœuvres auxquelles tous les attachés sont conviés ; mais ce ne sont pas toujours les manœuvres les plus importantes de l'armée (15 janvier 1938) ; culte de la marche à pied dans l'armée allemande ; exemples de performances courantes : 60 kilomètres par jour en moyenne ; on ne saurait assez insister sur la capacité de résistance à la fatigue de l'infanterie allemande : l'armée du service obligatoire ne paraît pas inférieure à l'ancienne armée de métier (17 janvier 1938) ; complément de renseignements concernant la mitrailleuse unitaire nouvelle, utilisée en défense contre avions (17 janvier 1938) ; renseignement belge d'après lequel des travaux seraient commencés à hauteur de Malmédy (17 janvier 1938) ; visite du président du conseil yougoslave Stoiadi-novitch : la journée du 18 janvier a été tout entière consacrée à des visites militaires : artillerie, aviation, pour lesquelles tous les grands chefs de l'armée et de l'Air ont été mobilisés : démonstration de la puissance militaire de l'Allemagne et en particulier de son matériel, invitation à commander des armements de préférence en Allemagne (19 janvier 1938) ; organisation de la division d'infanterie : chaque division sera dotée d'une compagnie de 16 mitrailleuses de 20 contre avions (24 janvier 1938) ; critiques suscitées par le récent mariage du maréchal von Blomberg, éventualité de son remplacement, certains disent par le général Goering ; cette hypothèse, admissible au titre du ministère, le serait moins au titre du commandement en chef ; les Allemands ne semblent pas avoir constitué d'état-major permanent auprès du commandement en chef (26 janvier 1938) ; impression d'un attaché militaire étranger soulignant les faiblesses et les lacunes qui subsistent : déficit en cadres, lacunes dans les régiments d'artillerie des 36 divisions, celles-ci ne seraient complètes qu'à la fin de 1938 ; cette armée n'en constitue pas moins, déjà, une force redoutable (2 février 1938) ; rumeurs, parfois absurdes, touchant le maréchal von Blomberg et le général von Fritsch : en réalité, on ne sait rien de sûr (3 février 1938) ; la crise du haut commandement se dénoue par le renvoi de quinze officiers généraux des armées de Terre et de l'Air ; c'est un nouveau 30 juin sans effusion de sang, mais cette fois entre l'armée conservatrice et les éléments radicaux du Parti, c'est l'armée qui est vaincue ; les nouveaux généraux sont très jeunes, leur dévouement plus solide au national-socialisme va peut être faire de l'armée un instrument plus docile aux mains du gouvernement, ce qui n'est pas rassurant ; Hitler a pris le commande-ment effectif des forces armées, il est assisté d'un général qui est à la fois le chef de l'état-major général de toutes les forces armées et le ministre de la guerre délégué, mais ces décisions ne sont que provisoires (5 février 1938) ; organisation d'un état-major général des forces armées, avec l'ancien Wehrmachtamt et un état-major économique : le conseil d'économie militaire, préparant la mobilisation économique du temps de guerre (9 février 1938) ; copie d'un rapport (de 42 pages) de François-Poncet sur la crise intérieure allemande et les événements du 4 février 1938 (10 février 1938) ; analyse d'un article élogieux du « Berliner Tageblatt » sur le général Gamelin ; seul il pouvait obtenir la création d'un commandement unique-car jamais un Foch ou un Weygand n'aurait pu surmonter l'animosité des partis de gauche français à l'égard de l'armée ; rien ne permet de penser qu'il pourrait pousser son gouvernement à la guerre (15 février 1938) ; après le renvoi des quinze officiers généraux, l'armée allemande ressent le coup porté par le parti nazi ; on persiste à affirmer que le général von Fritsch a sinon été mis en état d'arrestation, du moins prié de se tenir à la disposition des autorités ; on prétend également que le général Beck a offert sa démission et qu'elle a été refusée. Les promotions du 13 février 1938 soulignent le rajeunissement du haut commandement ; le général Guderian, nouveau commandant des troupes blindées, n'a pas encore 50 ans, il bat le record du général von Reichenau (16 février 1938) ; succession Blomberg-Fritsch : la solution du 4 février n'est que provisoire, on dit que désormais il y aura d'une part un ministre de la Défense nationale, d'autre part un commandant en chef des forces armées (guerre, air, marine) pour lequel un état-major va être créé. Gœring ne sera pas commandant en chef, sera-t-il ministre de la défense nationale ? Le général von Brauchitsch n'est pas un politicien, mais uniquement un « soldat », doué d'une forte personnalité, mais moins violent que son prédécesseur le général von Fritsch (17 février 1938) ; au sujet des renforcements annoncés par Hitler dans son discours du 20 février : il s'agit de ceux dont les armées de l'Air et de Mer seront l'objet, de la création des unités qui manquent encore dans les divisions (dans le cadre dit des 36 divisions) et de celle des réserves générales qui se poursuivent, de l'organisation du haut commandement ; le fait principal est la mise sur pied de nouvelles unités blindées et peut-être motorisées, dans un cadre souple de grands commandements indépendants de l'organisation territoriale (22 février 1938) ; les attachés militaires ont été présentés au nouveau commandant de l'armée, le général von Brauchitsch au cours d'une réception un peu froide ; résumé de l'allocution du général von Brauchitsch : l'Allemagne poursuivra l'œuvre de reconstitution de ses forces militaires « pour être en mesure de protéger l'espace vital du peuple allemand » (23, 28 février 1938) ; éventualité d'un voyage en Allemagne d'une haute personnalité française, pour répondre à la visite que le général Beck a faite à Paris en 1937 : nous ne pouvons guère échapper à l'obligation de la réciprocité, « il convient de se montrer beaux joueurs » (1er mars 1938) ; exposition automobile de 1938 : pas de nouveautés ; observations générales : tendance à la normalisation des pièces, souci d'employer