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Notice d’archives

[Dossier 1] Rapports et correspondance de l'attaché militaire relatifs à l'année 1927. Compte rendu des visites officielles d'arrivée effectuées par le général Tournès : conversation, le 12 avril 1927, avec Streseman, qui lui déclare : « l'armée allemande n'est pas seulement une armée faible par le nombre, elle l'est surtout parce qu'elle n'a rien de moderne », ni artillerie lourde, ni chars d'assaut ; le service à long terme imposé à l'armée allemande est aussi pour elle « une source de difficultés sérieuses », il faut revenir au service obligatoire d'un an ; l'accueil réservé par le général Heye, successeur du général von Seeckt à la tête de la Heeresleitung, est beaucoup plus froid (17 avril 1927) ; représentation du film der Weltkrieg (avec une notice illustrée) : indifférence du public à Berlin, où l'opinion est en général orientée à gauche (28 mai 1927) ; article de presse résumant un projet élaboré par le Reichswerhrministerium en vue de réorganiser l'armée (2juillet 1927) : relations germano-britanniques : envoi en Grande-Bretagne d'une véritable mission militaire, l'attaché militaire britannique semble avoir reçu des instructions lui prescrivant de rétablir des relations cordiales avec les autorités militaires allemandes (7 juillet 1927) ; la présence des experts et notre intransigeance, opposée à la manière britannique, risquent de nuire à notre intérêt, il vaudrait peut-être mieux être arrangeants sur certaines questions en litige de façon à être fermes sur les questions importantes (7 juillet 1927) ; les Allemands ne comprennent pas, ou feignent de ne pas comprendre, que la com-mission de contrôle puisse se survivre dans la personne des experts, d'autant que les experts italien et britannique partagent leur point de vue (7 juillet 1927) ; l'armée semble avoir disparu de la vie extérieure, publique et officielle de l'Allemagne ; une éclipse aussi complète est suspecte, elle donne l'impression d'une volonté arrêtée de dissimuler l'armée allemande, sans doute pour donner à croire aux étrangers que l'Allemagne est totalement désarmée (7 juillet 1927) ; articles de presse relatifs à la nomination d'attachés militaires et navals allemands à l'étranger, opposant le refus français à ce propos à l'acceptation britannique et italienne ; il y a du côté militaire britannique « une intention arrêtée d'être agréable à l'Allemagne », l'Italie aussi semble « en coquetterie » avec elle ; le « Vorvarts » prétend que l'Angleterre se rapproche de l'Allemagne pour enrôler cette puissance dans une ligue contre la Russie (8 juillet 1927) ; fête du 2 octobre en l'honneur des 80 ans du maréchal Hindenburg (4 octobre 1927) ; l'Allemagne a une armée-cadres de 200 000 hommes, mais pas de réserves, le problème en 1935 au plus tard ne comportera plus de solution acceptable ; aussi vise-t-elle à modifier le systéme militaire imposé par le traité de Versailles, en montrant qu'on n'a pas tenu les promesses de désarmement général et que la France, surtout, continue à s'armer à outrance (5 octobre 1927) ; note au sujet de la thèse allemande sur la limitation des réserves instruites : le but que vise l'Allemagne est de réduire notre puissance de mobilisation (14 octobre 1927) ; le général Heye est suspect à tous les partis de droite et beaucoup d'officiers allemands, restés monarchistes, n'oublient pas sa part déterminante dans la fuite du Kaiser : le 8 novembre 1918 il a déclaré que « l'armée ne marcherait pas contre l'ennemi de l'intérieur sous la conduite des anciens princes » (31 octobre 1927) ; la propagande politique au cours des manœuvres de 1927 : le but de celles-ci est de montrer la Reichswehr, de rapprocher le soldat du cultivateur, de l'homme du peuple ; en outre la propagande reprenant constamment le thème du désarmement unique, imposé à l'Allemagne par le traité de Versailles, ne saurait que faire revivre l'esprit de guerre et surexciter le désir de revanche (3 novembre 1927) ; enseignements tactiques à tirer des manœuvres de 1927 : les Allemands persévèrent dans la voie où ils se sont engagés, ils préparent troupes et cadres aux problèmes de la guerre de mouvement ; cette tactique de mobilité est excellente pour la formation du chef, elle exige des qualités d'intelligence et de caractère qui ne sont pas réclamées au même degré par le thème tactique français (3 novembre 1927) ; l'attaché militaire ne peut à lui seul établir pour l'organisation militaire allemande un bilan aussi complet et aussi varié que celui défini par la D.M. du 18 mars 1922 ; par contre, il peut pénétrer les courants d'opinion qui peuvent avoir une répercussion sur cette organisation, et il donnera des informations sur les élections ou les finances allemandes (30 novembre 1927) ; propagande antifrançaise de la « Kriegskunst » (revue publiée sous l'inspiration directe du Reichswehrministerium) dénonçant les supplices et mauvais traitements qui seraient infligés aux prisonniers allemands, notamment par nos troupes indigènes (2 décembre 1927). [Dossier 2] Rapports relatifs à l'année 1928. Malgré la campagne de presse de gauche contre le Reichswehrministerium entièrement inféodé aux partis de droite, il semble que celui-ci reste dans l'Allemagne d'aujourd'hui la puissance essentielle, le véritable moteur de la politique allemande (5 janvier 1928) ; la presse française a lancé la thèse facile des deux Allemagne, la bonne Allemagne aux intentions pacifiques, celle des partis de gauche, et la mauvaise Allemagne aux intentions guerrières, celle des partis de droite : « N'y aurait-il pas plutôt une seule Allemagne, mais une Allemagne à deux visages : l'un souriant serait tourné vers l'extérieur ; l'autre respire la haine et la vengeance, c'est celui de l'Allemagne intérieure qui prépare les luttes à venir » (janvier 1928) ; la désignation du général Groener comme ministre de la guerre est essentiellement l'œuvre du maréchal Hindenburg, il poursuivra avec plus d'habileté que son prédécesseur l'œuvre entreprise par le général von Seeckt (25 janvier 1928) ; situation financière de l'Allemagne (6 février 1928) ; en s'appuyant sur un ouvrage du Service historique français, la presse allemande parle d'un projet que nous aurions eu, avant la guerre de 1914, de violer la neutralité suisse en nous emparant de la gare allemande de Bâle (20 février 1928) ; les prochaines élections seraient marquées par un succés de la gauche, le social-démocrate allemand n'est, en politique, ni un rêveur, ni un révolutionnaire, c'est un réalisateur ; un gouvernement de gauche nous réclamera aussi énergiquement qu'à droite l'évacuation de la Rhénanie et la faculté d'augmenter l'armée (fin février 1928) ; développement d'une propagande cinématographique habilement menée par les nationalistes, qui atteint profondément la masse, mais les électeurs allemands sont mus avant tout dans leurs votes par le souci de leurs intérêts matériels (7 mars 1928) ; conférence du général von Seeckt sur l'armée de l'avenir (10 avril 1928) ; réflexions sur l'évolution des relations germano-russes, à propos de la nomination d'un nouvel attaché militaire russe à Berlin : les partis de droite allemands se sont toujours appuyés sur la Russie dans leur politique contre la France, au contraire les sociaux-démocrates, dont les pires ennemis sont les communistes, « font preuve vis-à-vis de Moscou d'une véritable animosité » (31 mai 1928) ; les élections du 20 mai 1928, marquées par un succès de la gauche entraîneront une évolution sensible de la politique allemande dans l'ordre intérieur comme dans l'ordre extérieur : « Elles nous assurent, selon toutes probabilités, une période de quatre années où l'Allemagne ne se lancera pas dans une aventure guerrière » (31 mai 1928) ; le général von Seeckt reprend dans ses articles des thèmes déjà développés par lui, notamment sur l'armée française où l'abondance du matériel aurait pour but de pallier les déficiences du moral ; renseignements sur la carrière du général (9 juillet 1928) ; étude sur l'aviation allemande (17 septembre 1928) ; plaintes allemandes contre un discours du