Votre ancêtre... a vu du pays grâce à l'armée

Votre ancêtre était... dans les troupes coloniales ou les troupes de marine

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les troupes de la marine, infanterie et artillerie, plusieurs fois réorganisées sous différents noms (compagnies franches de la marine, corps royal  d’infanterie et d’artillerie de marine...), servent sur les navires, dans les ports et aux colonies. Parallèlement, les différentes colonies disposent d’unités spécialisées.

L’ensemble de ces unités est regroupé au fil du XIXe siècle dans les troupes de marine, lesquelles comprennent :

  • Un corps d’artillerie (avec des ouvriers et des armuriers).
  • Un corps d’infanterie auquel appartiennent les compagnies de discipline, les tirailleurs d’Afrique et d’Indochine et les cipahis de l’Inde.

Relevant du ministère de la Marine, les troupes de marine deviennent en 1900 troupes coloniales, rattachées à l’armée de Terre et donc au ministère de la Guerre.
En 1958, elles deviennent troupes d’outremer, puis en 1961 redeviennent troupes de marine, sans changer de rattachement.
Cette évolution explique l’éclatement des archives entre les fonds de la Marine, des Colonies et de l’armée de Terre et entre plusieurs localisations.

Matricules, revues et contrôles

On trouvera :

  • Aux Archives nationales (sous-série Marine C3) des matricules, revues et contrôles pour les troupes de marine de l’Ancien Régime, les plus anciens datant de la fin du XVIIe siècle.
  • Aux Archives nationales d’outre-mer à Aix-en-Provence (voir l’annexe « Sélection d’adresses utiles ») (série D) l’équivalent pour les troupes coloniales de la même époque.
  • Dans les deux cas, les archives s’étendent parfois jusqu’au début du XIXe siècle.
  • Au SHD-Vincennes :
    • Les contrôles d’officiers, toutes époques confondues, dans la sous-série  GR Yb, avec l’armée de Terre.
    • Les contrôles de troupes, notamment dans la sous-série GR 43Yc ceux de l’infanterie et de l’artillerie de marine pour 1785-1902 (pour la période postérieure à ces contrôles, suivre les mêmes principes que pour le personnel de l’armée de Terre, voir aussi à « Votre ancêtre était... militaire originaire des colonies »).
    • Divers autres documents nominatifs dans la sous-série MV CC3, en particulier des dossiers individuels de tirailleurs africains et indochinois proposés pour des décorations au XIXe siècle (MV CC3 1082), des matricules et contrôles d’ouvriers d’artillerie 1766-1894 (MV CC3 2744-2949), et une matricule de l’infanterie de marine 1832-1839 (MV CC3 2950-2962, double  partiel de GR 43Yc 285-298).
  • Au SHD-Toulon (série MT N), des matricules et contrôles d’unités casernées dans ce port aux XVIIIe et XIXe siècles.

Au-delà des seules troupes coloniales, le SHD-Pau détient le fichier de tous les personnels passés par la base de Saïgon pendant la guerre d’Indochine.

Dossiers individuels

On trouvera au SHD-Vincennes, dans les mêmes conditions que pour l’armée de Terre, les dossiers de carrière d’officiers généraux et d’officiers supérieurs et subalternes ainsi que les dossiers de pensions (GR Y). Pour en savoir plus, voir à « Votre ancêtre était... officier dans l’armée de Terre... », rubrique « Les dossiers d’officiers ».
Les séries Marine C7 des Archives nationales (pour l’Ancien Régime) et MV CC7 du SHD-Vincennes (de la Révolution à 1900) peuvent contenir des dossiers individuels d’officiers mais aussi de personnel non officier, dans les mêmes conditions que pour les marins de l’État.
Enfin, tout personnel ayant servi aux colonies peut avoir un dossier aux Archives nationales d’outre-mer, séries E (pour l’Ancien Régime ; les dossiers sont numérisés et consultables sur le site des ANOM) et EE (après la Révolution).

À noter

Les zouaves font partie des troupes coloniales, mais les zouaves pontificaux, corps de volontaires au service du pape créé en 1860 et dissous en 1870, n’appartenaient pas à l’armée française. Ils sont à rechercher aux Archives secrètes du Vatican.

Votre ancêtre était... militaire originaire des colonies

En plus des documents spécifiques aux troupes coloniales ou de marine, les militaires originaires des anciennes colonies sont repérables dans les archives du recrutement, tenues dans les mêmes conditions que pour la métropole : registres matricules puis (après 1945) dossiers individuels.