moins de métal (en diminuant le poids) et d'économiser certains métaux rares, développement des alliages légers (7 mars 1938) ; d'après un renseignement sérieux, l'Allemagne devrait freiner ses armements en octobre 1938 par crainte d'une catastrophe économique qui serait fatale au régime. Le plafond militaire fixé ne serait pas abaissé pour autant, mais serait plus lentement atteint. Et pourtant Hitler le 20 février, Brauchitsch le 21, Gœring le 1er mars, ont fait entendre des paroles menaçantes. Bluff dans une certaine mesure, peut-être, mais bluff dangereux : il faut rester plus vigilants que jamais (9 mars 1938) ; seront incorporés le 1er octobre 1939 : la classe (de naissance) 1918 qui donnera environ 250 000 hommes aptes ; la classe 1919, première classe riche après la période creuse, disposera de 370 000 aptes dont une partie seulement (la moitié environ ?) sera incorporée (16 mars 1938) ; quelle suite sera donnée par le chancelier Hitler au coup de force du 13 mars sur l'Autriche ? Se contentera-t-il de cette opération réglée sans effusion de sang et au meilleur compte et abordera-t-il le problème sudète par des voies pacifiques ou bien grisé par son succès, ne profitera-t-il pas de la situation actuelle pour développer son action et attaquer la Tchécoslovaquie ? Le problème est infiniment plus complexe, plus difficile que celui résolu par Hitler en Autriche, tardivement mais aisément ; toutefois on peut craindre qu'il ne s'y lance aveuglément (16 mars 1938) ; appréciation de l'attaché militaire, dans une lettre personnelle : « l'atmosphère de l'ambassade est sursaturée de nervosité, certains jour à un degré pénible. A la tête, malgré une intelligence remarquable d'acuité et de profondeur, un manque absolu d'estomac. Le glas sonne en permanence » (17 mars 1938) ; historique détaillé des mouvements de troupes allemandes ; en conclusion, caractères de l'opération contre l'Autriche : rapidité et secret de la mobilisation et de la concentration ; il faut souligner une fois de plus l'aptitude remarquable des fantassins allemands à couvrir des marches de 50 kilomètres pendant sept jours de suite, sans repos ; aucune grande unité de réserve n'a été appelée, nous devons tirer certains enseignements de ce qui vient de se passer pour exercer une surveillance encore plus vigilante et réaliser une organisation meilleure de la recherche des renseignements (16, 28 mars, 5, 13 avril 1938) ; renseignements sur l'approvisionnement de l'Allemagne en minerai de fer (1er avril 1938) ; « la masse motomécanique » groupée sous les ordres du 4e groupement d'armées, à Leipzig, aux ordres du général von Reichenau, est appelée à jouer dans la prochaine guerre un rôle considérable : elle sera un des principaux facteurs de surprise (6 avril 1938) ; la nomination de l'attaché militaire allemand à Tokyo au poste d'ambassadeur au Japon, la promotion de l'attaché militaire japonais à Berlin, conduisent à se demander si les deux pays n'étudient pas le projet et les modalités d'une assistance militaire (7 avril 1938) ; un article d'une revue militaire montre une fois de plus la tendance allemande vers la réalisation d'attaques puissantes, montées rapidement et menées vigoureusement ; pour la première fois, en outre, est étudié l'emploi d'une unité d'infanterie portée sur véhicules blindés tous terrains (13 avril 1938) ; plusieurs membres de l'ambassade d'Italie à Berlin expriment au sujet de l'Anschluss des opinions qui révèlent le dépit de l'Italie de n'avoir pas été consultée ni même avertie de la décision prise par le Fûhrer, et l'inquiétude que fait naître de tels procédés ainsi que l'établissement de l'Allemagne à la frontière du Haut-Adige (14 avril 1938) ; l'intervention militaire en Autriche : résumé d'ensemble et enseignements-copie de lettres de l'attaché de l'Air à Berlin (14 avril 1938) ; suppression du port du sac dans l'infanterie : le fantassin garde sur lui un chargement de marche constitué par l'arme individuelle, l'outil, le masque, la musette, le bidon, la toile de tente, le matériel de campement individuel, les vivres de réserves ; le sac est porté par une voiture de section, de construction métallique, qui porte en outre les mitrailleuses légères et des munitions (2 mai 1938) ; une organisation analogue à celle des D.I.M. françaises n'a pas été adoptée en Allemagne pour le transport des divisions d'infanterie motorisées : au contraire on a décidé d'affecter organiquement, dès le temps de paix, à toutes les formations des divisions motorisées la totalité des véhicules automobiles nécessaires au transport de leur personnel et de leur matériel (7 mai 1938) ; la mitrailleuse modèle 1934 ne donnerait pas entière satisfaction à la troupe : les enrayages sont trop nombreux en cas de tir continu d'une certaine durée (9 mai 1938) ; les relations amicales de l'Allemagne et de la Yougoslavie se développent : visite du ministre des Travaux publics de Belgrade et missions d'officiers yougoslaves (10 mai 1938) ; instruction prémilitaire des recrues et entraînement permanent des réserves : l'armée, qui se charge de l'instruction purement militaire, reçoit des hommes qui arrivent complètement formés au point de vue de l'entraînement physique, de l'aptitude à la marche, de la discipline de l'homme du rang ; ce sont les S.A., N.S.R.K. (cavaliers), N.S.K.K. (troupes motorisées), etc. qui assurent une préparation militaire de la jeunesse aussi poussée que possible ; d'autre part les grandes formations national-socialistes maintiennent un grand nombre de réservistes en état perma-ment d'entraînement (17 mai 1938) ; la tension germano-tchéque a été très vive le 21 mai, mais les nombreuses reconnaissances faites jour et nuit par l'attaché militaire, l'attaché de l'Air, des attachés alliés n'ont permis d'observer aucun déplacement de troupes soit par route, soit par voie ferrée ; il ne peut y avoir de surprise mais il est extrêmement urgent de développer notre système d'observation permanent à l'intérieur de l'Allemagne (24 mai 1938).