général Guillaumat, campagne de toute la presse allemande pour obtenir l'évacuation immédiate et sans com-pensation de la Rhénanie (17 septembre 1928) ; admission des hommes de troupe dans le corps des officiers (30 octobre 1928) ; le haut commandement de l'armée allemande (fin 1927-fin 1928) : Hindenburg, Groener, Heye, Seeckt. Ce dernier reste l'inspirateur, le maître ; il a lancé un appel à la confiance en la renaissance de l'armée allemande, au moment où l'adoption en France du service militaire d'un an est considérée comme le signe de notre abdication militaire (31 octobre 1928) ; exposition internationale aéronautique à Berlin : les Allemands ont plusieurs années d'avance sur nous dans le domaine des appareils de transport à grande distance (30 octobre 1928) ; voyage de personnalités militaires allemandes en Espagne : il aurait pour but de resserrer encore les liens, déjà étroits, entre les armées espagnole et allemande (13 novembre 1928) ; propagande du général von Seeckt pour le réarmement de l'Allemagne : il a provoqué un mouvement de l'opinion publique en faveur d'une augmentation de la puissance militaire allemande (15 novembre 1928) ; la crise parlementaire et ministérielle provoquée par la question du croiseur cuirassé semble maintenant résolue ; elle montre l'influence considérable du Reichswehrministerium et du général Groener : « Groener souffia sur le Reichstag, qui n'osa plus rien dire » (16 novembre 1928) ; progrès considérables et concentration dans l'industrie automobile allemande (17 novembre 1928) ; manœuvres du 14e R.I. : les thèmes des exercices ont été empruntés uniquement à la guerre de mouvement, avec étude du combat de rencontre, franchissement d'une rivière sous la protection d'un brouillard artificiel (20 novembre 1928) ; la mission militaire allemande en Espagne aurait pour objet principal de faire adopter par l'armée espagnole un matériel d'artillerie Krupp entièrement nouveau (26 novembre 1928) ; des relations étroites se maintiennent entre le Reichswehrministerium et l'état-major russe sans qu'on puisse dire jusqu'à quel point est poussé, entre les deux puissances, l'entente militaire.(26 novembre 1928) ; entretien avec le général Heye : les questions qui, en définitive, divisent la France et l'Allemagne, sont : le soutien français à la Pologne, le règlement financier (« l'Allemagne ne peut pas payer »), l'occupation de la Rhénanie (30 novembre 1928) ; exercices militaires pratiqués par des associations politiques d'extrême droite (hitlériennes) : ces agissements sont favorisés par la forte proportion (50 %) parmi les fonctionnaires de haut rang prussiens, de monarchistes, populistes et nationalistes hostiles au régime actuel et provenant sans doute des cadres en activité avant la révolution de 1918 (10, 14 et 26 décembre 1928) ; la presse allemande manifeste de l'inquiétude devant l'éventualité d'un conflit polono-russe, qui pourrait entraîner une conflagration générale dans l'est européen, mais l'Allemagne ne pourrait-elle y trouver une occasion de récupérer le corridor et peut-être d'autres territoires perdus à sa frontière de l'Est (14 décembre 1928) ; dénonciation de la fabrication illicite d'obus à gaz par des députés communistes, qui déposent sur la tribune du Reichstag un gros obus à gaz (14, 21 décembre 1928 et 6, 23 février 1929) ; la ligue des officiers allemands manifeste publiquement son hostilité à la constitution légale du Reich ; il est probable que le maréchal Hin-denburg ne démissionnera pas de cette ligue, pas plus qu'il n'a abandonné le Stahlhelm (19 décembre 1928) ; manifeste du parti socialiste relatif aux pro blèmes de la défense nationale : il réclame le désarmement général et, si les pays étrangers s'y refusent, la faculté pour l'Allemagne de se pourvoir d'un armement équivalent à celui de ses voisins ; au total, en matière de politique extérieure et à la forme près, un programme qui n'est pas différent de celui des « deutsch-nationaux » (28 décembre 1928).

Dates

1914-1928

Dernière modification le 24/12/2021

Format Physique Vincennes