Un tableau figurant en annexe indique la localisation des archives selon les territoires et les périodes. De manière plus détaillée :

Outre-mer

Les matricules des citoyens français nés dans l’actuelle France d’outre-mer et soumis à la conscription sont, pour la période la plus ancienne, aux Archives nationales d’outre-mer (ANOM) à Aix-en-Provence (voir la page Sélection d’adresses utiles) : Guyane (classes 1891-1914), la Réunion (1889-1918), Mayotte, ainsi que l’ensemble des Comores (1903-1918), Saint-Pierre-et-Miquelon (1901-1925), Polynésie française (1894-1917), Nouvelle-Calédonie (1901-1904). À l’époque où elles étaient situées à Paris, les archives d’outre-mer comprenaient aussi des matricules de Martinique et Guadeloupe, signalées dans l’État général des fonds des Archives nationales publié en 1980, qui depuis ont été reversées aux archives de ces départements.
Pour la période plus récente : à la différence de ce qui se pratique dans les départements  métropolitains, les documents ne passent pas par le SHD-Pau : l’administration locale du service national les verse sur place au service d’archives compétent.

Exception

Les matricules de Saint-Pierre et Miquelon, traitées par le bureau du service national de Paris, sont versées par le SHD-Pau aux Archives de Paris et de l’ancien département de la Seine, dans les mêmes conditions que pour un département métropolitain.

Anciens protectorats et colonies 

Algérie

Les archives concernant les Français (d’origine ou naturalisés) soumis à la conscription sont versées par le SHD-Pau aux ANOM, en principe 90 ans après la naissance des intéressés.
Les ANOM conservent actuellement (en 2013) les matricules depuis les classes 1860 (Alger), 1858 (Oran), 1867 (Constantine) jusqu’à la classe 1940, 1941 étant en cours de reversement*.
Les archives concernant les indigènes non citoyens français, engagés volontaires puis, à partir de 1912, conscrits, sont conservées de manière définitive au SHD-Pau.

* Il est à noter que le délai d’utilité administrative est récemment passé de 92 à 90 ans.

Par ailleurs, les services pendant la guerre d’Algérie en tant que harkis et autres catégories de supplétifs (groupes mobiles de police rurale, GMPR, groupes mobiles de sécurité, GMS, moghaznis chargés de la protection des sections administratives spécialisées, SAS) sont à rechercher au Service central des rapatriés (SCR) à Agen. Des dossiers de personnel des GMPR et GMS ont été versés par le ministère de l’Intérieur aux Archives nationales. 
Les ANOM détiennent les dossiers des SAS dans les départements d’Alger et Constantine (manque celui d’Oran), classés par section.

Maroc et Tunisie

Les archives concernant les appelés de nationalité française sont versées par le SHD Pau au Centre des archives diplomatiques de Nantes (CADN), 90 ans après la date de naissance des intéressés. Ainsi vous trouverez au CADN (actuellement en 2013) les registres matricules des appelés français domiciliés à l’âge de 20 ans dans les communes des territoires tunisiens, série 8TU (123 articles de 1905 à 1940) et marocains, série 7MA (65 articles de 1913 à 1940). Les matricules de l’année 1941 sont en cours de reversement. Vous trouverez également dans les archives de la chancellerie de Tunisie (série 1TU) 28 registres de recensement (1TU/500/155-182) couvrant la période 1910 à 1959 se rapportant à des Français musulmans d’Algérie, ainsi que des dossiers de recensement des Algériens juifs ou musulmans non naturalisés (1TU/500/183-206) pour la période 1910-1949. Il s’agit des Algériens nés ou domiciliés en Tunisie. Pour les indigènes marocains ou tunisiens et autres résidents non naturalisés, chercher au SHD-Pau.

Pour tout autre territoire, de la fin du XIXe siècle jusqu’aux indépendances :

Les ANOM détiennent les matricules les plus anciennes pour les Français d’Afrique subsaharienne (classes 1893-1917 et 1934-1935), Madagascar (1889-1918), Inde et Indochine (1897-1909). Pour la période plus récente, consulter les Archives de Paris, ville où se trouvaient les bureaux du recrutement extérieur : elles reçoivent des versements du SHD-Pau selon la règle des 90 ans. Pour les indigènes et autres résidents non naturalisés, chercher au SHD-Pau.


Le SHD-Pau détient aussi :

  • Une série (lacunaire) de registres matricules de régiments nord-africains, de la fin du XIXe siècle à 1939 ;
  • Le fichier des soldats nord-africains, africains, malgaches, indochinois, venus combattre en métropole pendant la Seconde Guerre mondiale. Il est classé par numéro matricule : si l’on ne connaît pas ce dernier, il faut donc d’abord le rechercher dans les registres de recensement.