- Rapports et correspondance de juin 1938 à juin 1939. Difficultés éprouvées pour se conformer strictement à la note du 31 janvier de l'E.M.A. prescrivant l'envoi mensuel des comptes rendus de la presse militaire, des sommaires des revues et publications, des analyses d'ouvrages militaires (1er juin 1938) ; renseignements sur le paquetage emporté par les hommes par suite de la suppression du port du sac (7 juin 1938) ; caractéristiques de la future voiture populaire : Volkswagen (8 juillet 1938) ; au sujet de la tension germano-tchèque du 21 mai 1938 : les mesures de sécurité prises alors par le haut commandement allemand-surpris par la fermeté de la réaction des gouvernements de Prague, de Paris et surtout de Londres-démontreraient qu'il n'était pas dans ses intentions de procéder à un coup de force et qu'il s'était au contraire mis en garde contre une attaque éventuelle (8 juin 1938) ; les matériels nouveaux ne sont pas encore distribués à toutes les unités d'infanterie : pourquoi le travail intense des usines, depuis plusieurs années, ne suffit-il pas à doter les unités d'active de tout leur matériel ? La même question se pose pour l'artillerie et surtout pour l'artillerie lourde (13 juin 1938) ; il existerait deux types de chars moyens, d'un poids de 17 tonnes, différents par les systèmes de roulement et probablement aussi de l'armement (13 juin 1938) ; les cinq écoles militaires allemandes comptent 2 500 élèves, le recrutement des élèves-officiers ne peut guère être intensifié, la réintégration d'anciens officiers, qui paraissait être une source tarie, est poursuivie, mais au détriment de la qualité. Il semble que l'armée allemande, qui compte environ 23 000 officiers, ne puisse guère atteindre un encadrement normal avant deux ou trois ans au plus tôt (21 juin 1938) ; renseignements sur la composition et le matériel des divisions : blindées, légères, motorisées ; leur équipement en matériel nouveau modèle exigera un an et demi (22 juin 1938) ; application à l'Autriche du système militaire allemand, avec toutefois une période transitoire : on n'incorporera en Autriche, faute de cadres et sans doute de matériel, que la classe 1917, entre le 16 août et le 10 septembre (22 juin 1938) ; quel est le but de la visite du général Keitel à Budapest ? L'entrée d'une armée allemande en Hongrie poserait à la Roumanie et à la Yougoslavie un problème nouveau : ces pays sont liés à la Tchécoslovaquie contre une éventuelle intervention des forces hongroises, mais si ces forces sont allemandes l'accord tombe. Quand les États de la Petite Entente ont envisagé une assistance mutuelle, l'Anschluss de l'Autriche n'était pas un fait accompli ; le libre accès à la Hongrie aux troupes allemandes a changé les conditions du problème. Or si l'Allemagne doit un jour attaquer la Tchécoslovaquie, elle éviterait de pénétrer par les frontières de la Bohème, organisées défensivement, en choisissant comme base les frontières autrichienne et hongroise (23 juin 1938) ; une ordonnance émanant du maréchal Goering prescrit la conscription des travailleurs dès le temps de paix : tout Allemand ou Allemande, sans distinction d'âge, de situation sociale, de profession, peut être appelé à travailler dans un lieu qui lui est fixé, pour une durée donnée ; il s'agit certainement d'équiper les chantiers de fortification ouverts sur la frontière occidentale ainsi que les usines de guerre (28 juin 1938) ; une conversation rapportée par le capitaine Stehlin confirme la volonté du Fûhrer de « supprimer » la Tchécoslovaquie ; la menace d'intervention franco-britannique l'a empêché de mettre à exécution son projet le 21 mai ; il a donné l'ordre, pour se couvrir à l'Ouest, de procéder à l'organisation fortifiée d'une zone profonde allant de la Suisse à la Mer du Nord. Il serait intéressant de pouvoir estimer le temps que cette organisation demandera ; on pourrait en déduire la durée du répit dont la Tchécoslovaquie et l'Europe disposeront, en admettant que les choses ne se gâtent pas « d'une autre manière » et que le chancelier ne saisisse pas d'autres occasions favorables « pour exécuter le mauvais coup qu'il projette » (29 juin 1938) ; d'après un stagiaire étranger, les compagnies de fusiliers du régiment observé sont à 150 ou 160 hommes (cadres compris), mais ce nombre comprend en permanence une vingtaine de réservistes et les compagnies ne disposent que d'un lieutenant ou sous-lieutenant en dehors du commandant de compagnie (6 juillet 1938) ; l'étude d'un livre récent ou d'ouvrages publiés par le service historique de l'armée allemande conduirait à penser que l'organisation de la frontière occidentale ne pourra guère être terminée avant l'été de 1939 (6 juillet 1938) ; selon les bruits qui courent à Berlin, le général von Fritsch aurait été victime d'un dossier du chef de la sûreté Heydrich l'accusant d'homosexualité ; lavé de cette accusation par un conseil d'enquête, le général exigerait le renvoi de Heydrich (7 juillet 1938) ; confirmation des projets de fortification de la frontière occidentale ; résumé des informations montrant le démarrage de l'exécution du plan d'organisation défensive (11 juillet 1938) ; confirmation officielle de l'existence d'une école de parachutistes et d'un bataillon de parachutistes d'infanterie, distinct du régiment de chasseurs parachutistes n°1 de Stendal (11 juillet 1938) ; discussion historique et propagande : article sur un ouvrage historique relatif à la retraite de l'armée du maréchal Mackensen en 1918 et à l'internement de son chef : les ordres donnés à son égard par le maréchal Franchet d'Esperey et le maréchal Foch sont jugés sévères et peu chevaleresques (16 juillet 1938) ; l'étude des variations annuelles des effectifs de l'armée allemande montre : une augmentation de 100 000 hommes fin 1937, un palier ou même une légère diminution d'effectifs fin 1938, mais fin 1939 le chiffre des excédents lui permettra de nouveau un rebondissement de près de 100 000 hommes (20 juillet 1938) ; organisation des bataillons de mitrailleuses, tableaux d'effectifs, possibilités en marche et au combat ; bataillon de mitrailleuses contre-avions : composition, armement (25 juillet 1938) ; les permissions ne sont pas suspendues ; l'envoi d'ouvriers, le transport de matériel vers la frontière occidentale, l'exécution de travaux, sont confirmés par des sources multiples ; en Autriche, stationnement de nombreux bataillons, mais pas de grandes unités (sauf la 2e division blindée) ; il règne un certain malaise dans la population ; la crainte de la guerre y entre pour une part ; au contraire, l'armée ne croit pas raisonnable de s'engager dans un conflit général avant un ou deux ans (27 juillet 1938) ; copie d'un rapport de l'attaché de l'Air : les travaux de fortification se poursuivent avec une intensité que tous nos consuls de l'Ouest de l'Allemagne sont unanimes à souligner (2 août 1938) ; les manœuvres d'automne de cette année sont préparées de manière à constituer des troupes de réserve et à les faire manœuvrer en grandes unités ; de plus la population aura le devoir de fournir les réquisitions et prestations demandées par l'autorité militaire ; pour ne pas troubler la vie normale, ces mesures ne seront pas prises simultanément sur tout le territoire et leur ampleur sera limitée (5 août 1938) ; application de l'ordonnance du 30 juillet 1938 créant le long des frontières de larges zones interdites aux militaires étrangers de l'active ; ces mesures s'inspirent de la création de notre zone réservée, mais sont d'une sévérité beaucoup plus grande ; en conséquence une stricte réciprocité doit d'imposer (8, 9 août 1938) ; envoi de photographies de presse montrant des chars moyens de même modèle que ceux qui ont défilé à Berlin le 20 avril 1938 (15 août 1938) ; le général von Fritsch a été nommé colonel honoraire du 12e régiment d'artillerie ; son rôle militaire est terminé : pour qu'il fût rappelé, il faudrait une guerre ou une crise politique grave (15 août 1938) ; commentaires à propos d'une conversation avec un officier allemand : l'état de préparation à la guerre de l'armée allemande et de l'Allemagne toute entière n'a jamais été poussé, dans tous ses détails, à un degré aussi élevé ; Hitler veut avoir à sa disposition des forces qui lui permettent d'agir sur la Tchécoslovaquie avec rapidité, d'une manière massive, et de se retourner ensuite, s'il le faut, contre la France et l'Angleterre (17 août 1938) ; selon certains renseignements, il serait mis sur pied une quinzaine de divisions de formation, en deux séries sans doute ; certaines divisions comprendraient à la fois des réservistes et des landwehriens (24 août 1938) ; la revue du 25 août a été la plus grande revue militaire d'après-guerre, 16 000 hommes ont défilé pendant deux heures, un grand nombre (74) de chars ont été présentés ainsi que des mortiers de très gros calibres et quelques pièces d'artillerie lourde (au canon très long, de 21 ou 24 cm) jusqu'alors inconnues ; à noter la faiblesse de l'encadrement en officiers des unités d'infanterie (29 août 1938) ; compte rendu d'une manœuvre d'infanterie avec chars : l'infanterie attaque tout d'abord sans chars, après une préparation d'artillerie, les chars ne sont pas engagés au début de l'attaque, mais lorsque l'infanterie ne peut plus progresser (30 août 1938) ; lettre personnelle au général Dentz : la situation est sérieuse, « je crois Hitler absolument décidé à faire un coup sur la Tchécoslovaquie », l'échéance pourrait être très proche (6 septembre 1938) ; l'attaché militaire italien à Berlin envoie son adjoint auprès de l'attaché français pour lui exprimer ses remerciements devant l'attitude de la France qui a décidé de ne pas prendre à la frontière italienne les mêmes mesures de précaution qu'à la frontière allemande (8 septembre 1938) ; après les manœuvres de Prusse orientale, dîner au cours duquel un groupe d'officiers allemands, excités « par les liqueurs et la bière », développent entre eux le thème suivant : « les peuples qui ne possèdent plus le dynamisme voulu pour chercher à développer leur expansion au-delà de leurs frontières doivent disparaître » ; cette conversation « révèle un aspect brutal, inquiétant et désespérant de la psychologie allemande » (20 septembre 1938) ; memorandum présenté au Fûhrer par A. François-Poncet le 28 septembre ; réunions de la commission internationale chargée de régler l'exécution des dispositions de l'accord de Munich ; à la sous-commission chargée des questions militaires, les représentants français ont joué un rôle important, les militaires allemands font preuve d'intransigeance, mais ils trouvent devant eux un front continu de quatre puissances et l'appui des Italiens leur échappe ; mais à la commission internationale leur thèse triomphe ; surprise devant l'attitude des officiers tchèques, qui préfèrent régler les points en litige par discussion directe avec les Allemands (2, 4, 6 octobre 1938) ; le facteur aérien dans le conflit germano-tchécoslovaque : étude de l'attaché de l'Air (10 octobre 1938) ; les informations, incomplètes, recueillies sur la mobilisation effectuée par l'Allemagne pour occuper les pays sudètes, permettent de constater : la facilité et la rapidité de mise sur pied des unités actives, grâce à leurs effectifs de paix élevés-mais elles ont besoin d'officiers et de sous-officiers de réserve ; la constitution de groupements de transport automobile assurant avec les voies ferrées les transports des grandes unités-les divisions motorisées sont pourvues en tout temps de leurs moyens de transport (solution de luxe), d'où leur mobilité ; l'absence de véritables divisions de réserve, c'est-à-dire composées d'hommes âgés de moins de 35 ans