Enfin, rappelons l’existence au SHD Vincennes de la sous-série GR 13Yf Troupes coloniales et ressortissants de l’Afrique du Nord, militaires du rang et sous-officiers (1850-1950), dont actuellement (en 2013) une partie est inventoriée et l’autre en cours de classement.
 

Pour la marine

Des registres matriculaires de marins de l’État étaient tenus dans les colonies de la même façon qu’en métropole. Ils ont été répartis entre les antennes portuaires du SHD : on trouvera à Brest (série MB M) les registres de Dakar et Fort-de-France (1869-1930), à Toulon (série MT M) ceux d’Afrique du Nord (1899-1950) et d’Indochine (1908-1954). Pour la période postérieure, voir le Bureau maritime des matricules (BMM) à Toulon.
 

Pour les marins de la pêche et du commerce

On trouvera des archives de l’inscription maritime aux colonies, très lacunaires : 

  • Au SHD-Toulon (série MT P) archives d’Algérie (matricules 1854-1955, rôles d’équipage 1850-1934), rôles de Saïgon (1912-1963), Haïphong (1913-1955), Diego Suarez (1941-1961) ;

  • Dans les archives du quartier de Bordeaux conservées au SHD-Rochefort (sous-série MR 16P), quelques documents sur le Maroc et l’Afrique subsaharienne au XXe siècle, en particulier rôles d’Abidjan 1952-1964.


Pour l’armée de l’Air

Notons l’existence à Vincennes de la sous-série AI 2P Personnel militaire autochtone d’Afrique du Nord. 
 

Pour la gendarmerie

Le SHD détient dans les « dossiers africains » environ
9 500 carnets de notes d’auxiliaires de gendarmerie hors métropole pendant la période coloniale, classés par pays et ordre alphabétique.

 

Votre ancêtre était... étranger

On retrouve dans les fonds du SHD de nombreuses ressources sur les étrangers dans l’armée française et ce à différentes époques.

Invalides

Parmi les militaires admis à l’hôtel des Invalides on trouve beaucoup d’étrangers : Suisses, Irlandais, Allemands, Italiens, Espagnols et des Autrichiens.

Ancien Régime

Les registres matricules des régiments suisses sont conservés dans la sous-série GR 15Yc (1722-1792).
Les archives administratives sur les gardes suisses conservés dans la sous-série GR Ya peuvent contenir des renseignements individuels. On consultera aussi la sous-série GR Xg sur les différentes unités suisses au service de la France, de 1705 à 1830.

Révolution et Premier Empire

Les Belges, les Italiens, les Allemands et les Hollandais qui habitaient dans les départements réunis à la France pendant la Révolution et l’Empire ont été soumis à la conscription et ont servi dans les régiments impériaux. Le SHD conserve à Vincennes les contrôles de ces régiments, mais pas d’archives du recrutement analogues à ce qui existe dans les archives départementales de la France actuelle.

Sur l’inscription maritime pour cette période (voir « Votre ancêtre était... marin de la pêche ou du commerce »), le SHD conserve quelques rares archives de Belgique, de Hollande (SHD-Vincennes, sous-série MV CC4) et de Livourne en Italie (SHD-Toulon, sous-série MT 5P).

En revanche, le Service historique ne détient pas les contrôles des soldats des pays alliés qui ont combattu aux côtés de l’armée napoléonienne. On consultera prioritairement à Vincennes la sous-série GR Xl se rapportant aux contingents d’Espagne, d’Italie, de Naples, de la Confédération du Rhin, de Pologne, ainsi qu’à certaines troupes qui n’ont pas été constamment à la solde de la France, ou qui étaient classées parmi les troupes auxiliaires, ou dans la composition desquelles n’entrait aucun Français. On trouve également dans cette sous-série des dossiers individuels de réfugiés politiques, notamment des Polonais.

Dans la sous-série GR Xh sont regroupées les unités au service de la France constituées de déserteurs ou de sujets étrangers, de l’an VII à 1815 ; on y trouvera les archives des bataillons italiens, allemands, des pionniers noirs et pionniers blancs (Autrichiens) ainsi que la légion hanovrienne, etc.
Par ailleurs, dans la sous-série GR Yj, il existe des archives sur les prisonniers de guerre étrangers au XIXe siècle (des guerres de la Révolution et de l’Empire jusqu’à celle de 1870), et en particulier des dossiers (lacunaires) sur les prisonniers du Premier Empire,  essentiellement des Anglais et des Espagnols. Pour la période 1811-1816, des sources sur les bataillons de prisonniers espagnols qui ont notamment été employés à des travaux dans des ports sont conservées dans la sous-série GR Xe (articles 206-213).