et complètement instruits ; ainsi l'Allemagne se trouve dans une période de transition et les modalités de sa mobilisation ne seront pas, dans quelques années, les mêmes qu'aujourd'hui (10 octobre 1938) ; les événements récents ont démontré « de façon éclatante » l'importance du rôle que nos consulats d'Allemagne peuvent et doivent jouer dans la recherche des renseignements militaires à l'intérieur de l'Allemagne : rôle en particulier des consulats de Dresde et de Vienne auprès desquels avaient été détachés des observateurs qualifiés ; il faut donc étendre au plus vite à tous nos consulats la réalisation de ce principe, c'est-à-dire les renforcer chacun d'un observateur militaire spécialisé (11 octobre 1938) ; préparation et exécution de l'occupation des pays sudètes : résumé des renseignements recueillis (25 octobre 1938) ; le général Beck, chef d'état-major général de l'armée, est « sur sa demande » mis à la retraite, ainsi que le général von Rundstedt : ainsi se poursuit, depuis février 1938, l'élimination des chefs militaires insuffisamment acquis aux doctrines national-socialistes, peu à peu les cadres supérieurs de l'armée sont purgés des éléments qui ne redoutaient pas de dresser un obstacle devant l'audace brutale du chef du IIIe Reich ; en même temps, le haut commandement est de plus en plus rajeuni (2 novembre 1938) ; une importante activité règne actuellement dans l'armée allemande, qui paraît entrer dans une nouvelle phase de réorganisation et de développement ; la création de régiments de fusiliers portés est peut être l'indice de la mise sur pied prochaine de nouvelles grandes unités motorisées ou mécanisées (2, 7 novembre 1938) ; concentration entre les mains d'un seul représentant de la Wehrmacht de toutes les questions militaires ayant un rapport plus ou moins direct avec l'économie nationale allemande ; c'est un nouveau pas sur la voie de l'organisation totalitaire du IIIe Reich, facilitant la production des armements en temps de paix et la préparation pour le temps de guerre de la mobilisation économique de la nation (2 novembre 1938) ; une campagne de propagande militaire a été déclenchée à la radio et dans la presse pour convaincre l'Allemagne et l'étranger de la supériorité incontestable de la puissance militaire allemande ; en réalité, il est inexact de prétendre que le peuple allemand était moralement prêt à faire la guerre en septembre, que la moitié des divisions étaient motorisées ou blindées, que les fortification tchèques étaient absolument achevées, que la frontière occidentale de l'Allemagne était déjà inviolable en septembre (9 Novembre 1938) ; à son départ, le général Renondeau a été l'objet d'une grande amabilité de la part des autorités militaires allemandes (14 novembre 1938) ; étude sur la préparation et l'exécution de l'occupation du pays sudète : la mise en œuvre des moyens militaires a été bien préparée, mais il a été fait trop bon marché de la capacité de résistance qu'aurait pu offrir la fortification tchèque (18 novembre 1938) ; les véhicules de réquisition, auxquels les unités ont dû faire appel cet été, se sont révélés impropres à tout usage prolongé dans le cadre des armées mobilisées ; aussi un « commissaire général plénipotentiaire pour la motorisation » est-il chargé de normaliser les fabrications de l'industrie automobile : désormais celle-ci ne devra fabriquer qu'un certain nombre de types de véhicules satisfaisant tous aux besoins de la défense nationale en cas de guerre ; par exemple la décision a été prise de réduire à trois seulement le nombre des types (130) de camions automobile (22 novembre, 5 décembre 1938) ; demande, transmise avec avis favorable, du chef de la section française du 2e bureau de l'E.M. général, tendant à obtenir l'autorisation de faire un voyage en Algérie et dans le Nord de la Tunisie (26 novembre 1938) ; Hitler, « très content de la Belgique », déclare qu'elle a compris son rôle : les petits états neutres de l'Ouest doivent être prêts à défendre leur neutralité ; ils sont ainsi les plus sûrs garants de la paix européenne (28 novembre 1938) ; les Tchèques, d'après Hitler, n'ont rien à redouter de l'Allemagne, à moins qu'ils ne constituent une menace militaire quelconque contre le territoire du Reich ; « mais en Europe centrale, il y a quelque chose qui n'est pas réglé » ; c'est donc sur l'Europe centrale (Roumanie ou Ukraine ?) que, d'après ces déclarations, doit s'exercer la prochaine menace allemande (28 novembre 1938) ; pour combler les déficits encore importants qui subsistent dans les cadres de l'armée active, le commandement allemand fait appel aux ressources de ses cadres de réserve : certains sont admis à servir en situation d'activité (par contrats d'un an), d'autres sont autorisés à entrer définitivement dans les cadres de l'armée active, après être passés par une école d'élèves-officiers (28 novembre 1938), une nouvelle liste de promotions dans le haut commandement fait apparaître une organisation nouvelle des forces mécaniques allemandes ; le général Guderian devient « inspecteur des troupes rapides » (29 Novembre 1938, 21 décembre 1938) ; le « Reich aurait « renoncé complètement à la théorie des grands ouvrages fortifiés contenant de l'artillerie » ; résumé de la conception en vigueur sur les procédés d'attaque des ouvrages fortifiés : rôle des pionniers (6 décembre 1938) ; manœuvres en pays sudète : il semble que, poursuivant ses expériences antérieures, le commandement a cherché à déterminer les possibilités exactes de ses moyens de combat (artillerie lourde en particulier) contre les gros ouvrages fortifiés construits par l'armée tchécoslovaque ; l'aviation a participé à ces expériences (7 décembre 1938) ; « tour d'horizon » : de nouveaux événements semblent se préparer, quand et où ? En conclusion (p.21), l'armée allemande, malgré le gigantesque effort poursuivi, n'est pas encore entièrement construite ; mais elle pourrait, aidée par la propagande et par la politique, suffire pour une pression visant à l'asservissement de territoires de l'Est comportant le sol et le sous-sol dont l'Allemagne a besoin ; « la traite qu'ont accepté implicitement les peuples de l'Europe centrale qui n'ont pas su ou voulu soutenir la Tchécoslovaquie peut donc venir bientôt à échéance. Ce pourrait être dès 1939 » (12 décembre 1938) ; acceptant ce qu'il ne peut éviter, le corps des officiers devient chaque jour national-socialiste ; beaucoup d'ailleurs trahissent leur inquiétude devant la pers-pective d'une assimilation des chefs de S.S. au corps des officiers. Le haut commandement a-t-il conservé son indépendance et sa valeur ? Il a depuis six ans subi une perte d'influence considérable dans les affaires de l'Etat, tout ce qu'il a perdu a été gagné par le parti ; par contre on peut estimer que sa valeur est demeurée intacte (13 décembre 1938) ; pour faciliter le ravitaillement en essence des véhicules automobiles, l'armée reçoit dès maintenant des bidons de 20 litres ; la distribution du carburant ne se fera plus directement par les camions-citernes (14 décembre 1938) ; la création de nouvelles unités se poursuit, destinées soit aux nouvelles grandes unités mécaniques, soit aux formations de réserve générale (14 décembre 1938) ; la durée du service à court terme des hommes appartenant aux classes de réserve non encore instruites est portée à trois mois, preuve que le commandement a jugé insuffisante la valeur militaire des réservistes (19 décembre 1938) ; attributions des généraux chargés de l'organisation écono mique de la nation pour le temps de guerre (24 décembre 1938) ; le gouvernement a décidé que le développement total du réseau d'autostrades atteindra 14 000 kilomètres ; comparaison de ce tracé avec le stationnement des grandes unités motorisées, légères et blindées ; une fois ce réseau achevé (au plus tôt à la fin de 1942), l'Allemagne disposera de possibilités considérables pour exécuter rapidement et en secret la concentration de son armée « moto-mécanique » à l'une quelconque de ses frontières (28 décembre 1938). « Prévisions » et remarques pour compléter le « tour d'horizon » du 12 décembre 1938 ; a) échéances : « jusqu'à plus ample informé, je persiste à croire que l'Allemagne ne sera prête ni militairement, ni économiquement, ni moralement à affronter le risque d'une guerre mondiale en 1939 » ; par contre tout en poursuivant la mise au point de son organisation militaire, elle pourra employer la Wehrmacht à des actions ne comportant pas ce risque ; b) quant aux « directions » : expansion à l'Est (orientée d'abord vers la Roumanie) et couverture à l'Ouest reste l'hypothèse la plus probable ; l'intransigeance d'une France calme et sûre de sa force est la meilleure attitude possible, toute concession serait interprêtée maintenant comme un aveu de faiblesse et pourrait avoir les répercussions les plus graves (10 janvier 1939) ; tout porte à croire que l'Allemagne est dans une phase de préparation intensive et qu'elle veut, dès le printemps prochain, soit agir par surprise, soit « montrer sa force pour éviter de s'en servir » ; à l'Ouest, si le Fûhrer a cessé, provisoirement, de vouloir notre anéantissement, il souhaite toujours notre déchéance ; il obtiendrait ce résultat en procurant au Duce la maîtrise de la Méditerranée : après la liquidation de la question d'Espagne, on doit s'attendre à voir posée sérieusement la question tunisienne (17, 26 janvier 1939) ; divers indices montreraient que le moral de la nation allemande, « incontestablement très bas au cours de l'été 1938 », n'a guère été relevé par les succès politiques remportés en octobre 1938 ; contraintes et privations, menaces de complications à l'extérieur comme à l'intérieur, créeraient une atmosphère d'inquiétude (30 janvier 1939) ; rumeurs répandues dans les milieux S.A. de Berlin : après le 15 février prochain, date à laquelle la « mobilisation d'essai » actuellement en cours serait achevée, le chancelier Hitler mettrait les puissances intéressées en demeure de donner satisfaction à ses revendications coloniales (1er février 1939) ; l'armée allemande disposerait prochainement de trois catégories de chars (légers, moyens, lourds) dans ses divisions blindées (1er février 1939) ; conversation entre officiers britanniques et allemands : ceux-ci s'efforcent de persuader leurs interlocuteurs (comme on l'avait tenté en août 1938), que l'Angleterre n'a aucune raison de lier sa politique à celle de la France (2 février) ; expériences effectuées sur les fortifications tchécoslovaques pour améliorer les procédés d'attaque (7 février 1939) ; des décrets confient aux S.A., au corps automobile national-socialiste (N.S.K.K.) et au corps aérien national-socialiste (N.S.F.K.) la préparation militaire des futures recrues et l'entraînement des réserves instruites des trois branches de la Wehrmacht ; les événements de l'été dernier auraient montré que « l'éducation national-socialiste » était insuffisante ou nulle dans la Wehrmacht, et que le moral du peuple allemand n'était pas en harmonie avec les buts politiques du IIIe Reich (7 février 1939) ; malgré les nombreuses convocations de réservistes dans l'armée, aucun symptôme de préparatifs militaires graves n'apparaît encore en Allemagne (9, 14 février 1939) ; l'armée allemande souffre actuellement d'un déficit quantitatif et qualitatif de cadres sous-officiers, qu'elle s'efforce de combler et qu'elle ne peut plus cacher (13 février 1939) ; l'opposition sourde de certains cadres supérieurs à l'égard du parti national-socialiste a cessé à l'exception de quelques irréductibles-et le Fûhrer peut compter d'une manière absolue sur l'obéissance passive de son armée : depuis les succès que celui-ci a remportés