À noter

La série GR X ne contient pas systématiquement de renseignements sur les individus.

Légion étrangère

Créée le 9 mars 1831 sous Louis-Philippe, la Légion étrangère permet l’intégration d’étrangers dans l’armée française.

Comme pour les officiers de la gendarmerie ou pour ceux de l’armée de l’Air qui ont cessé leur activité avant 1934, les dossiers des officiers de la Légion étrangère sont conservés dans les archives de l’armée de Terre (sous-séries GR Yd Officiers généraux, GR Ye Officiers supérieurs et subalternes, GR Yf Pensions).

On peut également trouver les contrôles des officiers en sous-série GR 2Yb (registres GR 2Yb 2197 à 2213 et la fin du registre 2230) dès la création de la Légion en 1831 et jusqu’en 1922. Pour les XIXe et début XXe siècles, vous trouverez également dans les archives administratives des unités en série GR X :

  • Des dossiers sur la Légion étrangère qui remontent à sa création et notamment des procès-verbaux de prestation de serment (sous-série GR Xb) ;
  • Ainsi qu’un dossier sur l’organisation initiale de la Légion étrangère contenant des engagements individuels (GR Xs 335) saisi par les Allemands en 1940, puis par les Russes en 1945 et récemment restitué à la France.

Pour les troupes, de 1831 à 1909, les contrôles les plus anciens sont dans la sous-série GR 34Yc (comme l’infanterie) et les plus récents dans la sous-série GR 48Yc, avec beaucoup de lacunes pour le début du XXe siècle. Si votre ancêtre légionnaire a servi après 1909, les registres matricules se trouvent à Aubagne au commandement de la Légion étrangère. Il est à noter que si votre ancêtre était un légionnaire français ou un légionnaire naturalisé français, son dossier est susceptible de se trouver au SHD-Pau. Il en va de même s’il faisait partie, pendant la Seconde Guerre mondiale, d’une des unités tchèques ou polonaises intégrées à l’armée française.


Prisonniers de guerre au XXe siècle

Le SHD-Caen conserve (sous-série AC 39N) un fichier des prisonniers de guerre allemands (dont quelques Alsaciens-Lorrains) et austro-hongrois de la Première Guerre mondiale, soit environ 500 000 fiches, avec des doublons. Pour les prisonniers de la Seconde Guerre   mondiale, on consultera les Archives nationales (voir en particulier La Seconde Guerre mondiale. Guide des sources conservées en France, 1939-1945. Paris, 1994, p. 26) et les archives des différents départements. 

A noter

Vous retrouverez également des renseignements sur les étrangers dans l’armée française dans les séries d’archives se rapportant aux militaires français. Ainsi et à titre d’exemple, la fiche de William Wellman, engagé en 1917 au titre de la Légion étrangère et versé dans l’aéronautique se trouve dans la sous-série AI 4P. Devenu cinéaste au lendemain de la Première Guerre mondiale il a notamment réalisé Wings (Les ailes) premier film oscarisé.

Votre ancêtre a… émigré sous la Révolution

Le SHD conserve à Vincennes, dans les fonds entrés par voie extraordinaire, les papiers Pinasseau cotés GR 1K 45. Ils comprennent les notes collectées par Jean Pinasseau sur les émigrés militaires dans de nombreuses institutions comme les Archives nationales, la Bibliothèque nationale, le British Museum, etc. Les cartons classés par corps sont accompagnés d’un fichier (25 000 fiches). Les notes accumulées par Jean Pinasseau lui ont permis notamment de publier L’émigration militaire. Campagne de 1792. Paris, 1957-1964, 2 volumes. L’ouvrage donne les références aux sources et concerne les officiers, sous-officiers et soldats.
On trouvera également dans les dossiers individuels des renseignements sur les officiers émigrés qui ont fait l’objet d’un reclassement sous l’Empire ou la Restauration.

À noter

Les dossiers des officiers généraux nommés en émigration sont conservés dans la sous série GR 28Yd.

Pour les officiers de la marine qui ont émigré, il faut également consulter la sous-série MV CC7 à Vincennes. Enfin, la sous-série GR Xu Armée des princes, armée de Condé, armées royales de l’ouest concerne aussi bien la chouannerie que les armées extérieures. Elle comprend 39 cartons contenant les dossiers, les états de personnels et les contrôles nominatifs qui ont servi à établir après 1814 une série de registres concernant l’avancement, les décorations, les retraites et un classement par arme.

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Dernière modification le 19/11/2019