en 1936 et 1938, le haut commandement ne peut plus exercer aucune influence sur les décisions de politique extérieure (15 février 1939) ; confirmation qu'une « mobilisation d'essai » aurait lieu au mois de mars (16 février 1939) ; déclaration du colonel Warlimont, chef du bureau des opérations : l'Allemagne, pour vivre, doit imposer d'une manière absolue sa suzeraineté économique à plusieurs pays de l'Europe centrale et orientale. « Warlimont me paraît avoir ce trait commun avec les officiers allemands de valeur, à savoir ce goût de la franchise brutale et du jeu cartes sur table qui se manifeste dans toutes les circonstances où l'autorité supérieure n'impose pas une discipline de silence ou une tactique de camouflage » (1er mars 1939) ; « aucun indice sérieux ne permet au poste de l'attaché militaire à Berlin d'admettre que l'Allemagne a pris au cours des dernières semaines des mesures militaires suspectes » (7 mars 1939) ; la main-d'œuvre et l'économie nationale allemande : pour réaliser ses plans grandioses, le IIIe Reich a, en quelque sorte, militarisé son économie ; cependant malgré l'organisation réalisée et la discipline imposée, l'Allemagne souffre actuellement d'une grave crise de main-d'œuvre, à laquelle ses dirigeants cherchent à remédier, non pas en modérant leurs visées, mais en imaginant des moyens nouveaux pour y satisfaire (8 mars 1939) ; la vassalisation de la Tchécoslovaquie pourrait être achevée cette année et même dès le mois de mars, si les actuels mouvements de troupe sont bien la préparation d'une marche concentrique sur Prague ; un renseignement de dernière heure « secret et sûr » fait prévoir « pour aujourd'hui » la mobilisation camouflée allemande et le danger de guerre à l'Est (14 mars 1939) ; le sort de la Tchécoslovaquie vient d'être réglé par un acte de cambriolage que, du point de vue technique, on ne saurait trop admirer. « La plupart de nos collègues étrangers ne se sont douté de rien » ; la science du camouflage et de la conservation du secret a atteint un très haut degré de perfection en Allemagne ; celle-ci va-t-elle marquer un temps d'arrêt dans son expansion militaire ? (16 mars 1939) ; conversation avec un collègue : il en ressort que la Pologne n'est pas rassurée sur l'avenir que lui réserve l'Allemagne ; elle est décidée à ne pas accepter un sort analogue à celui de la Tchécoslovaquie (16 mars 1939) ; composition détaillée d'une division blindée (16 mars 1939) ; situation économique : l'Allemagne ne dispose pas des réserves de matières et de vivres que le maréchal Goering avait indiquées bruyamment dans un récent discours, c'est pourquoi elle veut assurer son emprise économique sur la Hongrie et la Roumanie, et elle vise la région minière suédoise (20 mars 1939) ; enseignements tactiques de la campagne contre la Tchécoslovaquie (21 mars 1939) ; les industriels de la Ruhr sont très mécontents du régime actuel, ils perdent leur fortune, leur influence et leur autorité ; les plus mécontents souhaitent pour cette année une guerre générale, qui entraînerait la prise de pouvoir par l'armée, restée attachée aux institutions anciennes (21 mars 1939) ; normalisation dans l'industrie automobile : à partir du 1er janvier 1940, aucun véhicule neuf d'un type désormais interdit ne devra être livré sur le marché allemand (22 mars 1939) ; extension du réseau d'autostrades à l'Ouest (27 mars 1939) ; selon des bruits répandus dans les milieux nationaux-socialistes, des négociations seraient en cours entre Berlin et Varsovie pour la restitution au Reich du territoire de Dantzig et du Corridor ; ensuite viendra « la grande affaire » (etwas ganz gross) : elle aurait trait à l'Ukraine (28 mars 1939) ; préparation de la fête du 20 avril ; le commandement allemand cherche à donner une impression de détente ; ce qui paraît aujourd'hui le plus énigmatique, c'est ce qui se passe entre l'Allemagne et l'Italie (6 avril 1939) ; nouveau tour d'horizon : « J'ignore si, et quand, Hitler perdra la raison, mais si cela devait être dès maintenant, et qu'il prenne prochainement l'initiative de la grande aventure, c'est peut-être, en définitive, ce qui pourrait nous arriver de mieux ». En effet, le potentiel de l'axe croît, actuellement, plus vite que celui des puissances occidentales, l'apogée de la puissance militaire allemande devrait se situer entre 1940 et 1942, en pensant plutôt à 1940. Si un blocus efficace ne peut être organisé, nous serons obligés, pour conserver notre dignité et nos biens, de révolutionner complètement notre manière de vivre, d'adopter « à la mystique près, une organisation analogue au national-socialisme. Car lorsque l'Allemagne aura achevé de combler les lacunes qui constituent ses faiblesses d'aujourd'hui, il deviendra aussi difficile à une nation libérale de vivre à son contact qu'il l'est pour un pot de terre de voisiner avec un pot de fer » (11 avril 1939) ; les nominations successives (3 000 ?) de sous-officiers au grade de sous-lieutenant montrent la volonté du commandement de combler au plus vite des lacunes existant encore dans ses cadres d'officiers de l'armée active ; en conséquence des mesures seront prises pour faciliter le recrutement des cadres de sous-officiers (3, 17 mai 1939) ; étude des moyens à mettre en œuvre pour parer à un coup de main possible sur la Roumanie (12 avril 1939) ; « étude sur l'économie des pays de l'Europe du Sud-Est et du Nord considérée dans ses rapports avec le potentiel militaire allemand », dans une guerre avec les puissances occidentales alliées de la Pologne, les trois centres vitaux pour l'Allemagne seraient : la Suède, productrice de minerais de fer-la Roumanie, très riche en pétrole, sans lequel l'aviation et les armées motorisées de l'Allemagne seraient immobilisées-la Yougoslavie dont la bauxite paraît indispensable à la fabrication des avions allemands (12 avril 1939) ; informations sur les troupes parachutistes formées à une action conjuguée avec les divisions motorisées et blindées ; pour permettre l'embarquement de ces formations spéciales, des terrains auraient été aménagés dans les régions frontières, particulièrement au voisinage de la frontière germano-suisse (13 avril 1939) ; résumé des impressions après la parade du 20 avril : il faut admirer l'application et la modestie des exécutants ; c'est en cette abnégation générale que réside principalement la force considérable de l'Allemagne ; l'accent a été mis sur la motorisation, les chars impressionnent par leur mobilité et la puissance de leur armement ; par comparaison avec les impressions ressenties un mois auparavant, lors du retour de Prague, la cote du régime est en hausse dans la population berlinoise (23 avril 1939) ; renseignements sur l'organisation des divisions légères, régiments de chars et infanterie de l'air de la Wehrmacht ; ces unités sont dotées d'armes automatiques nombreuses et de lance-grenades légers et moyens (23 avril 1939) ; conversation avec un collègue yougoslave sur l'état des relations germano-yougoslaves (3 mai 1939) ; l'artillerie de campagne est dotée d'un matériel et de munitions excellents, ses procédés de tir et de combat sont remarquablement mis au point. Le matériel de 105 allemand paraît plus redoutable que bien d'autres choses dont on parle plus souvent, par exemple les chars (12 mai 1939) ; le voyage de Hitler, qui inspecte la zone fortifiée de l'Ouest, poursuit un double but : se rendre compte des progrès réalisés depuis l'automne 1938, faire un geste politique qui serait le prélude d'une manœuvre diplomatique importante dirigée contre la Pologne (17 mai 1939) ; l'intention allemande, dévoilée par un informateur secret, de déclencher par surprise avant le mois d'août une attaque enveloppante par le Nord et par la Suisse contre la France, ne doit pas être rejetée comme invraisemblable ; ce renseignement doit au moins nous inciter à redoubler de vigilance (22, 23 mai 1939) ; des petits faits, « quoi-qu'en général impondérables » ont éveillé ces derniers temps l'attention de l'attaché militaire : « mon sentiment est qu'il y a quelque chose dans l'air... L'atmosphère de l'Allemagne, malgré le calme relatif des journaux, est moins sereine qu'elle ne l'était il y a deux mois » (29 mai 1939) ; note de synthèse sur l'organisation de la Wehrmacht et notamment du haut commandement, avec brève notice sur les personnalités militaires ; en conclusion : « ce qu'ils sont parvenus à réaliser, grâce à leur patient labeur et malgré leur intelligence un peu courte, nous serons peut-être obligés un jour de l'improviser sous la pression de la nécessité ; sans doute obtiendrons-nous alors des résultats brillants... N'oublions pas toutefois la fable du lièvre et de la tortue » (31 mai 1939) ; l'attaché militaire se plaint de ne pouvoir disposer, dans l'atmosphère d'hostilité latente qui entoure le poste à Berlin, ni d'un coffre sûr, ni d'un chauffeur-garçon de bureau et de courses, qui soit Français et de toute confiance (5, 13 juin 1939) ; la transformation en cours des divisions légères indique, de façon presque certaine, que l'armée allemande disposera très prochainement de dix divisions blindées (12 juin 1939) ; d'après une déclaration de l'ingénieur Todt, les trois positions successives de la zone fortifiée de l'ouest seraient achevées en septembre (12 juin 1939) ; « un grand pessimisme » régnerait, depuis quelque temps, dans les milieux nationaux-socialistes plus ou moins responsables de l'approvisionnement de l'Allemagne en produits alimentaires et en matières premières ; les stocks de minerais de fer ne pourraient alimenter son industrie que pendant quelques semaines (21 juin 1939) ; « échéances » : à quel moment pourrait se produire la prochaine pression militaire allemande ? Selon diverses sources, notamment américaine, aucun événement grave ne se produirait avant le mois d'août (22 juin 1939) ; notices sur diverses personnalités militaires allemandes (26 juin 1939) ; le gouvernement espagnol ne paraît nullement décidé à se laisser entraîner aveuglément dans le sillage de la politique germano-italienne ; aucun accord militaire ne semble avoir été conclu jusqu'à ce jour entre Berlin et Madrid (29 juin 1939) ; indices d'activité militaire anormale : mouvements de colonnes motorisées vers l'Est (29 juin 1939) ; déclarations d'une haute personnalité militaire : « le gouvernement allemand est formellement décidé à obtenir satisfaction de tous ses droits... Il fera tout ce qu'il faut pour gagner la partie et se servira à cette fin des « poucettes » (Daumenschraube) contre les nations occidentales » (29 juin 1939) ; situation générale au 21 août : la Pologne est menacée, et l'action peut être déclenchée dès la fin de cette semaine ; la seule mesure efficace pour aider la Pologne serait un blocus immédiat de l'Allemagne ; la conclusion du traité de non agression germano-russe prouve une fois de plus que le temps travaille pour l'Allemagne et qu'il faut agir vite (22 août 1939).
- [Dossier 1] Correspondance diverse expédiée par l'attaché militaire contenant des renseignements à caractère confidentiel sur des informateurs ou provenant de ceux-ci, concernant notamment l'armée allemande.
- Minute de la correspondance expédiée par l'attaché militaire relative à la réorganisation de l'armée allemande : renseignements d'ordre technique.
- Correspondance générale reçue par les attachés militaires
- 2 Documentation générale de la section allemande
- 3 Renseignements sur l'armée allemande
- 4 Personnel
- 1 Rapports des attachés militaires
- ALLEMAGNE
- État-Major des Armées, Directions et Inspections, Gouvernement militaire et région de Paris
Dernière modification le 24/12/2021
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